Chapitre 9

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Gabriel soupira en acceptant la coupe de champagne qu'il ingéra d'une traite.

  -Et bien, vous ne semblez vraiment pas ravi de me voir...balança Bardella, toujours un sourire détestable aux lèvres.
  -En effet, se contenta Attal.

Ils se fixèrent sans un mot de plus. L'ambiance était gênante et aucun des deux ne semblait savoir apaiser les émotions tout autant négatives que positives qui trônaient en eux. Gabriel n'était pas ravi de voir Jordan Bardella devant lui, un sourire arrogant aux lèvres comme s'il avait fait exprès de piocher le même tissu que lui, et Jordan jubilait intérieurement face à la réaction du Premier Ministre.

  -Bon, puisque vous n'avez pas l'air apte à la conversation, je vous propose qu'on aille danser, comme ça c'est fait, essaya le plus jeune.

Attal toisa un moment Bardella. Il était sérieux ? Ils allaient vraiment faire cette danse ?

  -Je n'ai aucune envie de danser avec vous, Bardella.
  -Oh mais pourtant ce n'est pas moi qui l'ai décidé, ce sont les règles, Monsieur Attal, vous devriez le savoir, dit-il d'un ton faussement innocent.
  -Parce que vous respectez les règles ? s'indigna le plus petit.
  -Absolument, affirma l'italien avec aplomb.

Gabriel ricana jaune, depuis quand Bardella se foutait de sa tête à ce point ?

  -Arrêtez de vous foutre de moi, Monsieur.
  -Oh mais Monsieur Attal, détrompez vous, je ne me moque pas. Je ne vous savais juste pas comme ça.
  -Comment ? demanda Gabriel, la curiosité piquée au vif.
  -Aussi...eum...comment dirais-je ? commença Jordan sur un ton qui imitait l'hésitation, toujours aussi sûr de lui. Téméraire ?
  -Comme je vous l'ai déjà dit, Bardella, vous ne savez pas de quoi je suis capable et je pense que vous ne vous imaginez pas à quel point vous ne me connaissez pas, se braqua le Premier Ministre.
Jordan abaissa le son de sa voix pour qu'elle ne soit plus qu'un murmure, il se pencha vers Attal et d'une voix enjôleuse demanda :
  -Alors laissez-moi apprendre à vous connaître lors de cette soirée, Monsieur Attal...

Jordan se redressa, fier de lui. Gabriel, lui, était bien plus perturbé par l'homme en face de lui qu'il ne laissait paraitre. Il avait de nouveau pu sentir l'odeur si particulière de son opposant et avait dû retenir un soupire de satisfaction. Ses muscles s'étaient contractés à cause de leur proximité, parce qu'ils avaient enregistré le déferlement de sensation qu'ils avaient ressentis lors des rares fois où Jordan avait eu un maigre contact physique avec Attal. Il ne trouva pas de réponse adéquate face à cela assez rapidement, il vit bien que le jeune en face de lui se délectait de cette petite victoire silencieuse. Seulement, le plus petit était bien déterminé à ne pas se laisser faire de la sorte.

  -Vous pensez être tellement bon que pour apprendre à connaître vraiment quelqu'un en une soirée à peine ?
  -Monsieur Attal, je pense que vous aurez remarqué que rien ne me résiste...
  -Vous êtes détestable, Bardella, affirma Gabriel du tac au tac.

Jordan laissa échapper un rire qui captiva Gabriel quelques secondes. C'était toujours un spectacle, un moment captivant quand le plus jeune riait pendant une conversation avec le plus vieux. Son rire s'infiltrait dans chaque cellules du corps du Premier Ministre et ce dernier était au fond de lui un peu déçu quand le rire s'estompa.

  -On verra si vous direz toujours ça à la fin de la soirée.
  -Qu'est-ce que vous avez derrière la tête ? demanda Gabriel, perdu.
  -De vous prouver que je ne suis pas le connard que vous pensiez que je suis, tout simplement...

C'était un aveu résonnait bizarrement en Gabriel. Cela n'avait rien de surprenant qu'une personne veuille montrer sa juste valeur, mais entre opposant ? Qu'est-ce que ça allait bien pouvoir leur apporter ?

Au delà de la politique Où les histoires vivent. Découvrez maintenant