XIII - Un amour charnel

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Après une nuit qui fut courte pour les deux pilotes, Pierre finit enfin par se réveiller, une heure après son compagnon. Il pouvait sentir le souffle chaud d'Arthur caresser sa nuque, ainsi que sa poitrine collée contre son dos dévêtu. Il pouvait capter chaque battement de cœur de son conjoint. L'un des bras du plus jeune était venu se poser sur la hanche du plus vieux, et avec sa seconde main, le Monégasque effleurait les cheveux du Normand. Le contact de sa douce peau tiède donnait au Français des vagues de frissons qu'il appréciait très particulièrement. Leurs jambes nues étaient recouvertes par un drap blanc qui venait refléter la lumière du soleil pour illuminer la pièce de cette splendide lueur dorée. Arthur vint déposer un délicat baiser dans le cou de son partenaire, ce qui le fit tressaillir de plaisir.

Pierre se retourna pour faire face à Arthur, mais celui-ci changea de position et s'allongea sur le dos. Le Français déposa alors sa tête sur le torse du jeune homme, se colla un peu plus à lui, et passa l'une de ses jambes par-dessus les siennes. Du bout du doigt, il redessina les lignes parallèles des abdominaux du pilote et y déposa délicatement un baiser. Le Français observa longuement et avec précision le corps contre lequel il reposait et qu'il trouvait parfaitement constitué. Ses courbes si bien tracées, sa couleur si chaleureuse et accueillante, son odeur si plaisante à respirer, et sa peau si agréable à toucher. Mais la simple présence d'Arthur ne lui suffisait pas ; il lui fallait plus. Il se redressa alors pour se placer au-dessus de lui et lui déroba un baiser. Puis il y retourna pour cette fois l'embrasser langoureusement et avec passion. Leurs deux corps, l'un contre l'autre, fusionnaient pour ne former plus qu'un. Leur chaleur corporelle réchauffant la pièce, les deux hommes se laissèrent porter par leurs sentiments et ne se séparèrent que pour reprendre leur souffle, et y retournèrent immédiatement, celui-ci rétabli. Pris dans leur éternelle étreinte, ils en oubliaient totalement le monde extérieur, se sentant comme les deux rois de l'univers.

Mais ils furent vite extirpés de leur paradis lorsqu'un invité indésirable frappa à la porte de leur chambre. Il s'agissait de Charles, qui venait réveiller son ami Normand. En effet, Charles et Alexandra n'ayant réservé dans aucun hôtel, ils décidèrent de dormir au même endroit que les Français pour une question de simplicité. N'ayant aucune réponse, le Monégasque frappa de nouveau et lança :

« C'est l'heure de se lever Pierrot ! »

Pierre se précipita à la porte, qu'il n'ouvrit que de quelques centimètres pour ne faire passer que sa tête, dans le but d'empêcher Charles de voir l'intérieur de la pièce. Entre le lit complètement en désordre, ses vêtements et ceux de son compagnon éparpillés sur le carrelage, et tout simplement la présence d'Arthur.

« Ce n'est pas trop tôt ! Aller, dépêche-toi de te préparer, nous t'attendons pour le petit-déjeuner. Et as-tu des nouvelles de mon frère ? demanda le jeune homme. Je ne sais pas quel est son numéro de chambre et il ne répond pas à mes messages. »

Pierre sentit le stress grandir en lui, et son visage changea de couleur pour passer au rouge écarlate. Il n'avait en aucun cas envie que quelqu'un soit au courant de sa relation avec Arthur, encore moins que Charles soit le premier à l'apprendre. En soi, que tout le monde sache avec qui il est en couple n'est pas un problème, mais que le monde entier sache son orientation sexuelle est plus préoccupant. Pour le moment, la seule personne à qui il parlera de cette relation est Kika, en qui il a une totale confiance. Il répondit alors :

« Non, je n'ai aucune nouvelle de lui. Et désolé pour mon retard... Attendez-moi dans le hall. Je me dépêche et je vous retrouve rapidement. »

Sur ces mots, le pilote claqua la porte, ce qui clôtura leur brève discussion. Il se retourna et retrouva son compagnon, lui faisant face, assis sur le bord du lit. Il s'approcha de lui, s'abaissa pour être à son niveau, et l'embrassa. Mais avant même que leurs lèvres n'aient le temps de rentrer en contact, Arthur plaça sa paume de main sur le torse de Pierre et le repoussa légèrement. Le Français fut surpris par sa réaction et lui demanda pourquoi il agissait ainsi. Mais Arthur était contrarié par les paroles de Pierre.

