Chapitre 25 : Rose

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La nuit est tombée depuis longtemps et j'ai enfin réussi à endormir mon enfant. Il a seulement trois semaines et reste collé à moi vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Je l'adore, mais j'ai tout de même besoin de mes moments à moi. Dans un soupir, je m'éloigne du lit à barreaux pour rejoindre Maé. Je grimpe sur le matelas et me réfugie sous les couvertures en soufflant de soulagement. Je ferme les paupières d'aise et commence à dériver vers le pays des rêves, mais une masse m'écrase, me coupant presque la respiration.

J'entrouvre les yeux pour voir ce qui se passe et plonge dans l'azur des iris de Maé. Ce que j'y lis me déplaît à moitié. Je serre les dents, mais ne dit rien. Une grande main calleuse remonte le long de mon corps, lui arrachant des frissons. N'y tenant plus, je le repousse et me recroqueville à l'opposé.

— Ça fait trois semaines, Rose, souffle Maé, l'air blessé. Le médecin a dit qu'on peut recommencer à avoir des rapports sexuels.

— Désolée, murmuré-je, je n'ai pas envie de retomber enceinte...

Un silence de plomb s'abat sur la pièce. Seul le grincement des arbres sous les assauts du vent comble ce vide acoustique. Je déglutis et finis par poser mon regard sur Maé. Une veine martèle la peau de son front. Ses yeux lancent des éclairs. Et sa bouche est figée en une ligne crispée.

— Je peux me retirer avant de venir, ça réglera la...

— Ma mère m'a appris que cette solution n'est pas fiable.

La preuve avec Adrian, ai-je envie de lui cracher à la figure.

Mais j'aime beaucoup trop mon fils pour dire cela. Même s'il n'est pas arrivé au bon moment, il est devenu ce que j'ai de plus précieux au monde. Maé lève les yeux au ciel en poussant un soupir.

— Les médecins ont aussi dit que l'allaitement faisait office de contraceptif naturel pendant six mois. Et, si tu veux être encore plus sereine, j'ai acheté ça.

Il se lève, nu comme un ver, et se dirige vers l'une des armoires. Je ne peux m'empêcher de détourner le regard, gênée. Quand il revient à mes côtés, il tient dans sa main une sorte de sachet de lin. Un air victorieux est imprimé sur son visage et je sens que ce qu'il va lui m'expliquer ne me plaira pas...

— C'est un préservatif. On le met sur le pénis comme ça...

Il se toucha quelques secondes en me regardant, puis enfile le condom comme s'il avait fait ça toute sa vie.

— Et hop ! Plus besoin de se soucier d'avoir des enfants !

Je ferme les yeux, dépitée face à l'incompréhension dont il fait preuve. Depuis que j'ai donné naissance à notre fils, je me sens plus maman que femme. Mon corps n'a pas encore totalement dégonflé et j'ai beaucoup de mal à m'aimer à nouveau.

— Maé, soupiré-je alors qu'il s'approche à nouveau de moi. Merci d'avoir cherché une solution, mais, pour l'instant, je n'en ai pas envie : je suis exténuée. Bonne nuit, mon amour.

Je l'embrasse furtivement et me retourne, me cachant sous les couettes. Un bras enlace ma taille après de longues minutes et un souffle chaud titille ma nuque.

— Dors bien, Rose.

J'esquisse un discret sourire, rassurée qu'il cesse d'insister. J'ai pu constater, avant de découvrir que j'étais enceinte, qu'il a un appétit insatiable au lit. La main qu'il a passée sur ma taille s'aventure sur mon ventre et dessine de petits cercles concentriques. Cela me détend instantanément et je soupire d'aise en me collant au torse de Maé. Sa respiration lente et régulière me berce et me guide vers le monde des rêves.

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Je cours pieds nus dans la neige. Mais pourquoi est-ce que je cours ?

Blood & Flowers 2 - Rose & ThomasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant