Les jours passent et les bouquets de fleurs ainsi que les missives affluent. Pourtant, aujourd'hui, le soleil est couché depuis longtemps et je n'ai toujours rien reçu de la part de mon admirateur secret... En même temps, les derniers vers qui sont arrivés de sa part formaient une strophe complète. Et semblaient aussi pouvoir terminer un poème. Je bondis sur mes pieds et rejoins la table sur laquelle trônent les roses bordeaux. Je fixe le bouquet de vingt-quatre fleurs qui m'a été livré deux jours auparavant et celui composé de trente-six roses reçu la veille.
Le dernier, à cause du nombre de fleurs qu'il contient, peut être interprété comme un message d'adieu. Grâce aux recherches que j'ai menées sur le sujet, je comprends à travers ce bouquet que mon admirateur n'oubliera jamais nos moments romantiques, mais en y repensant bien, je n'ai jamais passé de tels instants avec quelqu'un. Pas même avec Maé : nous nous contentons de nous balader dans les jardins et de parler de tout et n'importe quoi. Je suis vraiment gênée que mon admirateur secret ait pu mal interpréter certains de mes paroles ou gestes...
Je soupire, dépitée, et m'empare des deux dernières missives pour les relire ensemble.
Je cède face à ton sourire
Rayonnant, à nos précieux souvenirs,
À ton honnêteté tranchante
Et à tes attentions bienveillantes.
Qu'est-ce qu'il veut dire par « Je cède » ? Est-ce qu'il va partir et arrêter de m'envoyer des fleurs et des poèmes ? Ou, au contraire, compte-t-il se déclarer ?
Une scène de moi et Maé dans les jardins du palais défile devant mes yeux. Je l'imagine me prendre dans ses bras et me dire à quel point il tient à moi... et qu'il désire que notre relation aille plus loin. Rien qu'à cette idée, mes joues s'enflamment et je dépose les lettres sur la table avant de m'en détourner.
C'est impossible... Il ne s'intéresserait pas à une gamine comme moi. Mais, si ça se trouve... Non ! Rose, ça suffit ! Arrête de te faire du mal pour rien ! Arrête de prendre tes fantasmes pour la réalité.
Je pousse un soupir à fendre l'âme, m'approche de ma bibliothèque et choisis un livre au hasard. Je dois me changer les idées avant d'aller me coucher. Sinon je ne parviendrais jamais à m'endormir : mes pensées ne cessent de se bousculer dans mon cerveau et le nombre de mes questions augmente en même temps que les secondes s'écoulent. Et je veux absolument éviter de faire une nuit blanche !
Je retourne à mon lit et m'adosse contre l'oreiller. Couverture sur les cuisses, j'ouvre mon livre et commence à parcourir chaque partie. C'est un ouvrage vraiment intéressant qui traite de l'Histoire du pays et tous les évènements qui l'ont marqué depuis sa création. Ça va du mythe sur les dieux aux familles les plus influentes de chaque région, en passant par les croyances propres à chacune d'entre elles.
Une bonne heure s'écoule sans que je n'avance d'une seule page. Mon esprit est concentré uniquement sur les interrogations qui valsent dans ma tête depuis le début de la journée. Excédée de lire la même ligne depuis le début, je referme brusquement le livre et le dépose sur ma table de chevet. Un soupir frustré m'échappe alors que je m'allonge en étoile de mer. Marguerite ne devrait plus tarder à venir me border et me souhaiter bonne nuit.
Un léger bruit de pas sur la mezzanine me confirme son arrivée. Je suis debout d'un bond. En trois pas, je suis sur le seuil de la porte. Marguerite n'a pas besoin de toquer : je lui ouvre alors qu'elle s'apprête à frapper sur le pan de bois. Un sourire étire ses lèvres et elle tendit me tend un nouveau bouquet de roses bordeaux.
— Oh ! m'exclamé-je en essayant tant bien que mal de canaliser mon excitation et ma joie. Merci, Marguerite !
Je la débarrasse, compte vingt roses et rentra dans ma chambre, ma servante sur ses talons. Lorsqu'elle me présente un vase rempli d'eau, j'y plonge les fleurs, puis fouille entre leurs têtes à la recherche de la nouvelle missive. Je lâche un petit cri heureux lorsque mes doigts rencontrent le papier tant attendu. Je n'arrive pas à y croire ! Le poème n'est donc pas fini ! Même si je n'en connais pas l'expéditeur, je suis toujours très extatique de le recevoir. C'est ingrat envers lui, ou elle, mais je ne peux pas m'empêcher d'imaginer que c'est Maé qui me l'envoie. Je m'empresse d'ouvrir et de lire la lettre, mais tombe des nues quand les mots couchés sur le papier s'impriment sur ma rétine.

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Blood & Flowers 2 - Rose & Thomas
Werewolf[Tome 2 de "Blood & Flowers"] /!\ Un chapitre tous les mardis et vendredi à 19h00 /!\ Rose doit quitter son train-train quotidien. Henri, son père, devient un soldat de la garde royale et Lila, sa mère, la suivante de la Marquise de Dikaizosyni. Pou...