I - Retrouvailles

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   La nuit venait de tomber sur Bahreïn, petit pays du Moyen-Orient. Une fine brume blanche tapissait le ciel parsemé d'étoiles, dont la lumière éclairait le circuit du Grand Prix. À cette soirée avait lieu le premier Grand Prix de l'année 2023, opposant vingt pilotes. Cela faisait plusieurs mois que les deux amis automobilistes ne s'étaient pas vus. Pierre, comme à son habitude, était très enthousiaste de reprendre les courses. Le Français de 27 ans, à la barbe et aux cheveux châtains, possédait de magnifiques yeux bleus agrémentés de légères nuances de gris. Le jeune homme s'était entraîné très durement pour prétendre au titre de champion du monde de formule 1. Il espérait faire mieux que l'an dernier, en dépassant la quatorzième place. Pierre se trouvait dans son paddock ; il venait tout juste d'enfiler sa combinaison et s'apprêtait à mettre son casque, lorsqu'il entendit une personne rentrer dans le paddock voisin en pleurant. Il alla voir ce qu'il se passait et tomba nez à nez avec Charles, les yeux rouges, emplis de larmes et dont la brillance reflétait le corps du jeune Français, désemparé devant une telle situation. Charles était habituellement une personne très souriante : sa joie de vivre combinée aux deux fossettes perdues sur ses joues égaillaient la journée de quiconque le croisait. Le Monégasque de 25 ans était assis, les coudes appuyés sur les genoux et la tête prisonnière entre ses deux mains. Pierre s'agenouilla pour être au même niveau que son ami ; il lui attrapa les mains pour lui montrer son soutien, et lui demanda en chuchotant :

« Pourquoi est-ce que tu pleures ? Ça ne te ressemble tellement pas.

– Je-je-je su-suis p-plus...

– Calme-toi et prends ton temps. Ça va aller, je suis là pour t'aider. »

Malheureusement, Charles ne put expliquer à temps la raison de son chagrin. La course allait débuter et les deux hommes furent interrompus par leur chef d'équipe :

« Charles, Pierre, c'est l'heure, le Grand Prix va bientôt commencer. Mettez-vous en place ! ordonnèrent-ils en chœur.

– Tu m'expliqueras plus tard, souffla Pierre. »

Il se leva et marcha jusqu'à la porte, et d'un mouvement souple, il se retourna et fit un sourire à Charles, puis s'en alla finir de se préparer.

   Pierre enfila son casque blanc parsemé de doré et s'installa dans sa monoplace. Le stress ajouté à l'adrénaline créaient toujours une sensation inexplicable dans le corps du pilote. Le jeune homme se sentait prêt : il s'avança jusqu'à la ligne de départ, attendit que les autres participants arrivèrent et se concentra. Ses yeux étaient rivés sur les feux rouges : le premier s'alluma ; puis le second ; le troisième suivi ; le quatrième vint s'ajouter aux autres ; le cinquième et dernier feu s'illumina ; et ils s'éteignirent tous, marquant le départ de la course. Tous les automobilistes appuyèrent le plus rapidement possible sur l'accélérateur. Le Français commença bien la course, cependant, il ne pouvait s'empêcher de repenser à Charles et à son chagrin. La scène à laquelle il venait d'assister le troubla : il ne fut pas assez concentré sur la piste. Il commit énormément de fautes qui le firent baisser dans le classement. Mais il n'avait qu'une idée en tête : finir cette satanée compétition et retrouver Charles. Après plus d'une heure de conduite, Pierre se reprit en main ; il chassa de son esprit toutes les mauvaises pensées, agrippa de toutes ses forces le volant et appuya d'un puissant coup sur l'accélérateur. Plus tôt il franchirait la ligne d'arrivée, plus tôt il pourrait retrouver son camarade. Il rattrapa en très peu de temps le retard qu'il avait emmagasiné et réussit à se classer neuvième.

   Son dernier tour finit, le Français sauta hors de son véhicule et se précipita vers le paddock du Monégasque. Après tout le temps passé assis, les jambes de l'homme commencèrent à flageoler lorsqu'il se mit à courir. Sur le chemin, il croisa son concurrent néerlandais : Max Verstappen. Celui-ci lança un regard noir à Pierre qui fut surpris de son action. Malgré cette provocation inexpliquée, il alla retrouver Charles. En arrivant, il tomba sur le directeur général de son ami et lui demanda :

« Excusez-moi ! Où est Charles ?

– J'ai une mauvaise nouvelle, lui répondit-il. Charles n'a pas fini la course ; sa monoplace s'est arrêté peu de temps après le départ. Il est déjà rentré à son hôtel, mais avant de partir, il m'a demandé de te donner ça... »

Le vieil homme lui tendit une feuille de papier soigneusement pliée en quatre, que Pierre récupéra. Il s'éloigna pour lire le contenu de la lettre au calme :

Pierre, je suis désolé... Je n'ai pas réussi à te parler tout à l'heure alors que nous sommes très proches... Je ne me sens même pas capable de te parler en face... J'ai honte... J'espère que tu ne m'en voudras pas trop... J'ai rompu il y a peu de temps avec Charlotte... Tout ça à cause d'une dispute... Je vis très mal la situation... Encore désolé pour être parti si tôt... Bonne nuit...

   La lettre était signée des initiales du Monégasque. Pierre s'en voulait de ne pas avoir réussi à réconforter son ami plutôt dans la soirée, mais il trouvait la lettre bizarre, comme si son partenaire lui avait menti. Le jeune homme rentra à son logement, repensant encore et encore au message qu'il venait de lire...

𝑇ℎ𝑒 𝑅𝑎𝑐𝑒 𝑂𝑓 𝐿𝑜𝑣𝑒 ~ 𝑃𝑖𝑎𝑟𝑙𝑒𝑠Où les histoires vivent. Découvrez maintenant