Alzheimer

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Le temps avait passé, et tout semblait aller pour le mieux dans ma vie. Mes journées à l'école étaient joyeuses, rythmées par les éclats de rire que partageaient avec moi mes amis Mensa et Lysianas. Mais ce bonheur fut de courte durée. Un coup de téléphone bouleversa tout mon univers. Mon grand-père était gravement malade, ce grand-père que j'adorais et qui était pour moi bien plus qu'un simple parent. Ça faisait un an que je n'avais plus eu de nouvelles de lui, un an que je n'avais pas entendu sa voix rassurante. Pourtant, mes prières pour sa santé ne tarissaient pas.

On m'annonça alors qu'il devait se rendre à Abidjan pour soigner sa maladie. Mon cœur se serrait d'inquiétude pour lui, alors que je ressentais également une impatience folle de le revoir. J'avais tant de choses à lui raconter ! Mon école, mes amis, mes rires... Je voulais lui faire découvrir les dernières chansons à la mode, lui demander encore et encore des histoires sur son père, cet arrière-grand-père dont il me parlait tant. Mais une fois en face de lui, je fus dévastée. Mon grand-père avait tellement maigri qu'il m'était méconnaissable. Il me regardait, perdu,

Comment était le voyage, Pépé?" lui ai-je demandé, tout en lui lançant un regard inquiet.

"Je suis fatigué", a-t-il soupiré, me faisant frémir légèrement.

"Ça va aller, Pépé. Tu iras à l'hôpital quand ? Et tu reviendras quand ? Je dois te montrer quelque chose", ai-je répondu, tout en essayant de me rassurer.

"Je n'ai plus trop la forme pour le moment, mais ça va dépendre de ton papa. C'est lui qui décidera. Mais je reviendrai, tu sais. Je n'aime pas les hôpitaux", a-t-il expliqué, tout en posant sa main tremblante sur mon épaule.

"D'accord, Pépé. Tu ne m'as jamais parlé de ta maman", ai-je poursuivi, voulant changer de sujet.

"Ah bon ! Elle s'appelait... " a-t-il commencé, avant de se mettre à me raconter des anecdotes croustillantes de son enfance. J'étais fasciné et j'avalais chacun de ses mots. J'étais allongé sur son épaule, j'entendais sa respiration régulière, je sentais sa main me toucher. Je me sentais en sécurité.

"Ah, ma chérie, je dois y aller maintenant. Ta tante vient me chercher", a-t-il dit en se levant lentement.
Moi : oui pépé, on t'attendra pour la suite de ton histoire. Repose-toi bien et reviens-nous en forme. Je t'aime pépé.

Lui : Je t'aime aussi mau. À bientôt.
Et il est parti avec ma tante. Je suis resté là, allongé sur le canapé, en repensant à toutes les histoires que mon grand-père venait de me raconter. Je me suis endormi en souriant, en sachant que pépé reviendrait bientôt pour terminer son récit.

Plusieurs semaine passèrent et Je n'avais plus de nouvelles de mon ami. J'ai même demandé à ma mère comment il allait. Elle a aussi répondu qu'elle n'avait pas de nouvelles. Nous sommes donc allés chez ma tante l'après-midi. J'en ai profité pour demander comment allait mon pépé.

Moi : Tata comment va pépé ?
Tante : Il va bien, ne t'inquiète pas.
Moi : Puis-je aller le voir ?
Tante : Non, pas pour l'instant.
Moi : Puis-je l'appeler ?
Tante : Non, mais je peux te faire écouter quelque chose.
(Ma tante me fait écouter l'enregistrement de mon pépé)
Moi : Il a tout oublié ? Comment est-ce possible ?
Tante : C'est la maladie d'Alzheimer, ma chérie. Parfois, les gens perdent leur mémoire et leur capacité à penser.
Moi : Je ne comprends pas, cela me rend triste et confuse
Le lendemain à l'école j'ai vu Mensa et lysianas dans le couloir ;

Mensa se mit à rigoler en me voyant arriver en retard.

« Regarde sa tête, t'es en retard hein », s'esclaffa-t-elle.

« On dirait madame a mal dormi, pourquoi tu fais cette tête ? », poursuivit Lysianas avec son sourire charmeur.

« Oui, Maureen Yakoi ? », ajouta Mensa, se moquant gentiment de moi.

« Merci de vous inquiéter pour moi, mais tout va bien. Et toi Regina, c'est le car ou le chauffeur qui t'a déposée aujourd'hui ? », répondis-je taquine.

Mes amis éclatèrent de rire en même temps.

« Mais plus sérieusement, madame qu'est-ce qui se passe ? », demanda Mensa, se faisant plus sérieux.

Lysianas prit le relais : « Nous sommes tes amis, fais-nous confiance. »

j'acquiesçai avant de commencer à leur expliquer la situation avec mon grand-père.

« Oui, ça arrive souvent aux personnes âgées, mais ne t'inquiète pas », me rassura Lysianas.

Mensa ajouta : « Il y a un monsieur qui parlait de ça à la télévision hier soir. Il expliquait justement la maladie. Apparemment, c'est un médecin. »

Mon enthousiasme se mit à pétiller : « Ah bon ? Il disait quoi ? »

« Il expliquait simplement ce que c'était, rien de plus. Mais on pourrait chercher plus d'informations ensemble si tu veux », proposa Mensa avec gentillesse.

Mais cloche sonna, mettant fin à notre conversation.

« Dépêchez-vous, on va être en retard », s'exclama Lysianas en prenant rapidement ses affaires.

Nous partîmes alors en direction de notre salle de cours, complices et rieurs.

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