Chapitre 4

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Diane

Dix minutes plus tard, nous arrivons au commissariat de Rennes. Celui-ci s'érige sur plusieurs étages et les deux agents nous conduisent jusqu'à une pièce défraichie occupée par deux bureaux avec des ordinateurs qui, si j'en crois leur allure, doivent encore marcher sous Windows 2003.

-Asseyez-vous là, mon collègue va venir s'occuper de vous, nous dit le policier avant de sortir du bureau.

Sans tergiverser, nous nous exécutons.

-Qu'est-ce qu'on va leur dire ? m'affolé-je auprès de ma meilleure amie.

-Toi, rien, laisse-moi parler.

La porte s'ouvre et mon cœur manque un battement lorsqu'un beau gosse entre dans le bureau et s'installe en face de nous. J'ai peine à croire qu'il sera notre bourreau. Le visage sculptural, des yeux ténébreux, la peau mate, ce type a tout d'un top model croisé avec un dieu grec. Je jette un coup d'œil à Math mais vu le regard acéré qu'elle lui lance, pas sûre qu'elle soit du même avis que moi.

-Mesdames, lieutenant Lasri, je suis chargé de vous interroger sur les faits de vandalisme qui vous sont reprochés. Vous avez le droit de garder le silence et de faire appel à un ou une avocate, des questions ?

-Non, répond Math.

Le policier rive ses iris noires vers moi et je sens mes joues s'empourprer. Merde, ça y est, mes phéromones sont en ébullition. Je suis en plein coup de foudre, faut pas que je le regarde ! Je hoche la tête en signe de non avant de baisser les yeux.

-Bien, nom et prénom, nous demande-t-il, ses mains parées à écrire sur son clavier.

-Donna Summer, répond Math du tac-o-tac.

Je la regarde, incrédule. Elle me balance alors un coup de coude pour m'inciter à répondre.

-Euh...

Céline Dion? Axelle Red? Annie Cordy ?

-Je...

Une chanteuse pas connue, pour qu'il ne soupçonne rien, n'importe laquelle ! Tiens la chanteuse que Papa adore !

-Joni Sledge ! dis-je avec un peu trop d'enthousiasme.

Le policier saisit sur son ordinateur sans tiquer. Bon, il est peut-être canon, mais il n'a pas l'air très futé.

-Sledge, ça s'écrit avec un L comme Laurent ? ajoute-t-il sur un ton bénin.

Je sens mon visage rougir de plus belle. Le policier me regarde avec des yeux inquisiteurs. Ok, donc pas si débile que ça, en fait. Bon, en même temps, ses collègues lui ont refilé nos cartes d'identité, donc pourquoi demander notre nom ?

-Euh, oui, c'est ça, dis-je, contrite.

Je sens Math à côté de moi lever les yeux au ciel. Je lui affiche une moue réprobatrice avant de reporter mon attention sur le lieutenant beau gosse.

-Vous avez toutes les deux été prises en flagrant délit de vandalisme, aujourd'hui vers 3 :00 dans les quartiers Blosnes, qu'est-ce que vous avez à dire à ce sujet ?

-C'était pas nous M'sieur l'agent, lance Math, par contre, on a vu deux types s'envoyer en l'air sur le parking à la vue de tout le monde, et ça, pour le coup, c'est pas très catholique !

-Ce n'est donc pas vous qui avez écrit « Pichon = gros-père » sur le mur de son entreprise ?

Math souffle d'exaspération avant de finalement céder :

-Pas gros-père, bon sang, gros pervers ! On a été interrompue avant d'avoir pu terminer !

Puis elle me tance en aparté :

Les Délurées - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant