Chapitre 8 : Rose

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Je reste silencieuse pendant tout le trajet de peur qu'au moindre mot qui oserait franchir le seuil de mes lèvres, ma mère en profite pour revenir sur notre sujet de discorde. Je me contente de garder mes yeux braqués sur ma fenêtre, croisant les doigts pour que mes parents comprennent que je n'ai pas envie de parler.

— Chéri, commence ma génitrice sur un ton mielleux qui me hérisse les poils d'appréhension, nous avons reçu une lettre de la famille royale ce matin.

Et aller ! Pile le sujet que je voulais éviter... Espérons que mon père réussisse à freiner son obsession pour cette fichue missive.

— Vraiment ! Que disait-elle ?

Je ferme les paupières, agacée qu'il la pousse sur ce chemin et en même temps compréhensive qu'il cherche à en savoir plus. Après tout, ce n'est pas tous les jours que nous recevons du courrier de nos dirigeants.

— Elle était pour Rose. Elle affirme qu'elle est de la part de la princesse, qui tient à ce que notre fille devienne sa suivante.

— C'est magnifique ! s'extasie mon père. Rose, je suis très fier de toi ! Lors de ta première semaine, tu as été sous les ordres d'une des favorites du roi et, maintenant, tu vas être la suivante de la princesse héritière...

J'ouvre les yeux et rosis de plaisir face à ses propos. Lui, au moins, me félicite sans m'asticoter. Contrairement à ma mère...

— Je n'ai cependant pas pu vérifier la véracité de ses propos, le coupe cette dernière. Rose refuse de me laisser lire cette lettre.

Mon père explose d'un rire tonitruant. Il met un bout de temps à se calmer à cause de ma génitrice qui le fixe d'un air contrarié.

— Ma douce, soupire-t-il tandis qu'il reprend lentement son souffle, je ne pense pas que tu aurais aimé que tes parents lisent ton courrier. Surtout si cela venait d'une personne de haut rang... et encore moins lorsque c'était les miennes.

Piquée au vif par sa remarque, ma mère s'empourpre, tourne la tête vers la fenêtre et se plonge dans un mutisme en prétextant admirer le paysage qui défile. À un moment, elle croise le regard amusé de mon père dans la vitre et ferme les paupières pour en faire abstraction. Le rire de mon paternel s'élève à nouveau dans l'habitacle et ma génitrice fronce les sourcils.

Je ne peux empêcher un sourire de se dessiner sur mon visage face à la scène qui se joue devant moi. Voir mes parents se chamailler est quelque chose de totalement inédit et je m'amuse des réactions de ma mère. Je remercie intérieurement mon papa tandis qu'il embrasse sa joue. Lorsqu'il se redresse, nos regards se croise et il m'adresse un clin d'œil, comme s'il avait deviné mes pensées. Je me fais toute petite pendant le reste du trajet en espérant qu'ils oublieront ma présence et se contenteront de roucouler jusqu'à ce que nous arrivions.

Lorsque le bruit des sabots des chevaux cesse, mon paternel redevient sérieux. Ma mère revêt son costume de femme froide et hautaine qu'elle arbore à la cour. Quant à moi, j'enfile un masque d'indifférence et de candeur destiné à tromper les hyènes et les vipères qui peuplent ce territoire. Mon père descend de la voiture en premier, remercie le cocher et nous invite à le suivre.

Une fois que j'ai mis pied à terre, je salue mes parents et m'éloigne d'un pas dansant vers les jardins. Comme indiqué dans la lettre de la princesse, je me dirige vers la fontaine aux loups et hausse un sourcil quand je découvre qu'il n'y a personne...

Je soupire et m'avance vers elle. L'eau coule sans discontinuer de la gueule ouverte d'une sculpture de loup. Elle est très réaliste et j'aurais pu croire qu'une véritable bête avait pris place au centre de la fontaine si je n'avais pas aperçu une fissure dans la pierre blanche qui compose cette œuvre d'art. L'animal ne parait pas agressif au contraire même : sa tête est dirigée vers le ciel, gueule ouverte en un léger O, comme s'il...

Blood & Flowers 2 - Rose & ThomasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant