Chapitre 10

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  -Je vais aux toilettes.

Gabriel s'en alla sans même attendre une réaction particulière de Jordan. Valerie n'avait-elle pas précisé dans sa lettre que le duo devait passer la soirée ensemble ? Après un haussement d'épaules, il décida de suivre Gabriel jusqu'aux toilettes.

En entrant dans la pièce, il vit Gabriel penché au dessus des lavabos. Ce dernier de remarqua pas directement sa présence, il pensait être tout seul. Jordan s'adossa au mur en face du miroir qui était au dessus des vasques, voulant savoir en combien de temps Gabriel allait le remarquer.

Le Premier Ministre leva la tête et sursauta en voyant le président du RN dans le reflet de la glace. Il se retourna, vivement, et s'exclama un peu trop fort :
  -Bon sang, Bardella, qu'est-ce que vous foutez là ?!
La voix pleine de malice, il répondit :
  -Les duos ne sont-ils pas sensés passer TOUTE la soirée ensemble, Monsieur Attal ?

Gabriel soupira et passa une main sur son visage, exaspéré par la fausse obéissance de l'homme en face de lui. Mais pourtant, l'invitation implicite de Bardella a rentrer dans son jeu le tentait terriblement. Il voulait pousser le jeune homme dans  à bout, dans ses retranchements pour voir quand est-ce qu'il allait craquer. C'était dangereux, même pour lui, mais il voulait à tout prix voir l'autre abdiquer.

-Donc vous allez jusqu'à m'accompagner aux toilettes ?
-Absolument, confirma l'italien.

Attal lui lança un regard plein de défi, parfaitement conscient de ce dans quoi il se lançait. Il haussa les épaules, pour laisser paraître qu'il s'en foutait. Il entra dans une cabine de toilette sans verrouiller derrière lui.

Gabriel savait que Jordan savait.
Jordan savait que Gabriel savait.

Le président du RN jura dans sa barbe. Il ne pouvait pas perdre à ce jeu. Il acceptait évidement que parce qu'il ne voulait pas perdre, voyons. Il essaya de se rassurer. Gabriel lui faisait faire des choses encore inédites et qui l'effrayait. Il avait peur de jusqu'où est-ce qu'il pourrait aller.

Alors dans un élan de courage, il se déplaça vers la cabine de toilette. Il y entra pour verrouiller derrière lui. Attal était debout contre un mur alors il se colla à l'autre. Leurs corps étaient quand même presque collés à nouveau et ils ne réclamaient que la proximité de l'autre. La tension monta à nouveau, la chaleur grimpa sans prévenir et leurs réflexions se firent moins constructives.

Ils se toisèrent pendant un moment, tous deux attendant que l'autre brise le silence. Les lèvres de Jordan le démangeait. Il voulait ressentir le souffle chaud de la respiration de Gabriel sur les siennes, il voulait sentir sa peau rosée sur la sienne, il voulait goûter à sa salive et goûter à ce mélange. Une pointe de culpabilité se pointa dans son ventre. Il ne pouvait pas ressentir de telles choses pour un garçon.

-Vous êtes fier de vous ? demanda Gabriel, joueur.
-Je ne fais que respecter les règles, Monsieur Attal, s'indigna le plus jeune.
Gabriel ria avant de déclarer :
-Si vous respectiez vraiment les règles vous ne seriez pas dans une cabine de toilette, en train de flirter avec le Premier Ministre avec la barre.
-Objection, votre honneur. C'est le Premier Ministre qui me tend des pièges, s'excusa Bardella, un large sourire aux lèvres.
-Le Premier Ministre ne fait que se défendre face aux assauts de son assaillant, pourtant, Monsieur Bardella.

Jordan rigola du nez, sincèrement.
Il se balança en avant, posant un bras à côté de la tête de Gabriel. Il essaya de prendre un air sûr de lui, alors qu'il crevait d'envie de se jeter dans les bras de l'autre.

  -Et je suis accusé de quoi, au juste ?
  -Mmh...commença Gabriel, il s'agirait que c'est à cause de votre comportement de "fauteur de trouble".
  -D'accord, très bien. De quelle peine écoperais-je ? demanda un Jordan impliqué.
  -La maximale, sans aucun doute, répondit Attal.
  -Oula, vous ne vous trouvez pas un peu trop sévère ?
  -Absolument pas. Il faut punir les mauvais garçons de votre genre, dit le plus vieux avec aplomb.
  -Je suis un mauvais garçon, moi ? s'indigna Jordan en levant les sourcils.
  -Très mauvais.
  -Alors être autant un très mauvais garçon jusqu'au bout...

Au delà de la politique Où les histoires vivent. Découvrez maintenant