Chapitre 13

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Tous les deux à peine couverts d'un caleçon, s'étaient emmitouflé dans les couvertures qu'Attal avait pourtant si bien repliées ce matin. Jordan, torse nu, allongé sur le dos, un bras enroulé autour du corps de son amant, laissa ses pensées divaguer, profitant de l'instant également. Gabriel, lui, s'était collé à son cadet, il s'était blotti contre son épaule, avait balancé une jambe au dessus des plus grandes qui ne lui appartenaient pas et laissait ses doigts tracer des chemins sinueux sur la peau du président du RN.

Le Premier Ministre, en carence cruelle de sommeil, se laissa tomber dans les bras de Morphée, ou dans les bras de son amant, devrais-je dire. Leurs ébats consécutifs l'avaient épuisé, malgré qu'il ait passé une très bonne nuit près de Jordan Bardella.

Ce dernier, divaguant sur la vague de ses pensées incessantes, se retrouva face à un dilemme quand il sentit la respiration de l'homme allongé en partie sur lui se faire plus détendue. Il se retrouva seul, face à l'immensité de ses émotions contradictoires. Tout son corps et chaque cellules de son être lui hurlaient que l'amour qu'il ressentait envers Gabriel était pourtant si évident. De l'autre côté, son mentale rigide qu'on lui avait forgé depuis sa naissance ne pouvait pas supporter l'idée d'aimer une personne du même sexe, c'était inconcevable.

La preuve était devant lui, pourtant. Toutes les sensations que lui faisait ressentir le trentenaire étaient particulières, comme si c'était parce que c'était Gabriel. Il ne pouvait, cependant, pas l'accepter, le déni accapara le monopole de sa pensée mais tout au fond de lui il savait. Il savait que les sentiments étaient trop forts pour que ce ne soit que de l'amusement. Il savait que tout était déjà enregistré dans ses cellules, comme si Gabriel faisait partie intégrante de son être.

D'ailleurs, son nom résonnait bizarrement en lui. Gabriel Attal.
Force de Dieu, en hébreux.
Également le nom de l'ange qui annonça à Marie la proposition du Seigneur.
Cette dernière info, pourtant banale, tournait en boucle dans sa tête. Encore et encore, son flux de pensée était intarissable. Bien sûr, issu d'une famille conservatrice, il lui avait été enseigné la religion catholique qu'il connaissait sur le bout des doigts, maintenant. Pourtant, il n'y croyait pas un seul instant.

Gabriel était-il croyant ? Sûrement pas, répondit Jordan à lui-même. Il avait encore tant à découvrir de l'homme qui s'était assoupi à ses côtés. Il voulait le découvrir, sous tout ses angles, ses facettes, les pires et les meilleures. Il voulait connaître son corps sur le bout des doigts comme ses goûts en matière de musique, de danse, de nourriture, etc. Pourtant, quand leurs corps s'unissaient, il avait l'impression de déjà tout connaître de lui. Qu'en fait, ils avaient été longuement amis et qu'ils se retrouvaient, sans besoin de justification ou de discussion.

Jordan savait qu'il pourrait se retourner ce phénomène en boucle dans sa tête, mais qu'il n'y trouverait pas de réponse. C'était comme ça, il y avait des choses qu'on ne pouvait pas expliquer.
Même la science n'a pas la science infuse, après tout.

Son ventre se crispa, sentant cette sensation toute particulière l'envahir. C'était peut-être ça, l'amour. Cet effet d'être sur une attraction forte, lorsque vous êtes dans la montée. Vous savez, quand vous êtes à la verticale mais que cela avance trop lentement, que vous sentez l'adrénaline courir dans vos veines et resserre vos muscles abdominaux, incontrôlablement. Lorsqu'ensuite, vous regrettez la descente alors que vous l'abordiez de manière si sereine quand la terre ferme touchait encore vos pieds. Puis la descente vint bien trop vite, vous n'y êtes pas préparé, malgré l'attente qui vous semblait interminable quelques secondes plus tôt. Elle libère toutes les hormones qui s'étaient emmagasinées en vous, un cocktail explosif dans votre estomac, étrangement agréable.
Oui, c'était sûrement ça, l'amour.

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