Blood & Flowers 2 - Rose & Thomas

Chapitre 26 : ??

Ce n'est pas possible !

Ce. N'est. Pas. Possible !

Il y avait une chance sur cinq pour qu'il soit hors de mon contrôle et, surtout, aussi tôt dans son développement. Comment cela se fait-il que le sort ait donné raison aux aînés, qui m'avaient averti je ne sais combien de fois dès que j'ai accepté la requête de cet homme, alors que je voulais vraiment que cette alliance fonctionne !

Je m'appuie contre le plan de travail, plie les coudes et expulse tout l'air que j'ai dans les poumons. Je n'ai pas le choix... J'ai réussi à lui faire croire qu'elle avait fait un rêve éveillé, que rien de tout ceci n'est la réalité et qu'elle n'a pas à s'inquiéter. Mais je sais parfaitement que c'est la fin de notre histoire.

C'était le deal avec la matriarche, mon père et le reste des têtes pensantes de la meute.

Je peste, agacé par ce que l'avenir nous réserve, et brise le verre à présent vide. Rien ne bouge dans la villa. Les domestiques ont bien trop peur de l'état dans lequel je me trouve en ce moment... Je soupire et fixe la forêt qui entoure la villa. Il va bientôt être l'heure. J'enfile une veste et me précipite vers notre lieu de rencontre habituel.

Dehors, le vent souffle entre les feuillages aux reflets argentés. Les troncs craquent sous la force qu'il met à se faufiler entre eux pour partager sa mélodie grinçante au monde. Il s'aventure dans mes vêtements légers et je ne peux retenir un frisson de dévaler ma colonne vertébrale. Je m'adosse contre un arbre et lève la tête en direction de ma chambre. Je ne perçois pas de cris, de pleurs ou de geignements. Elle s'est rendormie. Au moins, mon explication l'a rassurée...

Je reviens au présent et peste contre le messager. Comme d'habitude, il est en retard... Je vais devoir corriger ça en rentrant dans la meute. C'est pour bientôt. J'ai à la fois hâte, car je vais revoir mes proches, et j'appréhende par la même occasion puisque cela signe la fin de mon histoire avec elle.

De légers bruits de pas me sortent de mes pensées. Je me décolle du tronc contre lequel je me suis adossé. Mon acolyte me fait face, les mains dans les poches et un air amusé peint sur son visage.

— T'es en retard, grogné-je entre mes dents.

— Je suis arrivé, c'est le principal, non ?

Un grondement sourd jaillit des tréfonds de ma gorge, signe annonciateur de la colère qui enfle dans mon cœur.

Je ne saurai dire si c'est uniquement par sa faute ou aussi à l'idée que mon conte de fée est sur le point de se briser.

— Tranquille, mec ! s'exclame-t-il en levant les mains dans l'espoir de me prouver qu'il ne souhaite pas provoquer un combat. Que veux-tu pour me faire sortir si tard de ma tanière ?

— Je rentre la semaine prochaine dans la meute. Je te charge d'amorcer le projet « Folie ». Et de le démarrer le plus tôt possible.