Chapitre 5

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Gabriel était rentré chez lui vers 17h après cet essayage à une tournure pour ainsi dire...spéciale.
Il s'attendait à tout sauf à voir Jordan Bardella débarquer et en plus avoir l'audace de se glisser dans sa cabine d'essayage sans aucune raison particulière. Cette simple pensée suffit à faire sourire le Premier Ministre qui était dans son salon. Il avait déposé ses emplettes dans sa chambre et n'y avait pas encore touchées, ne voulant pas se rendre compte de l'élan de folie qui l'avait pris.

Il était couché confortablement dans son canapé en grignotant des chips à la cacahouète, la télé allumée mais il était plus préoccupé à scroller sur son téléphone. Il profitait de sa solitude, essayant tant bien que mal de se remettre des émotions surprenantes qu'il avait ressenti cette après-midi.

En voyant l'heure, il décida d'aller ranger et trier ses vêtements. Il était déjà 19h, il devait encore faire à manger et Gabriel détestait aller dormir alors qu'il y avait du bazar. Il se mit à ranger, paisiblement, sans musique de fond, juste lui seul avec lui-même. Il aimait le fait de ne pas toujours avoir besoin d'avoir une stimulation pour qu'il puisse éviter sa propre présence. La solitude n'était pas un problème. Il se sentait bien dans ses baskets le week-end, délaissant les responsabilités de la semaine.

Il garda quelques costumes bleus foncés, noirs et blancs. "Au cas où" avait-il pensé. Il plia les costumes qu'il voulait donner soigneusement pour les ranger dans une boîte en carton. Ensuite, il sorti tous ses cintres, déplia et enleva les étiquettes de chaque pour les ranger correctement dans sa penderie. Il souriait comme un idiot devant ses costumes, ils étaient beaux et lui allaient bien, il en était content.

Il balança les étiquettes à la poubelle et décida de passer l'aspirateur. Une telle agitation de tissus avait provoqué des amas de poussière volants. Il refit son lit comme il l'aimait puis, ayant quand-même transpiré, décida d'aller prendre sa deuxième douche de la journée.

Gabriel prit une douche qui ferait pâlir les écolos. Il ne compte pas combien de temps il resta, juste, il profitait, faisant taire son esprit en arborescence. Attal avait tendance à trop s'éparpiller, à toujours aller dans les extrêmes, tout voir différemment. C'était d'ailleurs pour ça, qu'il avait décidé de se lancer dans la politique. Il voulait exprimer son point de vue, et que d'autres se reconnaissent dedans, au lieu de se murer dans le silence et subir son propre fonctionnement. C'était aussi ce qui était le plus difficile, il ne s'évertuait pas à mentir, à être quelqu'un qu'il n'était pas. Le mensonge est devenu une option bien trop simple dans cette société.

En sortant de la cabine de douche, le Premier Ministre décida de se la jouer tranquille en enfilant un jogging gris bien trop large pour lui et un t-shirt presque oversize. Il respira l'odeur de sa lessive qu'il aimait tant. Il prit l'initiative à contre coeur d'aller dans la cuisine pour se préparer à manger. Il sorti un paquet de pâte et une portion de bolognaise qui était encore congelée quand on frappa à sa porte.

La porte s'ouvrît sur Jordan Bardella. Gabriel écarquilla les yeux face à la vision de son opposant sur le seuil de sa porte. Jordan le salua comme si la situation était tout à fait normale :
-Bonsoir, Monsieur Attal.
-Bonsoir...commença le trentenaire, qu'est-ce qui vous amène ?
-Vous me laissez entrer, d'abord ? demanda l'italien en désignant de la tête l'intérieur de l'appartement.
Comme s'il venait d'atterrir sur terre, Attal se décala précipitamment pour entrer le grand brun, totalement décontenancé. Il referma la porte derrière lui et s'engagea dans la cuisine où Jordan était déjà engouffré.
-Je vous dérange ? demanda l'invité à la vue de la nourriture sortie.
-Eum, non, je ne crois pas, essaya Attal en ravalant sa salive bien trop de fois que nécessaire.

Le jeune homme était resté debout, observant autour de lui très calmement, comme si cette situation ne l'atteignait même pas. Il regardait avec attention le moindre détail de l'appartement de Gabriel, oubliant presque la raison de sa venue ici. Quand il croisa le regard du ministre, le président du RN s'expliqua alors enfin :
-Je suis venu vous rendre votre cravate, vous l'avez oubliée, dit-il simplement en souriant.
-C'est pour ça que vous vous êtes directement rendu chez moi ? demanda Gabi, suspicieux.
-Ah vrai dire, oui. Je ne voulais pas prendre le risque de compromettre quelque chose en vous la rendant dans un autre lieu et pour tout vous dire, je n'ai aucune envie de rester seul.

Au delà de la politique Où les histoires vivent. Découvrez maintenant