Nos bras se frôlent, timidement, dangereusement. Notre chair est secoué de frissons, se chevauchant à cause de leur nombre.
Je n'ose même pas tourner la tête, ou bouger les doigts. Je crains mes paupières qui clignent ou mon cœur en mouvement. Je retiens mon souffle dans mes poumons, enfermé à doubles tours.
Lucas s'arrête soudainement, j'ignore pourquoi. Nous ne devions pas aller jusqu'au petit camion au grand panneau lumineux, là où les friandises s'accumulent, et où les enfants font la queue ?
Il se tourne vers moi, lâche un souffle, d'un vieil air.
-Bon Aby, j'ai proposé ça si ça te fait plaisir aussi...j'ai l'impression que t'es gêné et j'ai pas envie de respirer cette atmosphère...là je sais pas, ça m'oppresse, alors autorise toi à parler, d'accord ?
Wow...
Wow...Je hoche la tête, secoué et souriante. Je suis contente de ses paroles. Je suis heureuse de manger une gauffre à ses côté, et de tremper mes orteils dans la même eau. J'aime l'idée que nos bras se collent, que nos yeux se fixent, que nos bouches soient la quête de nos cœurs.
Arrivés à la hauteur du food truck, Lucas commande nos désirs, et, pris sûrement d'un élan quelque peu surprenant, il passe son bras par dessus mes épaules, m'amène à son torse en rigolant.
Le chocolat coule sur nos doigts palpitant, la chantilly glisse en une fraîcheur sucrée et agréable sur notre langue, laisse une mousse parfumée sous notre nez. Elle me fait penser à...l'écume des vagues. Celle ci, que j'adorais observer, guetter, dessiner, admirer lors de nos périples à la mer. Haha, nos pieds effleurant le sable fin, nos cheveux dans le vent salé, nos sourires éclatant vers le soleil. Te souviens tu ?
-Lucas ?
-Hum ?
Il essaye de me répondre, mais sa bouille de gamin a le don de m'amuser. Une miette sur le menton du cacao sur le nez et de la crème fouettée sur la joue, voilà le jeune homme que je reconnais. Il n'a jamais su manger avec classe, c'est si original pour un homme de son âge que cette habitude devient à mes yeux, une forme de charme. Il s'essuit avec un revers de main, embarrassé, lâche un "pardon" étouffée par la pâtisserie.
Je lui souris, alors il se laisse prendre au jeu.
-Je viens de me rappeler de quelque chose, tu te souviens quand...
Il me coupe, doigt collant sur ma bouche crispé, les yeux ronds.
-Tututu, Chut, garde ça pour là bas, marche un peu plus vite, limace, et tu pourras me raconter ton histoire !
Je rigole, tandis qu'il me devance pour accélérer. Alors je force sur mon énergie restante et essaye de recoller nos peaux, marchant à sa hauteur.
-Ah enfin ! J'ai cru qu'on arriverait jamais !
Il a l'air soulagé, se précipite au bord du petit pont de pêche pour s'y assoir. Je le rejoins, petillement dans les bouts de pieds. J'ai envie de danser. Oui de danser, avec lui, au bord de ces sapins que reflètent cette eau si tentante. Il s'allonge, étire ses chevilles sur la surface du lac et regarde le soleil en face.
-Abygaelle Smith, à présent, peux tu me compter un de tes souvenirs ?
Après ces paroles, nos pupilles se frôlent, se caressent, s'embrassent. Nos joues s'embrasent. Alors je décide de couper ce lien visuel, cette tension excessive. Je fais mine de regarder les oiseaux, au loin, qui roucoulent en couple, abrités par les branches verdoyantes.
Flahback :
On est arrivé. Enfin ! Woaw, c'était long ! Les seuls fois où nos visages ont pu s'observer, c'était lorsque nos parents s'amusaient à se doubler, sur cette autoroute blindée. Il faisait chaud, il faisait soif. Je n'arrivais pas à dormir, mais je n'arrivais pas non plus à rester éveillé. J'étais trop excité à l'idée d'entendre le doux fracas des vagues contre les rochers abîmés. Je ne voulais pas rater une seule occasion de te croiser, toi, collé derrière ta vitre, reflétant mes actions. Voitures cotes à cotes, sans moyen de communiquer. J'avais envie de t'appeler, j'avais envie de m'arrêter à chacunes de ces aires de repos pour n'échanger ne serait ce qu'un câlin, serrer tes freles bras de petits garçons qui me rassurent tant.
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Un Ange Derrière Les Nuages
RomanceAbygaëlle n'arrive pas à l'oublier. Plus le temps passe, plus elle a besoin de lui. Mais elle le déteste, vraiment. Lucas n'arrive pas à l'oublier. Plus le temps passe, plus il a besoin d'elle. Mais il s'en veut, vraiment. Quand par hasard, ils se r...