𝑇ℎ𝑒 𝑅𝑎𝑐𝑒 𝑂𝑓 𝐿𝑜𝑣𝑒 ~ 𝑃𝑖𝑎𝑟𝑙𝑒𝑠

XII - Un coup de cœur inattendu

   Il fallut finalement peu de temps à Pierre pour se remettre de son accident. Par chance, et à son plus grand bonheur, il put participer au Grand Prix d'Australie. Par ailleurs, il tenta de mettre en place une distance entre lui et Charles, comme Kika lui avait conseillé. Pour cela, il ne lui envoyait plus de messages, essayait au maximum d'éviter son ami les jours de courses, et quand ils se retrouvaient tout de même ensemble, le Français l'ignorait totalement. Au début, Pierre souffrit énormément de l'éloignement avec le Monégasque, bien plus que lorsqu'ils étaient tous les deux très proches. Mais avec le temps, il s'y habitua et il commença à se libérer de sa tristesse qui l'accompagnait depuis si longtemps. Quant à Charles, il n'avait pas vraiment fait attention à l'écart qui s'était installé entre lui et son camarade. Il supposait seulement que Pierre était très occupé et un peu désorienté par son retour précipité après son accident.

   Pierre continua à s'éloigner de Charles au fur et à mesure que les Grands Prix s'enchaînaient. Du GP d'Australie à celui de Belgique, en passant par ceux d'Azerbaïdjan, de Miami, de Monaco, d'Espagne, du Canada, d'Autriche, de Grande-Bretagne et de Hongrie, cela faisait déjà quatre mois qu'il ne parlait plus avec son ami.

   Mais assez parlé de malheur ; qui dit GP de Belgique, dit trêve estivale, et donc deux semaines de repos ! Et Pierre l'attendait impatiemment cette trêve. En effet, Kika lui avait proposé de partir tous les deux en Corse pendant une semaine pour se détendre, profiter du soleil et pour que le pilote se déconnecte totalement de son travail. Et qui sait, l'homme trouverait peut-être l'amour sur cette île méditerranéenne. L'emploi du temps était simple : dans un premier temps, Pierre et son amie devaient se rejoindre à l'hôtel. En effet, le Français partant de Belgique et Kika de France, ils ne se retrouveraient pas dans le même vol. Et dans un second temps, il était prévu qu'ils aillent se prélasser de longues heures sur une des magnifiques plages d'Ajaccio, pour enchaîner sur un restaurant et terminer cette première journée de vacances par un peu de shopping. C'est la jeune femme qui avait fortement insisté pour faire les magasins : elle voulait à tout prix dénicher une incroyable tenue pour que Pierre puisse séduire d'autres hommes et se trouver un compagnon avant de reprendre ses courses en septembre.

   Cela faisait déjà une heure que le jeune pilote attendait son amie dans le hall de l'hôtel. L'avion de la femme ayant pris du retard, Pierre se retrouvait donc à patienter seul, assis sur un vieux fauteuil très peu confortable. Il avait eu le temps de bien observer la décoration de l'entrée, qu'il trouvait par ailleurs de mauvais goût. Il avait pu noter un papier peint qui datait du siècle dernier et qui commençait à se décoller par endroits, des têtes d'animaux empaillés accrochées aux quatre coins de la pièce et qui prenaient la poussière et des meubles en bois sur le point de s'effondrer remplis de trous causés par les mites. Avec toutes ces découvertes, Pierre se demandait dans quel lieu sordide il était encore tombé. Il décida alors de se lever pour se dégourdir les jambes et pour oublier cet intérieur désastreux. Dès qu'il passa le pas de la porte, il ferma les yeux et prit une grande inspiration d'air frais. Mais lorsqu'il les rouvrit, Kika se tenait juste devant lui, vêtue d'une longue et majestueuse robe noire accompagnée d'un grand sourire aux lèvres. Les deux amis s'avancèrent alors l'un vers l'autre et Pierre accueillit la jeune femme dans ses bras.

« Je suis tellement content de te revoir ! cria le pilote.

– Moi aussi ! répondit Kika.

– Comment tu vas depuis la dernière fois ? demanda Pierre.

– Nickel ! Comme d'habitude ! Et toi alors ? Je suppose que tu n'as toujours pas de mec.

– Mais ce n'est pas possible ! s'exclama le Français. Tu ne penses qu'à ma situation amoureuse !

– Réponds à ma question... rajouta la femme sur un ton plus calme. Es-tu en couple, oui ou non ? »

Un court silence résonna ; Pierre ne voulait pas l'admettre, mais il n'avait toujours pas rencontré l'élu de son cœur. Il se décida alors à lui répondre pour arrêter de remuer le couteau dans la plaie et murmura rapidement :