Chapitre 11

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-La soirée est loin d'être finie mais elle m'exaspère particulièrement, on continue chez moi ?

Gabriel failli éclater de rire. Jordan Bardella venait vraiment de lui proposer de passer la nuit chez lui après les événements de la journée ? Il n'en revenait pas. Ne voulant pas s'avouer vaincu de suite, il décida de jouer un peu :

-Qu'est-ce qui vous a bien pu faire croire que j'en avais envie ?
Jordan, un sourire arrogant aux lèvres savourait déjà sa victoire :
-Peut-être votre comportement de tout à l'heure ? Vous savez, lorsque vous vous êtes mis à bander, ou bien lorsque vous m'avez invité dans les toilettes silencieusement, ou encore, lorsque pendant qu'on s'embrassait, vous avez agrippé mes vêtements pour me coller contre vous...Dois-je vraiment continuer, Monsieur Attal ?

Gabriel, après un moment d'hésitation suite à la vérité qui se trouvait déjà lui, demanda :
-Dois-je en conclure que c'est ce que vous voulez aussi, Bardella ? C'est drôle, je ne me souviens vraiment pas d'un Jordan avec les LGBT, encore moins un qui en fait partie...

Outch.

-Monsieur Attal, vous voulez vraiment jouer à ce genre de jeu, maintenant ? menaça Bardella.
  -Vous savez, commença le plus petit, ce n'est pas moi qui serait en mauvaise posture face à ce genre de jeu...

Jordan soupira, exaspéré.

  -Vous êtes un vrai gamin, Attal. Je vous propose une trêve...
Gabriel le coupa sans aucune hésitation :
  -Une trêve ? Je dirai même une union, à ce train là...

Jordan bouillonnait intérieurement. Beaucoup d'émotions, toutes plus noires les unes que les autres, l'envahissaient pour l'empêcher de réfléchir correctement. Énormément de parasites se bousculaient dans ses pensées pour que tout devienne flou, impalpable.

Le doute l'envahît, il avait donné à son adversaire une confiance inouïe, bien que ce ne soit pas son genre. Il s'était laissé aller à l'impression de contrôle qu'Attal lui donnait, pensant que rien ne pourrait être divulgué, qu'un accord s'était fait sans qu'il ne soit prononcé.

La douleur revint au galop, s'infiltrant dans ses veines pour la répendre partout. Sans aucun avertissement, tout devint lourd, y compris son propre poids. La pièce se mit à se refermer sur lui, le fardeau de la trahison était trop dure pour lui. La goutte d'eau qui fait déborder le vase, comme on dit.

Attal était là à l'observer. Il avait bien compris le tumulte intérieur de l'homme à côté de lui. Seulement, il ne savait pas comment réagir. Il aurait voulu le prendre dans ses bras, l'emmener loin de la foule, pour le laisser respirer. Lui seul savait mieux que quiconque que le désespoir sonnait à toute porte et à n'importe quelle heure. Il suffisait juste d'un mot, d'un instant. Il songea aussi à juste simplement s'excuser, mais il était conscient qu'un simple pansement sur une plaie infectée ne suffirait jamais.

Il voulait tester les limites de son cadet, sans aucune retenue. Il souhaitait savoir jusqu'à où leur jeu pouvait bien aller, s'il pouvait se frayer un chemin dans les abysses profondes de chacun ou bien s'il devait sillonner sur les vagues des apparences. Seulement, bien trop emporté dans une énergie malsaine et perverse, il se laissa dicter par une voix bien trop sombre, dépassant la raison.

Il venait de commettre tout ce qu'il s'était promis de ne jamais faire.

  -Bardella, tout va bien ? demanda Éric Ciotti par acquis de conscience.

D'un seul coup, l'attitude du concerné changea. Il se redressa, laissant plus de place à son incroyable carrure, décroisa ses bras pour les mettre dans ses poches de la manière la plus naturelle, éteignit cette lueur morbide qui laissait refléter une tempête qui se baladait dans son regard et afficha son plus beau sourire à la place de la moue tracassée qui s'était emparée de lui quelques instants plutôt.

Au delà de la politique Où les histoires vivent. Découvrez maintenant