Seules dans l'Adversité

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Dès l'aube, j'ai décidé de me rendre à l'hôpital privé d'Abidjan. La ville se réveillait lentement, avec ses rues encore baignées dans la fraîcheur matinale. Le soleil, encore timide, promettait une journée chaude et agitée. J'avais une mission claire : obtenir toutes les informations possibles pour les soins de Marc Arthur.

Quand je suis arrivée à l'hôpital , j'ai été accueillie par une réceptionniste avec un sourire poli mais un air un peu fatigué.

« Bonjour, je voudrais parler à un médecin à propos de soins pour une personne atteinte de drépanocytose. »

Elle m'a regardée de haut en bas et a demandé, « Donnez-moi votre carnet de santé, s'il vous plaît. »

Je l'ai regardée, un peu surprise, et je lui ai répondu en riant doucement. « Ah non! Je ne suis pas la malade ici, c'est pour un ami. Je ne viens pas pour me faire soigner, mais pour savoir combien ça coûte pour lui. »

La réceptionniste a ri avec moi, secouant la tête. « Oh, pardon ! Vous allez patienter cinq minutes, le médecin va vous recevoir. »

J'ai attendu, m'asseyant dans la salle d'attente. Le lieu était très propre, mais aussi assez impersonnel, avec des chaises alignées comme dans une salle d'examen. Les murs étaient décorés de posters sur la santé, mais ils semblaient un peu trop modernes pour moi.

Après quelques minutes, une infirmière est venue me chercher. « Suivez-moi, le Dr. Koffi est prêt à vous parler. »

Je l'ai suivie jusqu'au bureau du médecin. En entrant, je vis un homme en blouse blanche, les cheveux soigneusement coiffés, assis derrière un bureau couvert de dossiers.

« Bonjour, docteur. Je suis Maureen. Je viens me renseigner sur les soins nécessaires pour un ami atteint de drépanocytose. »

Le Dr. Koffi a hoché la tête en signe de compréhension. « Bonjour, Maureen. Qu'est-ce que vous voulez savoir ? »

Je me suis lancée dans les détails. « Alors, voilà le truc. Mon ami Marc Arthur est malade, et on a besoin de savoir combien ça va coûter pour le traiter ici. On parle de transfusions, de consultations, tout ça. »

Le Dr. Koffi a commencé à expliquer, « Eh bien, pour la drépanocytose, le traitement peut être assez coûteux. Les transfusions sanguines, les consultations spécialisées et d'autres soins peuvent monter à environ 3 millions de francs CFA. »

Je l'ai écouté avec attention, le cœur serré en entendant le montant. « Et vous pensez que c'est faisable si on organise une collecte de fonds ? »

Le médecin a réfléchi un instant. « Une collecte de fonds peut aider, mais il faut être prêt à couvrir tous les frais, y compris les imprévus. La situation de Marc est assez complexe. »

Je l'ai remercié chaleureusement, mais mon esprit était déjà occupé à calculer comment réunir cette somme colossale. Je suis sortie de l'hôpital, la tête pleine de chiffres et d'angoisse.

J'ai décidé de me rendre directement chez Mensa, J'avais espoir qu'avec elle, on pourrait trouver des moyens pour réunir les 3 millions de francs CFA nécessaires pour les soins.

La chaleur d'Abidjan semblait oppressante, et chaque pas vers sa maison me paraissait plus lourd. Arrivée, je trouvai Mensa et Bérénice assises dans le salon, profitant de la fraîcheur relative de la climatisation. Bérénice, avec son accent français, était plongée dans une discussion animée avec Mensa, qui semblait plus préoccupée par son téléphone que par leur conversation.

Je les ai saluées, et Mensa m'a jeté un regard interrogateur, tandis que Bérénice m'a saluée d'un sourire poli. Je me suis installée, prenant une profonde inspiration avant de partager la nouvelle.

« J'ai été à l'hôpital privé hier, » ai-je commencé, les mots pesant lourdement. « Le médecin a dit qu'il nous faut au moins trois  millions pour les soins de Marc. C'est juste pour le traitement initial, pas les imprévus. »

Mensa a levé les yeux de son téléphone, son visage se fermant en une expression de scepticisme. « trois millions ? Maureen, tu veux qu'on fasse quoi ? Tu penses vraiment pouvoir réunir une telle somme toute seule ? »

Bérénice, un peu déconnectée, a essayé de calmer le jeu. « Peut-être qu'on peut explorer d'autres solutions... »

Mais Mensa l'a coupée, le ton sec. « Bérénice, laisse. Maureen, c'est irréaliste. Même si on fait un effort, on risque pas d'atteindre cette somme. Franchement, tu penses qu'on peut se permettre ça ? »

Je me suis redressée, le cœur lourd. « Mensa, c'est pour Marc, notre ami. On peut pas le laisser comme ça. Si on essaie pas, on saura jamais. Il a besoin de nous. »

Mensa a soupiré, un sourire amer aux lèvres. « Maureen, tu veux vraiment qu'on se ruine pour ça ? Chacun a ses propres soucis. Moi, je vais pas sacrifier tout ce que j'ai pour un rêve irréalisable. »

Bérénice, sentant la tension, a tenté de trouver une alternative. « Peut-être qu'on pourrait trouver une autre solution... »

Mais Mensa a tranché. « Bérénice, faut être réaliste. Maureen veut sauver son ami, mais elle ne voit pas qu'elle fonce droit dans le mur. La vie n'est pas un conte de fées, et la réalité est souvent dure. »

Les larmes me montaient aux yeux, et j'ai dû me battre pour garder ma voix calme. « Merci, Mensa. Je vois bien que je peux pas compter sur vous. Je vais essayer de faire quelque chose toute seule. »

Je suis sortie, le cœur en miettes. La chaleur d'Abidjan m'écrasait encore plus. Même ceux que je croyais proches se détournaient quand j'avais besoin d'eux. La leçon était amère : parfois, même tes meilleurs amis ne seront pas là pour te soutenir quand tu en as le plus besoin. Mais pour Marc, je devais avancer. Les obstacles n'étaient que des défis supplémentaires pour ma détermination.

La route serait longue et difficile, mais je savais qu'il fallait continuer, même sans le soutien des proches. La vraie force, c'est d'avancer malgré les déceptions.

DJOROKAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant