XVII - Un anniversaire spécial

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   Les semaines qui suivirent le Grand Prix des Pays-Bas, Max ne s'approcha pas une seule fois de Charles et de Pierre, à leur plus grand bonheur. Pierre fut particulièrement heureux de ne plus avoir à côtoyer le Néerlandais, qu'il ne parvenait plus à regarder droit dans les yeux après tout ce qu'il avait manigancé.

   Les GP qui suivirent furent plutôt bons pour le Monégasque qui termina au pied du podium à Monza, pour le Grand Prix de Singapour et pour celui du Japon. Il se plaça également cinquième au Qatar. Quant aux résultats du Français, ceux-ci étaient plus hétérogènes. En effet, Pierre alternait entre le haut et le bas du classement, notamment en ne parvenant pas à finir sa course en Italie. La raison pour laquelle il était si irrégulier était toute simple : il ne parvenait pas à oublier Charles. Il pensait constamment à lui, au point de ne plus être concentré sur le circuit, ce qui lui coûtait parfois de nombreuses places dans le classement.

   Et comme il s'était promis de le faire, il annonça à Arthur qu'il voulait rompre. Il était, en effet, préférable que leur relation se termine là, car Pierre ne parvenait plus à retenir ses sentiments pour Charles. Même s'il était en couple avec Alexandra, il sentait en lui que l'envie de lui avouer son amour allait bientôt lui échapper. Il ne parvenait plus à vivre avec elle. Et même s'il y avait de grandes chances pour que cet amour ne soit pas réciproque, il voulait quand même se libérer de ce lourd poids qu'il devait porter depuis bien trop longtemps. Et pour le bien de son frère Arthur, il devait tout lui raconter et arrêter leur relation avant que celui-ci ne s'attache trop à Pierre. Le Français avait conscience de tout le mal qu'il allait provoquer chez le jeune Monégasque, mais plus tôt il lui disait, moins il allait souffrir de leur rupture. Au début, l'annonce fut assez dure à supporter, mais avec le temps, Arthur commençait à pardonner le Français. Et pour le plus grand bonheur de Pierre, les deux hommes restèrent amis et continuèrent à se voir malgré tout. De plus, Arthur retrouva l'amour assez rapidement, ce qui lui permit d'oublier plus facilement sa séparation avec le pilote.

   Mais avec toutes ces histoires de Grands Prix, d'amour et de rupture, le temps s'écoulait rapidement. Il s'écoulait si rapidement qu'il était déjà question de l'anniversaire de Charles. Et pour l'occasion, il organisa une soirée dans une boîte de nuit privatisée. Tout le monde dans son entourage était invité : sa famille, ses amis et bien sûr tous les pilotes avec qui il concourait le week-end. Enfin, presque tous les pilotes, car évidemment, Max n'était pas invité à son anniversaire.

   Pour la soirée, Pierre s'habilla très élégamment. Il avait choisi de porter sa plus belle chemise et son pantalon le plus resplendissant. Il se disait à lui-même qu'il s'habillait ainsi pour impressionner les invités, mais au fond, il savait qu'il ne voulait briller que pour les yeux de Charles. Le Monégasque, lui aussi, choisit ses plus beaux habits pour cet événement si spécial.

   Lorsque le Français arriva dans la boîte, il fut surpris par l'ambiance apaisante qui y régnait. L'endroit était plongé dans le noir, mais cette obscurité était splendide. Une douce lumière bleu nuit éclairait le centre de la pièce et permettait de s'y retrouver dans la pénombre. Mais ce calme n'allait pas durer : la musique et les cris de joie allaient bientôt briser ce silence qu'appréciait particulièrement Pierre. Il s'y sentait en sécurité, en osmose, complètement rassuré.

   Mais la musique ne tarda pas à arriver, la voix des invités se fit entendre et la fête commença. Le pilote se lança alors immédiatement à la recherche de l'homme de ses rêves. Premièrement, pour lui souhaiter un joyeux anniversaire, mais également pour passer le reste du temps avec lui. Car avec le Monégasque, il se sentait à sa place, il se sentait compris, et surtout, il était lui-même. Il savait que son cœur allait accélérer en le voyant, qu'il allait perdre ses moyens en lui parlant, puisque cette nuit-là, il s'était décidé à lui avouer son amour. Il savait que Charles était déjà en couple et que cette nouvelle avait de grandes chances de rompre à jamais leur amitié. Mais il ne parvenait plus à garder ce secret. Il devait lui dire.

