IX - Tentation

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   Après une longue heure de discussion entre les deux pilotes dans la chambre d'hôpital, ils se décidèrent enfin à informer les médecins du réveil de Pierre. Suivi une tonne de papiers médicaux à signer, accompagnés d'ordonnances pour aller chercher des médicaments aux noms imprononçables, ainsi qu'une infinité de règles et de conseils à respecter pour le bien-être du jeune Français. Ils purent enfin quitter l'hôpital aux alentours de minuit : Charles était au volant, concentré sur la route, et Pierre admirait le ciel étoilé. Il n'y avait pas un bruit à part le doux et apaisant ronronnement de la voiture de sport que Charles avait louée en arrivant en Arabie Saoudite pour visiter les alentours. Pierre ferma les yeux quelques secondes pour se reposer, mais lorsqu'il les rouvrit, son ami se tenait à sa droite, la main refermée sur son épaule et créant de petites secousses pour le réveiller en douceur. Ils étaient enfin arrivés à l'hôtel.

   Les deux pilotes empruntèrent l'ascenseur pour se rendre au bon étage. Il y faisait froid et une légère et douce mélodie raisonnait dans la cabine. Pierre remarqua son visage fatigué dans le miroir en face de lui : même s'il avait passé plusieurs jours dans le coma, et avait pu dormir quelques minutes pendant le trajet, il avait grandement besoin de se reposer et de se relaxer dans un bon lit confortable. Une brève sonnette retentit et les portes s'ouvrirent sur l'interminable couloir. Les deux hommes avancèrent jusqu'à trouver la chambre de Pierre. Celui-ci salua son camarade, rentra dans sa chambre et referma la porte. Cependant, elle resta ouverte. Pierre regarda donc au sol ce qui avait bien pu bloquer la porte : il s'agissait du pied du Monégasque. Surpris, Pierre n'eut le temps de rien dire lorsque Charles lança en chuchotant pour ne pas déranger les autres chambres :

« J'ai dit que je resterai avec toi TOUT - LE - TEMPS. »

L'homme insista bien sur ces trois mots, les séparant chacun par une seconde de silence et de vide. Pierre releva alors la tête et croisa le lumineux regard de son ami. À ce moment-là, il ne voulait faire qu'une chose ; lui avouer son amour et tout lui dire pour qu'ils puissent vivre une longue, douce et magnifique histoire à deux. Mais il savait que c'était impossible et se retint de parler, et le laissa simplement pénétrer dans la chambre. Le Français s'imaginait qu'avoir son ami rien que pour lui était un don du ciel, mais il s'agissait en réalité d'une torture qui le détruisait à petit feu, de l'intérieur. Charles referma la porte derrière lui et un claquement se fit entendre.

« Et Alexandra ? Tu la laisses seule ? demanda le pilote.

– Non, répondit son ami. Elle sait que je dois te surveiller, alors pour ne pas nous gêner, elle est rentrée chez elle voir ses parents. Donc même si je ne suis pas avec elle, Alex n'est pas seule. »

Les deux hommes se posèrent simultanément sur le lit à moitié défait. Charles commença à dénouer ses lacets sous le regard attentif de Pierre. Celui-ci remarqua qu'il se faisait observer et s'arrêta net. Il se redressa, et sans dire un mot, se tourna vers son camarade. Pierre ne pouvait détacher son regard de l'homme qui se trouvait devant lui, à seulement quelques centimètres. Ne pouvant contenir plus longtemps sa frustration, Pierre avança son visage vers celui du Monégasque. Aussi proche, il pouvait scruter tous les petits détails présents sur son visage, et il fut encore plus ébloui en constatant le merveilleux dégradé de couleurs qui composait les iris de ses yeux. Il voulait se rapprocher encore plus pour embrasser Charles, pour que leurs lèvres rentrent en contact, mais il n'arrivait plus à bouger. Il était pétrifié comme s'il avait croisé le regard de la gorgone Médusa. Charles, ne comprenant pas ce que son ami était en train de faire, lui demanda :

« Tout va bien Pierrot ? »

Le Français se recula et répondit oui de la tête. Embrasser son ami en couple et sans son autorisation était peut-être une mauvaise idée... Pierre se leva et alla se changer dans la salle de bain, puis le Monégasque fit de même. Ils se couchèrent dos à dos, sans s'adresser la parole, dans une ambiance tendue et dérangeante.

   Pendant le court coma de Pierre, le Monégasque avait tout organisé pour que son ami puisse se remettre de sa commotion cérébrale rapidement. Charles ayant comme responsabilité de rester tout le temps avec Pierre pour surveiller son état, il s'occupa donc du planning : ils allaient tous les deux retourner en France, chez le Normand, et y rester jusqu'à ce que Pierre se sente capable de reprendre la Formule 1. Un vol était prévu le lendemain matin au lever du soleil pour éviter les fans et les paparazzis sur la route.

   Pierre se réveilla de bon matin avec une incroyable odeur qui emplissait ses navires : il reconnut l'agréable parfum de lavande. Il ouvrit doucement les yeux et constata que son nez se trouvait en plein dans les cheveux de son camarade ; cheveux qui sentaient aussi bon qu'un vrai bouquet de lavande. Petit à petit, il émergea de son sommeil et remarqua la drôle de position dans laquelle il se retrouvait alors : ses bras enlaçaient Charles, comme pour l'empêcher de s'enfuir. Cette scène n'étant pas assez embarrassante pour le Français, il fallait que son bras gauche soit placé sous le t-shirt du Monégasque, en contact avec sa peau, tendre et froide. Heureusement pour lui, le pilote dormait encore et il put délicatement retirer sa main, bien qu'il aurait, au fond de lui, voulu la laisser à sa place. Il sortit du lit d'un geste bref et regarda l'heure sur son téléphone, lorsqu'il entendit :

« Calme-toi Pierrot... Je te rappelle qu'il faut que tu évites les mouvements brusques... »

En entendant la voix de Charles, il se pétrifia sur place, prit par la peur qu'il ait senti lorsqu'il extirpa sa main.

« Depuis quand es-tu réveillé ? demanda le jeune homme.

– Depuis que tu as bougé violemment pour sortir du lit. Pourquoi cette question ?

– Oh non, ce n'est rien ! Simple curiosité... »

Pierre fut soulagé par la réponse du Monégasque et se leva pour faire un tour aux toilettes. Et soudainement, une puissante musique se fit entendre, ce qui fit sursauter Pierre qui crut faire un arrêt cardiaque.

« C'est l'heure ! hurla Charles. Prépare-toi, notre vol est dans moins de trente minutes.

– C'était quoi ? questionna Pierre.

– Mon réveil ? Que veux-tu d'autres que ce soit ? »

   Après avoir frôlé la crise cardiaque, Pierre prit sa douche puis rangea toutes ses affaires dans ses valises. Charles fit de même et les deux amis partirent en direction de l'aéroport. Le trajet se déroula sans accroc. Une fois bien installés dans leur jet, ils purent de nouveau dormir et finirent leur nuit de sommeil qui fut bien courte...

𝑇ℎ𝑒 𝑅𝑎𝑐𝑒 𝑂𝑓 𝐿𝑜𝑣𝑒 ~ 𝑃𝑖𝑎𝑟𝑙𝑒𝑠Où les histoires vivent. Découvrez maintenant