Chapitre 8 : First kiss

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   Achille et moi patrouillons dans des ruelles adjacentes sans fin, comme si on était dans un labyrinthe. Je crois bien que nous sommes perdus. Sans compter qu'Achille est d'une humeur écrasante, on a pas échangé un mot de tout le trajet à pied, mais j'ai constatais que ces regards vis à vis de ma personne se font beaucoup moins discrets qu'avant. C'est comme si il se demandait pourquoi il se retrouve à vadrouiller avec moi. J'en viens même à me demander si lorsque on réalise une quête aussi dangereuse et improbable qu'un voyage dans le temps on n'en vient pas à perdre la mémoire et devenir fou ? je pense que j'ai la réponse devant les yeux.

   J'ai beau demandé à plusieurs patients si la gare est encore loin, tous m'affirment que non, mais j'ai l'impression que ça fait des jours qu'on marche. De plus, mon estomac hurle à la mort, de même avec celui d'Achille (il a beau être quelques pas derrière moi, je l'entends quand même).

  Soudain, je me rends compte que je n'entends plus les bruits de pas d'Achille et ne sens plus sa présence derrière moi. Je fais volte face et constate qu'il est allongé par terre entrain de dormir. Quel élégance ! Non mais j'hallucine, ce type a un vrai don pour me faire sortir la fumée des narines. Je m'approche vers lui d'une démarche sec et me baisse à sa hauteur :

-On peut savoir ce que tu fabriques ?

   Il ne me répond pas et continue sa petite sieste.

 -Ohé la belle au bois dormant, arrête ton cirque et lève toi, dis-je en le secouant légèrement avec mon pied. 

-  Me solum culus relinquatis.

   Non mais je crois rêver. Il se fiche de moi ?

- Je crois pas non, on a un long chemin à faire, ce n'est pas en glandant et en faisant la sieste qu'on va retrouver cette ampoule. Alors maintenant lève toi !

   Il ne bouge pas d'un centimètre, au contraire je vois ses lèvres s'étirer en un sourire moqueur. Bon, ça suffit, j'en ai plus que marre qu'il me tourne en ridicule depuis toute à l'heure. Me contrôlant plus, je me baisse et attrape un de ses bras et le relève de toutes mes forces. Ma réaction a eue l'air de le surprendre car j'ai observé un léger tressaillement. Sans réfléchir, je le plaque contre le mur et lui crie littéralement à la figure :

- Achille tu vas m'écouter maintenant, on a une quête à mener d'accord ? je sais que ça ne t'enchante pas, et croit moi je ne suis pas vraiment fan de toi non plus, tu sais pourquoi, tu es un sale petit prétentieux, qui a une trop grande estime de soi et qui se prend au dessus des autres, juste parce que monsieur a réussi à remonter le temps pour retrouver son premier âme sœur à qui il s'est amouraché, ouin ouin ouin. Mais je vais t'avouer un secret tu n'as pas ta place parmi nous, tu ne comprends pas tu es une anomalie ! tu crois sincèrement qu'on pourrait s'aimer dans une autre époque ! c'est pathétique, tu crois vraiment qu'après cette quête nous allons tomber fou amoureux, hein ? j'ai une femme et je vais bientôt être papa. Tout ça c'est e ta faute, dis-je en lui pointant un doigt accusateur. Alors si j'obéi aveuglement aux ordres de Chiron, c'est uniquement pour te remettre à ta place, et ne plus jamais te revoir !

   Je suis essoufflé tout d'un coup, j'ai la bouche pâteuse et sèche à force d'avoir crié. Je me recule de quelques pas. Il n'y a pas un bruit autour de nous, pas même un chat, seul le vent brise le silence. Achille quant à lui est comme figé sur plage, seul les quelques mèches de ses cheveux soyeux qui se soulèvent et le clignement de ses yeux me rappellent qu'il est toujours en vie. C'est comme si on l'avait gelé dans un froid éternel. 

   Wow, je ne pensais pas m'être autant énervé, ce n'est pas dans mes habitudes, du moins pas aussi fort. Ni l'un ni l'autre ne prononçons un mot. Je vois soudain ses yeux devenir humide, comme si il se retenait de pleurer. Ma réaction l'a temps touché ? je ne voulais pas être aussi dur et cru dans mes paroles, je crois bien que je suis parti trop loin cette fois.

   Je voudrais m'excuser mais aucun son ne sort de ma bouche. Alors pour m'excuser d'une autre manière, je m'avance vers lui prudemment, guettant un signe de désapprobation et le prends dans mes bras.

   Je ne sais pas comment décrire ce sentiment, c'est... agréable. Au début, je vois qu'il est surpris car il ne sait pas quoi faire des ses mains, puis après quelques secondes, il les pose délicatement dans mon dos et me le frotte doucement. Sa tête se pose au sommet de mon crâne. Nous restions comme ça pendant de longues secondes, je me sens plus en sécurité que jamais dans ses bras.

  Puis, je relève la tête et le contemple, il est juste magnifique. Je regrette aussitôt tout ce que je lui ai dit. Il n'est pas quelqu'un de mauvais, juste quelqu'un de perdu, une âme égaré. Un peu comme un mouton qui aurait perdu son troupeau. Je dois l'aider et mettre de côté nos différences.

   Lui aussi me contemple, un peu comme si j'étais une des sept merveilles du monde.

   Puis, je ne sais pas qui d'entre nous deux se décide de rapprocher pour réduire la distance qui nous sépare. Quelques secondes plus tard, ses lèvres se posent sur les miennes.

   

Remember Me PatrochilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant