𝑇ℎ𝑒 𝑅𝑎𝑐𝑒 𝑂𝑓 𝐿𝑜𝑣𝑒 ~ 𝑃𝑖𝑎𝑟𝑙𝑒𝑠

XI - Au plus bas

Après un long voyage, le jet atterrit enfin en France, et les deux hommes se rendirent chez le Normand sans perdre de temps. De son côté, Pierre n'avait pas ouvert la bouche depuis l'atterrissage, ressassant en boucle son rêve, tandis que Charles discutait au téléphone avec Alexandra, ignorant totalement le mal qui rongeait son ami. Quant à Kika, qui était venu chercher les deux pilotes à l'aéroport ; elle avait pour mission de conduire l'Alpine bleue du Français.

En arrivant, Pierre se dirigea directement dans sa chambre, sans adresser un mot à quiconque, pour continuer à souffrir en silence et se laisser mourir de tristesse, seul dans son coin. Pendant ce temps-là, Charles s'occupa de sortir les valises du coffre et prit la responsabilité de ranger les affaires de son ami, sans même savoir où les placer. En effet, bien que le Français se rendait régulièrement à Monaco pour voir Charles, c'était là la première fois que Charles venait chez son camarade. Une fois les bagages vidés, le Monégasque décida de laisser Pierre seul, pensant que celui-ci avait besoin de repos, alors qu'il avait en réalité besoin d'une seule autre chose ; il avait besoin de l'amour de Charles.

Mais quant à elle, Kika avait compris. Dès qu'elle avait croisé le regard du Français à l'aéroport, elle avait compris le chagrin qui rongeait Pierre, elle avait compris son mal intérieur, elle avait compris sa détresse, et surtout, elle avait compris qu'il avait besoin d'aide. Alors, elle se décida à aller lui parler dans sa chambre. En ouvrant la porte, elle trouva le Français de dos, allongé sur son lit, les volets entrouverts, ne laissant passer que de fins rayons de lumière dorés. Elle s'assit juste à côté de celui-ci et déposa délicatement sa main sur son épaule.

« Parle-moi Pierre, chuchota la jeune femme, parle-moi de tes sentiments. »

Mais Pierre resta muet. Il n'était pas d'humeur à parler de ses émotions. Même lui n'y comprenait rien à celles-ci. Il se sentait perdu, comme piégé dans un interminable labyrinthe de questions sans réponse. Mais à chaque fois qu'il voyait ou pensait à Charles, son cœur frappait toujours plus fort dans sa poitrine. Il avait à la fois l'impression de vivre un conte de fées éveillé lorsqu'il sentait la présence de Charles, mais également de vivre un cauchemar sans fin qui se répétait chaque jour où il ne parvenait pas à parler à son camarade de son amour. Ne donnant aucune réponse, Kika ajouta :

« Tu devrais faire une croix sur Charles... Tu l'aimes, mais ça te ruine la vie... Prends tes distances avec lui... Tu devrais essayer de sortir avec d'autres hommes pour t'aider à l'oublier. Je ne peux plus te voir dans cet état... »