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Ce matin-là, le soleil était déjà haut dans le ciel, mais il semblait qu'une ombre pesait sur mon cœur. Au CHU de Cocody, l'atmosphère était tendue, oppressante. L'air, lourd et stagnant, était rempli de murmures de détresse et de l'odeur âcre des désinfectants. Tantie Solange avait quitté la salle d'attente depuis un moment, partie parler au médecin pour voir s'il y avait une chance qu'on prenne Marc Arthur. Je savais que là où elle était, elle se battait pour lui, comme elle le faisait toujours, avec cette détermination presque désespérée.

Je restais seule avec Marc Arthur, assise sur une vieille chaise en plastique qui grinçait sous mon poids. Mon corps était fatigué, mais mon esprit refusait de céder. Les cernes sous mes yeux étaient devenues plus profondes, mes lèvres sèches trahissaient ma déshydratation, mais je n'avais pas faim, je n'avais pas soif. Tout ce que je voulais, c'était que Marc Arthur soit pris en charge, que quelqu'un fasse quelque chose pour lui.

Quand je suis sortie pour acheter notre collation habituelle, je marchais comme un automate, les pieds lourds, le cœur serré. Le kiosque de la vendeuse de pain sucré était à quelques pas de l'hôpital. Cette dame, toujours joviale d'habitude, me lança un regard inquiet. « Ma chérie, tu as l'air fatiguée. C'est pour ton petit frère que tu viens encore, hein ? »

J'hochai simplement la tête, prenant le pain et la bouteille de mandarin qu'elle me tendait. « Oui, c'est pour lui, » murmurai-je, mes mots se perdant dans l'air chaud de midi.

En revenant, je trouvai Marc Arthur allongé, le visage pâle, les yeux fermés comme s'il luttait pour rester présent. Quand je lui tendis le pain, il ouvrit les yeux et un faible sourire traversa ses lèvres. Mais ce n'était pas le sourire qu'il avait autrefois, celui qui illuminait nos jours de récréation. C'était un sourire triste, lourd de significations non dites.

« Maureen, » sa voix était presque un murmure, si faible que je dus me pencher pour l'entendre. « Tantie Solange est pas encore revenue ? »

Je secouai la tête. « Non, elle est allée voir le médecin, mais je suis là avec toi. Ne t'inquiète pas. »

Il soupira, un soupir long et profond qui résonnait comme un adieu anticipé. « J'ai l'impression que tout ça c'est trop pour toi, Maureen. Tu as l'air tellement fatiguée. Je veux pas que tu te fatigues pour moi... »

Les larmes me montèrent aux yeux, mais je refusai de les laisser couler. « Ne dis pas ça, Marc Arthur. Tu sais bien que je serais prête à tout pour toi. On a encore des choses à vivre ensemble, tu te souviens ? »

Il détourna le regard, fixant un point invisible sur le mur défraîchi. « Mais... et si je m'en sors pas ? Tu dois être forte, même sans moi. Promets-moi, Maureen, que tu continueras à vivre ta vie, même si je suis plus là. »

Ces mots, prononcés avec tant de douceur, me frappèrent en plein cœur. « Non, arrête de parler comme ça ! » ma voix tremblait. « Tu vas t'en sortir, je te le promets. Dieu va faire quelque chose pour nous. »

Marc Arthur hocha la tête, mais je voyais bien qu'il avait perdu l'espoir. Ses yeux étaient ternes, sans cette étincelle de vie qu'il avait autrefois. « J'espère que tu as raison, » murmura-t-il, mais sa voix manquait de conviction.

Soudain, la porte de la salle d'attente s'ouvrit brusquement. Tantie Solange entra, les épaules affaissées, le visage marqué par la fatigue et la frustration. Elle s'était battue, encore une fois, mais en vain. Derrière elle, la réceptionniste, une femme corpulente avec un air sévère, la suivait.

« Madame , on vous a déjà dit, il y a beaucoup de patients ici. Vous n'êtes pas les seuls. Faites la queue comme tout le monde, » lança la réceptionniste avec un ton sec, presque méprisant.

Tantie Solange se retourna, la colère étincelant dans ses yeux. « On sait que c'est difficile pour tout le monde, mais c'est un enfant malade, vous comprenez ça ? Un enfant ! » Sa voix tremblait d'émotion, mais la réceptionniste haussa les épaules, indifférente.

« Désolée, mais je peux rien faire pour vous. Vous devez attendre votre tour. » Puis elle tourna les talons, nous laissant seuls avec notre désespoir.

Je regardai Marc Arthur, allongé sur cette chaise , si fragile, si fatigué. Je pris sa main dans la mienne, la serrant doucement, comme pour lui donner la force que je sentais m'échapper. « Ne t'inquiète pas, je suis là. On va passer par tout ça ensemble. »

Et tandis que la journée déclinait, laissant place à une nuit incertaine, je continuai de prier en silence, espérant un miracle, une intervention divine qui changerait le cours des choses. Mais au fond de moi, une petite voix chuchotait que le temps nous était compté.

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DJOROKAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant