Un Ange Derrière Les Nuages

Chapitre 30

Ayant le double des clés, je décide d'aller au café un peu plus tôt que mon heure d'arrivée habituelle. Sur place, j'entreprends de ranger tous les ustensiles et les récipients que nous avons laissés sur le plan de travail, nettoyer les bouts de pâtisserie emiettés au sol, réorganiser quelques meubles tandis que j'écoute la playlist enregistré du bar.

Je me sens à l'aise, non intruse. Pour une fois depuis longtemps je me sens enfin à ma place. Et j'espère ça ne le dérange pas.

Je me saisis d'un balais et d'un tablier que je noue autour de ma taille, et commence à rassembler la poussière, les bouts de feuilles et de terre que ramènent les gens à chaque passage ici.

Petit à petit, mon balais se courbe en une gracieuse spirale, confectionne des cercles, mes mains le font danser, mes doigt précisent sa lancée. Je me met moi aussi à bouger, au début, ce n'est qu'un léger balancement des hanches mais je me met vite à tournoyer, me fichant soudainement du ménage à faire. Un besoin de bouger, de vivre. De me sentir...vivante. Vibrer au sein de la musique, désirer l'augmentation du tempo, l'accélération du rythme.

Un besoin aussi vital que de manger, de boire ou de respirer.

Je ferme les yeux, et commence à chanter par dessus la voix d'Adèle, Rihanna, ou bien Beyoncé. On m'a souvent dit que j'avais une jolie voix singulière. De l'intérieur, j'ai du mal à me voir autrement que minable...je ne vois pas vraiment ce qu'elle a de spéciale.

J'ouvre les yeux brusquement alors que j'entends les toutes premières notes d'une musique que je connais bien...beaucoup trop bien.

Je souris et commence à chantonner joyeusement, secouant mes membres au rythme du son. Je ne me sens même pas ridicule, même quand le manche de mon balais devient soudainement mon micro. "Une copie actuelle de cendrillon...sans son prince charmant"

Ho...ça pourrait s'arranger...

Je sens quelqu'un me tirer par le petit nœud du tablier que j'avais fait à la va vite derrière mon dos.

Je me retourne, perplexe, droite comme un i.

Il me souris...

J'ai envie de pleurer...il est incroyable...

Je n'ai pas les mots pour dire à quel point il brule mon coeur, mon corps, mon âme.

Cette esquisse si tendre réussit à me faire trembler de la manière la plus magique possible. Les frissons me forcent à fermer les yeux, pourtant je sais qu'il reste le regard encré sur mes paupières.

"J'ai même l'impression qu'il regard à travers ma chair, droit dans mes pupilles, sans peur."

S'il reste aussi proche je ne vais pas pouvoir réussir à me retenir de l'embrasser...il le fait exprès ou quoi ?!

Je sens qu'il m'enlève le tablier d'une manière si douce qu'un énième frisson me traverse et que le seul effleurement du tissu contre ma nuque est à la limite de me faire haleter.

J'ai attendu un de ces moments pendant tellement longtemps que j'ai du mal à y croire.

Il le balance sur une banquette sans me quitter des yeux. La lueur dans son regard m'indique qu'il est dans le même état que moi. Et ça me plaît.

-Tu danses ? Murmure t'il d'une voix suave

Putain, oui il le fait exprès...

J'hoche la tête vigoureusement, le souffle tellement rapproché que l'air me manque.

Sa respiration échoue contre ma joue, s'amuse à suivre les courbes de ma nuque, coule sous mon t shirt tandis qu'il passe ses mains autour de ma taille, me rapprochant dangereusement de lui.