Blood & Flowers 2 - Rose & Thomas

Chapitre 28 : ??

— Tu ne peux pas épouser une humaine ! Tu es l'héritier de notre lignée ! s'écrie le chef de ma famille.

— Si tu viens à procréer avec elle, tes enfants seront des sang-mêlé ! renchérit la matriarche.

Je serre les poings face à leur étroitesse d'esprit. Qu'est-ce que cela peut faire que mes descendants soient des métis au juste ? Je les aimerai et les éduquerai de la même manière... Et puis, le plus important, c'est qu'à force de la côtoyer, j'ai appris à la connaître et à apprécier la moindre modulation de sa voix, chacune de ses mimiques et même ses grimaces lorsque nous abordons un sujet qui ne lui plaît pas.

— Mais je l'aime, me défends-je d'une voix que j'espère pleine de confiance. Vous ne la connaissez pas. Elle est intelligente et pleine de bon sens. La princesse a même expressément demandé à ce qu'elle travaille sous ses ordres.

Un ange passe dans le hall de notre demeure. La matriarche ferme les paupières et appuie ses doigts dessus, les mâchoires serrées. Et notre chef de famille rejette sa tête en arrière, les bras ballants et un lourd soupir secoue son corps. Je pince les lèvres, conscient de la position dans laquelle je les mets, mais je n'en ai rien à faire. C'est elle et personne d'autre.

— Tu aurais dû épouser une femme du clan ennemi, reprend la doyenne une fois assise sur le fauteuil le plus proche de nous, la tête dans les mains. C'était ce qui était prévu dès vos naissances respectives.

— Mais je ne la connais même pas !

— Ça aurait au moins permis de créer une alliance, crache-t-elle en me fusillant du regard. Et notre clan n'en aurait été que plus fort ! Maintenant, c'est chose impossible... Pourquoi a-t-il fallu que tu acceptes la proposition de cet homme ?

Elle siffle en se prenant la tête entre les mains et se balance d'avant en arrière. Le chef de notre clan reste muet et le silence reprend à nouveau ses aises. Je déglutis, mal à l'aise face aux deux piliers de notre famille qui semblent au fond du trou, et me balance d'un pied sur l'autre.

— Matriarche, soufflé-je avec l'impression de devoir me justifier, mon subordonné n'avait pas assez d'argent pour entrer à mon service et j'ai senti un grand potentiel en lui. Il m'a demandé si sa fille irait comme monnaie d'échange en me présentant un tableau d'elle. Je n'ai jamais vu de femme aussi belle et je lui ai proposé qu'on observe la façon dont elle se débrouillerait une fois à la cour. Et étant donné sa montée dans la hiérarchie, je n'ai pas été déçu.

— Mais tu as réfléchi à ce que ça pourrait amener au clan ?

— J'avoue avoir agi sur une impulsion, mais je ne le regrette pas. Je n'ai jamais été si heureux que depuis que je la fréquente.

Un sourire béat étire mes lèvres alors que je repense à tous nos moments passés ensemble. Mon euphorie retombe comme un soufflé alors que le silence serpente à nos pieds pour mieux nous étrangler.

— Le clan est voué au déclin, répète la doyenne en se balançant d'avant en arrière, les yeux exorbités.

— À moins qu'il ne prenne une seconde épouse et se sépare de l'humaine, souffle le chef de famille, comme s'il venait d'avoir l'idée du siècle.

Nous sursautons et nous tournons dans sa direction. Il est resté muet si longtemps que nous en avons oublié sa présence !

— Comme ça, s'excite-t-il alors qu'un plan se met en place dans sa tête, sa promise deviendra sa seule et unique femme et leurs enfants ne seront pas des métis.

— On ne peut pas rompre un mariage, siffle la matriarche. Encore moins quand il a eu lieu devant les souverains.

— Vous savez quand même que je vous entends ? les interromps-je, pas vraiment rassuré quant à la tournure que prend notre conversation.

— Sauf si l'un des deux partis se révèle être « déviant », continue le chef de clan en m'ignorant, si tu vois ce que je veux dire, Maman.

Un sourire cruel déforme le visage ridé de la doyenne. Ses yeux de fouine se posent sur moi et un ricanement s'échappe de sa gorge. Une goutte de sueur dévale ma tempe et je me retiens à grand peine de l'essuyer.

— Voici ce que nous allons faire, mon petit...