« Je ne suis donc rien pour toi ? Je te fais à ce point honte pour que tu n'oses même pas en parler à mon propre frère ? »

Il récupéra ses vêtements qui gisaient sur le sol et prit la direction de la sortie. Mais il fut vite stoppé par le Normand qui lui attrapa le poignet.

« Tu ne me fais absolument pas honte. En réalité, j'ai honte de moi. Honte d'aimer les hommes, mais de ne pas réussir à le dire aux autres. »

Arthur fit demi-tour et serra fermement les deux mains de Pierre entre les siennes. D'un ton bas, il tenta de le consoler.

« Ne dis pas ça, tu es une personne incroyable... Je comprends que tu aies peur de le révéler, surtout quand on sait que le monde est cruel et que cela pourrait avoir des répercussions sur notre métier de pilote. Mais tu peux te confier à mon frère. Je suis certain que Charles ne le prendra pas mal si tu lui dis. Regarde-moi ! Je suis toujours vivant. Il ne m'a pas tué. Et ne t'inquiète pas, il ne le répétera pas. Je lui ai annoncé il y a plusieurs années, et il ne l'a jamais partagé avec qui que ce soit. Charles est une personne en or, comme toi, et j'aimerais beaucoup que tu lui parles. Je n'ai vraiment pas envie que nous cachions notre couple à nos familles.

- C'est bon ? Tu as terminé ton monologue ? répliqua Pierre en rigolant. »

Sans rien dire, le Monégasque lâcha les mains de son copain et lui fit deux doigts d'honneur en guise de réponse.

« Je rigole ! Tu connais le second degré ?! »

Et il le prit dans ses bras comme pour s'excuser. Arthur fit de même et les deux hommes restèrent dans cette position pendant quelques minutes, le temps de se calmer et d'évacuer le surplus de pensées négatives apportées par leur conversation. Quand ils se séparèrent enfin, Arthur lui lança :

« Préparons-nous pour le petit-déjeuner, nous sommes des hommes attendus. »

Il lui fit un clin d'œil, plus ou moins réussi, et rajouta :

« J'aimerais vraiment que tu en parles à Charles. »

Ils finirent enfin par se préparer et rejoignirent Charles, Alexandra et Kika dans le hall de l'hôtel, à quelques minutes d'intervalle pour ne pas éveiller les soupçons sur leur couple. Le groupe d'amis passèrent toute la journée ensemble, et ils recommencèrent le lendemain, et le surlendemain, ce qui devint une habitude. Tous les jours, ils se retrouvaient et réalisaient de nouvelles activités, ce qui renforça leur amitié.

Mais tous les soirs, alors que chacun rejoignait sa chambre attitrée, Arthur se faufilait discrètement dans la chambre de Pierre pour passer une nouvelle nuit dans les bras l'un de l'autre. Cependant, ce qui devait être un moment de plaisir entre les deux hommes, se transformait plutôt en cauchemar pour le Français. Toutes les nuits, les paroles de son partenaire raisonnaient dans sa tête. Il ressassait encore et encore ce qu'Arthur lui avait dit, ce qui l'empêchait de trouver le sommeil. Sa crainte que tout le monde soit au courant, que tout le monde le rejette, qu'il perde sa place en F1 à cause de son orientation sexuelle ; cette crainte ne faisait que grandir à chaque fois qu'il envisageait d'en parler à Charles.

𝑇ℎ𝑒 𝑅𝑎𝑐𝑒 𝑂𝑓 𝐿𝑜𝑣𝑒 ~ 𝑃𝑖𝑎𝑟𝑙𝑒𝑠Où les histoires vivent. Découvrez maintenant