Chapitre 8

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Zak

Après plusieurs jours de traque et une vive discussion avec mon chef, nous en concluons tous les deux que Diane Laurent n'est pas un profil à risque et que Massimo l'utilise certainement pour obtenir une source de revenu via le versement d'un loyer. Mon chef a suggéré qu'elle devienne notre indic. Même si je ne suis pas fan de cette suggestion, étant donné les risques que cela implique et que l'idée d'utiliser la jeune femme me répugne, je n'ai pas le choix. Notre enquête pour retrouver les braqueurs anonymes piétinent et il y a de fortes chances qu'elle puisse nous en dire plus sur son colocataire. Et puis c'est également une occasion de la revoir et qui sait, peut-être tisser un lien ? Je me décide donc de tenter une première approche pour tâter le terrain.

Tandis que mon équipe et moi sommes de nouveau postés en bas de leur immeuble, je la vois se diriger vers l'épicerie du coin et me décide à provoquer une rencontre. J'entre et je l'aperçois au rayon des céréales. Aujourd'hui, elle porte un débardeur blanc moulant et un jean troué qui lui donne une allure casual. Son turban, qui arbore des couleurs vives, lui va à ravir. J'attrape un panier à la volée et y balance un article au hasard. Je vois ma cible tenter de saisir un paquet de Chocapic mais comme elle est trop petite, j'en profite pour venir à sa rescousse.

-Comme on se retrouve, lui dis-je en saisissant la boîte de céréales pour le lui tendre.

La main de la jeune femme se fige et elle me regarde, surprise de me voir.

-Lieutenant Lasri?

-Vous pouvez m'appeler Zak, dis-je aussitôt.

-Euh... D'accord, Zak! Qu'est-ce que vous faites ici? Enfin je veux dire, il semble évident que vous faites vos courses, mais...

Son regard se baisse sur mon panier contenant l'article. Je découvre alors avec horreur qu'il s'agit d'un paquet de trois petites bouteilles de bourbon. Malheur ! Elle doit sûrement me prendre pour un flic en déperdition, quand bien même je ne bois aucune goutte d'alcool.

-Vous... vous habitez dans le quartier ? Enfin, je veux dire, non pas que ça me regarde. Et puis, j'imagine qu'un policier ne peut pas révéler ce genre d'informations... bref sinon, comment vous allez depuis... depuis...

-Depuis votre garde à vue?

-Oui, voilà ! dit-elle, contrite.

-Bien, beaucoup à faire.

-Oui, j'imagine.

Elle me regarde de ses yeux empathiques. C'est officiel, elle me prend vraiment pour un alcoolique. Certes mon métier n'est pas de tout repos et est plutôt ingrat mais je l'adore et je ne l'échangerai pour rien au monde. Je dois donc maintenant rattraper ma bourde. Sans transition, je lui lance :

-Vous connaissez le Café de la Place?

-Euh, oui.

-Venez, je vous y invite.

-Ah! Euh, d'accord !

Elle ne semble pas trop quoi faire de son panier de course avant de finalement se décider à passer en caisse, moi sur ses talons à dépenser 30 balles dans du bourbon que je ne boirais jamais.

Nous nous dirigeons ensuite vers la terrasse du café à quelques minutes de l'épicerie. Elle semble nerveuse, notre première rencontre n'ayant pas été vraiment propice à une entende cordiale. Pourtant, tout ce que je souhaite, c'est qu'elle soit à l'aise en ma présence. J'ai beau être flic et un peu brut de décoffrage, je n'en reste pas moins quelqu'un d'avenant et sans jugement. Une serveuse nous installe en terrasse et je nous commande deux cafés.

Les Délurées - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant