Chapitre 1

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Des tas de feuilles pliées jonchaient le sol, la cravate du premier Ministre avait également valsé tellement il se sentait à l'étroit dans son costume, la carafe d'eau reversée sur le bureau : un vrai carnage.

Le débat approchait à grand pas, perturbant Attal un peu plus chaque minutes qui passaient. C'était son ultime chance de passer devant Jordan, sa seule et unique. Il se devait de passer devant ce petit merdeux de 28 ans et son parti déplorable, selon ses dires. Trois coups raisonnèrent pile quand il lança une nouvelle boule de papier :
-Entrez ! Ordonna Gabriel d'une voix forte en relevant la tête.

Dans l'entre bâillement de la porte se glissa Isabelle, sa nouvelle secrétaire qui demanda :
-Euh, je vous dérange ? En examinant l'état minable du bureau.
-Non,non, du tout. J'ai toujours besoin de vos aides, Isabelle, déclara Gabriel Attal en souriant.

La secrétaire s'approcha en essayant de ne pas marcher sur le papier mais c'était peine perdue.
-Il semblerait que Jordan Bardella adopterai une nouvelle stratégie pour le débat de vendredi, monsieur.
-Êtes-vous vous certaine ? Demanda le premier Ministre, en proie à l'angoisse qui pointait son nez dans ses entrailles.
-Pas vraiment...

Gabriel prit une grande inspiration et balança sa tête dans ses mains avant de répondre un peu trop froidement :
-Je ne vous retiens pas, Isabelle.

Depuis quelques temps maintenant, la pression était devenue trop forte. Il adorait son rôle, mais pas tout ce qui allait avec. De nature sensible et intrépide, Gabriel assez insouciant dans ses débuts pensaient pouvoir passer au dessus de tout ça, que la passion allait obligatoirement l'emporté face à l'aigreur de ce monde. Il s'était bien planté. La fatigue le condamnait un peu plus chaque jour, ses cernes étaient tellement présentes qu'elles avaient virées au violet, maintenant ; et c'était tellement habituel que plus personne ne lui faisait remarqué. Ses réflexions étaient altérées par la fatigue et l'odeur du café qui lui agressait le nez chaque matin trop tôt au réveil.

Attal ne savait plus où donner de la tête, à présent. Il avait tellement étudié son concurrent ces derniers temps qu'apprendre que ses efforts ne serviraient potentiellement à rien venait de l'anéantir. Il devait prévoir plusieurs options, plusieurs échappatoires face à Jordan qui n'allait pas lui laisser un seul moment d'hésitation. Tout se retournait contre lui vendredi soir. Tout. Il était bien conscient de l'enjeu et donc des coups bas qui allaient se dérouler. Si le moment présent était costaud, le pire reste encore à venir...

Gabriel avait pourtant l'habitude de cette pression. Dans son enfance, bien avant que la passion de la politique ne pointe le bout de son nez, il avait subit un peu plus chaque jour le poids de la souffrance. Insultes, injures, menaces, Attal était un enfant harcelé qui avait passé des heures atroces emmitouflé dans ses draps en se demandant pourquoi lui. Il n'en avait parlé à personne, même pas à ses parents. Il avait peur de les décevoir, que son comming out ne soit pas accepté, que son plus gros repère le rejette. Il ne voulait pas prendre ce risque dans ce moment de sa vie. Gabriel s'était battu pour que ces brutes ne lui prennent pas son insouciance. Pendant des années après, il avait fait face à ses démons qui ressortaient un à un, mais ils n'ont pas eu raison de lui et il est devenu l'homme fort qu'il est aujourd'hui.

Bardella était grand, fort, large d'épaule, en somme, imposant physiquement aux yeux de Gabriel. Il dégageait une importante présence, de celles qui, dans un jeu de regard, vous font vaciller. Jordan savait s'imposer rien que par sa prestance, son assurance naturelle et sa foutue arrogance qui faisait bien de lui un jeune homme politique. "Aucun n'est plus fort que moi, je suis le meilleur, je les écrase". Devise certainement sponsorisée sans réflexion nécessaire par Jordan et sa fougue des débuts, bien évidemment.

Au delà de la politique Où les histoires vivent. Découvrez maintenant