   Après plusieurs minutes, il le trouva enfin. Comme il l'avait prévu, son cœur s'emballa et ses pensées s'emmêlèrent. Pas un mot ne sortit de sa bouche. Le Monégasque s'avança alors vers lui et le prit dans ses bras. Le Français se laissa porter et fit de même. L'un contre l'autre, leur torse en contact, Pierre put sentir le parfum de son ami. Son odeur était si agréable qu'il en ferma les yeux et profita pour la respirer une nouvelle fois. Il aimait tellement cette senteur qu'il ne voulait plus se séparer du Monégasque. Collé contre lui, il se sentait comme protégé. Mais leur étreinte prit fin et une conversation entre les deux pilotes put alors enfin commencer. Elle dura une heure, ou bien deux, ou peut-être trois ; le temps passait si vite lorsqu'il était en présence de Charles. Pour accompagner leurs bavardages, ils commandèrent tous les deux un verre d'alcool qu'ils savourèrent. Mais Pierre n'écoutait qu'à moitié son camarade, car son esprit se trouvait ailleurs. Il ne cessait pas de se demander à quel moment il allait lui parler de son amour.

   Il fut vite extirpé de ses pensées lorsqu'il sentit un liquide froid se déverser sur sa chemise. Il remarqua aussitôt le visage de Charles qui affichait de grands yeux écarquillés. Il déplaça son regard et aperçut le verre que tenait fermement Charles. Celui-ci, qui était à moitié rempli quelques secondes plus tôt, était maintenant complètement vide.

   À peine le temps de réfléchir que le Monégasque l'attrapa par la main et l'entraîna dans les toilettes. Sans perdre de temps, il récupéra un mouchoir qui se trouvait dans sa poche, l'humidifia, puis frotta la tache qui s'était formée sur le vêtement de Pierre. À force d'insister de toutes ses forces pour la faire disparaître, une douleur commença à apparaître dans le bras du pilote. Il s'arrêta alors pour vérifier l'état de la chemise et remarqua que la trace n'avait pas disparu. Il laissa s'échapper un lourd soupir, puis rapprocha ses deux mains de sa propre chemise. Pierre se questionna sur les intentions de son ami et l'observa d'un œil interrogateur. Il suivit minutieusement les mouvements de Charles, qui déboutonna sa chemise, ce qui dévoila son torse et son abdomen. Le Français fut surpris des actions de son camarade et rougit en voyant de si près le corps sur lequel il avait tant fantasmé. Il cartographia cette scène dans sa tête, mémorisant chaque courbe et détail, jusqu'aux grains de beauté les plus petits. Charles lui lança alors :

« Retire ta chemise. »

Pierre fut pris de court par la demande du pilote et lui demanda alors :

« Comment ça ?! »

Charles laissa son ami sans réponse et s'occupa lui-même de retirer le vêtement de son ami. Pierre, qui n'était déjà pas très à l'aise dans cette situation, se décomposa de gêne lorsque les doigts du Monégasque commencèrent à manipuler les boutons de son haut. Charles, très délicatement, s'occupa des boutons un à un, descendant de plus en plus bas. Lorsqu'il eut terminé, il aida Pierre à retirer l'habit, et le corps du Français se retrouva lui aussi dévêtu. Et tout en observant le magnifique corps devant lequel il se trouvait, Charles lui tendit sa chemise. Le Français lui demanda alors :

« Et toi alors ? Tu ne vas quand même pas mettre ma chemise sale ?

– Ne t'inquiète pas pour moi, je vais la porter à ta place, répondit Charles. C'est moi qui t'ai taché, c'est donc à moi de t'aider en te donnant un vêtement propre. »

Et le Monégasque aida son camarade à se rhabiller. Pierre sentit les doigts de son ami effleurer son épaule, ce qui le fit frissonner de plaisir. Ce moment entre eux était si intime qu'il avait presque réussi à lui ouvrir son cœur. Mais encore une fois, il n'avait pas trouvé assez de force et de courage.

   Ils ressortirent de la petite pièce quelques minutes plus tard. Le Français était désormais vêtu de la chemise propre qui portait le parfum de Charles. Il se sentait si bien dans ce vêtement, contrairement à son ami qui avait maintenant un haut dont le tissu était imbibé d'alcool. Mais tout ce qu'il voulait, c'était porter secours, le reste n'avait que peu d'importance. Les deux hommes retournèrent à leur table, et tout en s'y rendant, ils remarquèrent simultanément un détail qui fit exploser Charles : Alexandra était en train d'embrasser un autre homme...

𝑇ℎ𝑒 𝑅𝑎𝑐𝑒 𝑂𝑓 𝐿𝑜𝑣𝑒 ~ 𝑃𝑖𝑎𝑟𝑙𝑒𝑠Où les histoires vivent. Découvrez maintenant