Chapitre 18

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La journée avait bien sûr repris son cours après cet échange téléphonique. Jordan avait raccroché en pressant son amant, lui ordonnant de se dépêcher. Ils avaient ri tous les deux de la bêtise du Premier Ministre, comme des enfants.

Quand l'heure de commencement des débats allait sonner, Gabriel Attal s'immisça dans la salle en pensant passer inaperçu. Cependant, il croisa directement le regard de Jordan. Une certaine complicité naissait entre eux, après leur connexion dont ils avaient toujours du mal à se remettre.

Jordan prit son téléphone, profitant des dernières minutes de calme avant la tempête. Ses adversaires avaient pu préparer leurs répliques, leurs offensives et consolider leurs défenses hier soir. Et, après le coup qu'il leur avait fait hier, c'était certain, il allait s'en prendre plein la gueule. La journée le fatiguait déjà.

"Je vous ai vu, Monsieur Attal. Vous êtes en retard."

Avant que le concerné ne prenne son portable, leurs regards se croisèrent encore une fois. Un lien se tissait entre eux, lentement, à chaque interaction qui n'avait rien à voir avec l'amour. L'un apprenait à connaître l'autre, jouant avec les complexités de la personnalité de l'homme en face de lui. C'était un lieu sûrement bien plus stable que l'amour. Tout deux avaient ça dans leurs vies, mais le mélanger à cet amour plus qu'explosif, c'était sublime.

Même s'ils avaient déjà l'impression de se connaître, ils prenaient le temps de se découvrir.

Ils n'avaient encore jamais tissé de lien d'amitié. Ils avaient sympathisé, certes, mais pouvons-nous réellement parler d'amitié après quelques poignées de mains et une conversation d'1h30 dans un avion ?

"Je ne suis pas en retard."

Le plus petit n'attendit pas une seule seconde pour écrire sa réplique.

"Théoriquement, vous l'êtes. C'est stipuler dans le règlement, vous savez ? « Vous devez être 15 minutes à l'avance »."

"Depuis quand Jordan Bardella peut-il se permettre de parler du règlement lorsque déjà, le retard est en partie de sa faute et qu'il ne se pointe même pas les trois quarts du temps ?"

Gabriel testait les limites du petit. Bien que hier soir et ce matin avaient été synonyme de douceur, le jeu était toujours d'actualité. Aucun n'avait encore perdu ou gagné, mais le Premier Ministre était bien déterminé à renverser le jeu en sa faveur.

"Depuis qu'il a couché avec le Premier Ministre."

La réponse avait été expédiée directe, sans aucune hésitation. Ils savait que cette réponse allait provoquer de l'étonnement chez son amant, et il jubilait déjà. Il le guettait, à l'affût de sa réaction.

Comme si Attal savait que Bardella l'observait, il se contenta de lever les sourcils et de légèrement écarquiller les yeux. Pourtant, intérieurement, ce message avait provoqué une chute de glace phénoménale, entraînant des catastrophes dans son océan.

"Ne vous sentez pas pousser des ailes pour autant, il y en a eu bien d'autres avant vous."

Gabriel souleva son regard vers Jordan en appuyant sur "envoyer". Il lui sourit, parfaitement conscient des mots qu'il venait d'écrire, agrémentant le tout d'un clin d'œil bien trop assuré. De la provoc pure et dure.

Jordan ne put se retenir de rire jaune face à se message. Même s'il savait que ce n'était que de la provocation, il ne put nier qu'une part de vérité résidait sûrement dans ce message. Cela ne lui plaisait évidemment pas. Bien qu'il se doutait que Gabriel devait avoir eu d'autres expériences avant lui, qu'il lui dise qu'il n'est pas le seul le rendu inhabituellement jaloux.

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