𝑇ℎ𝑒 𝑅𝑎𝑐𝑒 𝑂𝑓 𝐿𝑜𝑣𝑒 ~ 𝑃𝑖𝑎𝑟𝑙𝑒𝑠

III - Monaco

   Pierre arriva à Monaco en fin d'après-midi : même s'il n'était pas venu rendre visite à Charles depuis un moment, il connaissait bien Monaco et se souvenait parfaitement de la petite principauté. C'est donc sans grande peine qu'il trouva facilement le chemin menant chez le Monégasque. Sur la route, le Français passa à côté d'une fleuristerie et décida de s'arrêter acheter des fleurs pour son ami. Il rentra dans la petite boutique et fut surpris par le doux parfum de toutes ces fleurs. La fleuriste, une jeune femme vêtue d'une salopette bleue tachée de terreau et dont la tête était couverte d'un large chapeau de paille orné de petits papillons, se dirigea vers le pilote et lui demanda :

« Est-ce que je peux vous aider ?

– Oui, j'aimerais beaucoup, lui répondit le jeune homme. Je n'arrive pas à me décider entre ces deux bouquets. »

Il tendit la main pour désigner deux bouquets de fleurs : l'un était composé de roses rouges et l'autre de roses blanches. La fleuriste enchaîna :

« Vous voulez offrir l'assortiment de fleurs où il est pour vous ?

– Ça serait pour offrir.

– Ok très bien ! Pour quelle occasion ?

– Je voudrais déclarer mon amour à quelqu'un qui est très important pour moi.

– Parfait ! cria l'horticultrice, j'ai ce qu'il vous faut ! »

La femme se retourna et disparu parmi les plantes. Elle revint, tenant entre ses deux petites mains un magnifique bouquet de roses couleur lavande.

« Les roses lavande représentent la royauté, le raffinement et la grâce, mais ce qui est assez peu connu, c'est qu'elles sont surtout utilisées pour révéler son amour secret, affirma la femme. Est-ce que cela vous conviendra ?

– Oui, elles sont magnifiques. »

La femme se dirigea vers son comptoir et commença à emballer les fleurs, tout en continuant ses explications :

« La lavande est très liée à l'amour : je ne sais pas si vous connaissez l'expression anglaise "Lavender haze" ?

– Non, je ne la connais pas.

– Elle signifie "être amoureux", "être sur un petit nuage". C'est tellement mignon !

– Oui, c'est vrai que c'est adorable. »

L'horticultrice s'avança vers Pierre et lui tendit les plantes.

« Voilà pour vous, je vous les offre. Votre histoire m'a beaucoup touchée. Je vous souhaite bonne chance.

– Merci beaucoup ! C'est vraiment gentil de votre part. »

Le pilote récupéra les roses et salua la jeune femme avant de quitter le magasin.

   Il reprit la route, le cadeau à la main, s'imaginant les différentes réactions que son camarade pourrait avoir en le voyant. Il arriva enfin à destination : Pierre rentra dans le hall de l'immeuble sans grande difficulté puisque la porte d'entrée était restée ouverte, ce qui lui permettait donc de ne pas gâcher son arrivée surprise en utilisant l'interphone. En arrivant face à l'ascenseur, il se rendit compte que celui-ci était en panne, ce qui l'obligeait à emprunter les escaliers. Il commença à gravir les marches une à une avec un rythme effréné ; l'homme était décidé à avouer ses sentiments à Charles. Après plusieurs minutes d'escalade, il atteignit l'étage auquel son ami habitait. Il se plaça devant le seuil d'entrée, le stress monta, il prit son courage à deux mains et appuya sur la sonnette. Pierre attendit plusieurs dizaines de secondes sans que personne ne vienne l'ouvrir et décida de sonner une nouvelle fois. Il élança son bras, et lorsque son doigt s'apprêtait à enfoncer le bouton, la porte s'ouvrit, dévoilant Charles, les cheveux trempés, le torse nu et la taille emmitouflée dans une serviette rouge, ornée du logo de Ferrari.

« Pierre ?! Qu'est-ce que tu fais là ?

– Je suis venu voir comment tu allais, répondit le jeune homme embarrassé du moment présent.

– Vas-y, rentre, on va parler de ça à l'intérieur. »

Pierre pénétra dans l'appartement et se dirigea vers le salon, qui avec le temps avait bien changé : la dernière fois que le Français était venu, la salle était peu décorée. Mais lorsqu'il arriva dans la pièce, il fut émerveillé par le grand nombre de casques de Formule 1 que son ami possédait. Ils étaient soigneusement rangés sur une immense étagère noire, où se trouvait au centre un magnifique trophée. La lumière du soleil, réfléchie sur la coupe, illuminait le salon d'une magnifique couleur dorée. Pierre remarqua également un piano qui n'était pas présent lors de sa dernière visite.
Pierre passa à côté et s'assit sur le canapé du Monégasque. Il déposa le bouquet sur la table basse et engagea la conversation :

« Du coup, comment ça va depuis le dernier Grand Prix ?

– Ça va beaucoup mieux, lui répondit son camarade qui se trouvait dans la salle de bain pour finir de se préparer. J'ai une bonne nouvelle à t'annoncer ! »

L'homme sorti de la salle d'eau, vêtu d'une chemise bleu azurin et d'un bandana blanc enroulé autour de sa tête. Il se posa sur le divan, proche de son ami.

« Je suis de nouveau amoureux et je vais bientôt faire ma demande ! cria l'homme qui était excité par son annonce. »

Pierre resta bouche bée, les mains sur les genoux, incapable de savoir comment réagir. Il était à la fois heureux pour son ami, mais également déçu de ne pouvoir parler de ses sentiments.

« Haa... c'est cool que tu te sois remis de ta rupture, répondit l'homme désappointé.

– Oui, je me sens tellement mieux. Et sinon, pour quelle raison as-tu apporté ces magnifiques roses ?

– C'était pour ne pas venir les mains vides ! répondit rapidement l'homme qui dû mentir sur la réelle signification des fleurs et sur la véritable raison de sa venue.

– C'est extrêmement gentil de ta part d'avoir pensé à moi ! »

Le Monégasque se leva et se dirigea vers la cuisine. Il ouvrit un placard dans lequel il récupéra un immense vase en cristal, dans lequel il rajouta de l'eau afin d'y déposer le bouquet. Il retourna dans la pièce principale, et commença à couper les tiges épineuses. Tout en s'occupant des plantes, il demanda :

« Je devais faire un tour en yacht pour voir le coucher de soleil. Tu veux m'accompagner ?

– Pourquoi pas, ça peut être sympa ! répondit Pierre, content de passer du temps avec son ami, bien qu'il ne puisse lui avouer la vérité. »

   Ni une, ni deux, les deux hommes quittèrent l'appartement et se mirent en route pour rejoindre le bateau du Monégasque.