L'un des serviteurs dépose le dernier carton qui contient mes affaires dans la voiture et je me tourne vers mes parents. Un sourire attendri étire mes lèvres carmin en voyant que des larmes mouillent leurs visages. Dès notre retour de Gliocas, il y a déjà deux semaines, Maé m'a proposé que nous nous installions ensemble. Comme je ne voyais pas mon quotidien sans lui à présent que nous avions passé un mois côte à côte, j'ai accepté et les préparatifs pour notre déménagement ont démarré dès que j'ai foulé le sol de la villa familiale. Maé a mis un peu temps pour guérir de ses blessures, mais à présent qu'il est en pleine forme, il supervise les allers-retours entre notre demeure et celle de mes parents dès que nos journées à la cour sont achevées.
— Le petit oiseau quitte le nid, couine ma mère en reniflant de manière peu élégante.
Elle me serre contre sa poitrine de toutes ses forces et je referme mes bras autour d'elle dans un petit rire.
— Tu vas beaucoup me manquer, ma chérie, mais je suis fière de toi. Tu es devenue une jeune femme respectable et tu t'es trouvé un mari à la hauteur. Je compte sur toi pour me donner des nouvelles de temps à autre... et un petit-enfant d'ici peu.
— P... pardon ? M... mais...
Je ne prends pas la peine de finir ma phrase, de peur que ma mère me bassine à ce sujet, lui tapote le dos, puis me dégage de son étreinte soudain trop étouffante avec un sourire crispé. Mon père m'enlace à son tour après avoir donné une tape virile à Maé.
— N'hésite pas à revenir nous voir si quelque chose ne va pas, me murmure-t-il à l'oreille, comme s'il souhaitait que je sois la seule à l'entendre. Tu seras toujours la bienvenue ici. Ce sera toujours ta maison, même si tu ne vis plus chez nous.
Émue par ses mots, je le serre aussi fort que mes bras me le permettent, puis une pression sur mon épaule m'informe qu'il est l'heure de mettre les voiles. Je me détache de mon père, embrasse mes parents une dernière fois et grimpe dans l'hippomobile. Maé me rejoint rapidement après avoir salué ma famille et referme la porte dans son dos.
— Ils t'aiment beaucoup, me souffle-t-il en déposant un baiser sur mes lèvres.
Il s'avachit sur son siège et toque contre la paroi, indiquant ainsi au cocher de se mettre en route. Le fouet claque dans les airs. Les chevaux hennissent et frappent le sol dallé de leurs sabots. La voiture s'ébranle et le paysage commence à défiler par la fenêtre. Mes parents disparaissent bientôt à l'horizon et une larme perle au coin de mon œil.
— Tu pourras les revoir quand tu iras à la cour. Ça ne t'est pas interdit, pouffe Maé en se penchant vers moi pour récolter cette goutte salée. Et puis, on pourra dîner chez eux quand tu veux. Ou ils pourront venir dès qu'ils le désireront.
— Merci, reniflé-je avec un petit sourire.
Une fois que je me suis essuyé les yeux, je pose ma tête sur son épaule et regarde les paysages se succéder à travers la vitre. Ce n'est pas très intéressant, car ils se ressemblent tous, mais cela me permet de penser à autre chose.
— On va habiter dans le coin ? demandé-je en remarquant que nous ne quittons pas la capitale.
— Oui. Ma maison se trouve à la périphérie de la ville. Je l'ai héritée de mes parents. Ils sont partis rejoindre leurs ancêtres hors de Calpa. Tu verras, la vie y est agréable. Et les souvenirs sont nombreux, alors je n'ai pas eu le cœur à la vendre. Elle assistera à la naissance d'une nouvelle génération de ma famille.
Son rire joyeux emplit l'habitacle et mes oreilles me brûlent alors que l'image de nombreux enfants, tantôt la copie conforme de Maé tantôt la mienne ou encore un parfait mélange entre nous, s'imprime sur ma rétine.
— Je... je ne pense pas être prête à avoir des enfants pour le moment...
— On ira à ton rythme, me sourit-il de toutes ses dents. On est encore jeunes. Le temps, c'est pas ce qu'il nous manque. Ne t'en fais pas.
J'acquiesce, gênée par notre différence de maturité et à la fois touchée qu'il ne me presse pas. Je soupire d'aise alors que le silence reprend ses aises. Maé a passé un bras autour de mes épaules. Le mouvement de balancier de la voiture et le bruit régulier des sabots qui claquent contre le sol m'ont calmée. La fatigue du déménagement me rattrape et je ne parviens pas à lutter contre l'appel du sommeil.
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Blood & Flowers 2 - Rose & Thomas
Werewolf[Tome 2 de "Blood & Flowers"] /!\ Un chapitre tous les mardis et vendredi à 19h00 /!\ Rose doit quitter son train-train quotidien. Henri, son père, devient un soldat de la garde royale et Lila, sa mère, la suivante de la Marquise de Dikaizosyni. Pou...