Chapitre 36

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Je me lève, baume au cœur, joie aux lèvres. Cela fait un moment que je n'ai pas ressenti un tel bonheur. Enfin, j'ai une vraie raison de me lever, de me préparer et de sourire ENTIÉREMENT. J'en suis arrivée à la dernière étape de ma reconstruction. Le morceau manquant est bien fixé à mon âme.

Je suis à présent certaine qu'il a encore des sentiments pour moi. Peut être...pas aussi fort qu'avant. Peut être...s'abstiendra t il de m'aimer totalement, à cause d'une femme partageant sa vie.

Non, je dis n'importe quoi. Cette possibilité s'écarte elle même de mon esprit lorsque je repense aux traces inexistantes de n'importe quelle figure féminine dans son quotidien. Je l'aurais forcément remarqué.

J'enclenche ma playlist, glisse sous la douche et commence à chanter à tue tête les paroles de mes morceaux favoris. Je me maquille légèrement, mettant en valeur mes grands yeux bruns, des paillettes sur mes paumettes avant de me rappeler que...ce n'est pas un rendez vous galant : c'est un footing.

Alors agacée je passe mon visage sous une grande couche de démaquillant et arrange seulement mes boucles serrés coulant sur mes épaules. J'essaye de trouver un jogging et un t shirt, dans ce fouillis de vêtements mis à la va vite dans une valise trop chargée.

Et lorsque j'attrape mes clés de chambre et mon portable, les premières notes de CETTE musique se mettent en route.

Dans l'impossibilité de la couper en plein milieu, j'attends patiemment qu'elle se termine pour eteindre mon enceinte et sortir.

Je serai à l'heure. 10 heures, comme prévu.

Quand je quitte l'immeuble, le soleil se pointe doucement derrière les collines au loin. Les oiseaux commencent à siffloter entre les branches, les pigeons roucoulent et la brise caresse mes bras nus, alimentant ma chair de poule liée à l'excitation.

Écouteurs vissée sur mes tympans, je marche, me dandinant légèrement en rythme. Je me sens toute légère, comme un moineau à qui on aurait coupé les ailes et qui n'a pas perdu de sa détermination à voler, tout de même.

Une tornade pourrait se lever je ne remarquerait probablement pas les feuilles voler. Je suis prête. N'importe quel obstacle peut se dresser sur mon chemin : je lui casserai le nez.

Je suis si heureuse d'avoir retrouvé mon énergie. De m'être retrouvé.

Lorsque j'ouvre le petit portail en métal noir rouillé du parc, je commence contre mon gré par chercher entre chaque arbres, la silhouette de Lucas. Le parfum des fleurs nouvelles se frayent un chemin vers mes narines, les clapotis de l'etang longeant le chemin en petits cailloux me donnent une image des poissons qui s'y plongent, qui s'y amusent, qui s'y aiment.

La lumière projette des lignes entrecoupés sur le sol, sur mon visage, sur ma chair. Par reflex, je les suis, m'interdisant de marcher sur la terre non touchée par le soleil. Les vibrations de ma musique se font plus importantes, j'observe avec admirations les couples se formant sur les bancs, qui, avant, alimentaient mon dégoût de la vie et de l'amour. Aujourd'hui, je suis de nature joyeuse : c'est enfin mon tour, ma chance, la roue de la fortune a enfin tourné.

Il avait dit au parc mais...où, exactement ? Mon cœur s'accélère : et si l'on se ratait ? Et si, pensant que je n'étais pas venue, il s'en allait et m'en voulait ?

Je m'approche au bord de l'eau, main en visières, essayant d'apercevoir une quelquonc personne courir. Mais, même de l'autre coté de cet étang, sur le chemin ombragé par les arbres aucune trace de Lucas...

Je m'accroupi, glisse mes doigts dans l'eau froide, ride sa surface et ondule ma main pour dessiner des formes. Le son m'apaise.

Je me saisis d'un cailloux, le jugeant assez plat. Et, d'un petit élan, effleure en petit choc le dessus de l'etang. Les légers ronds que le cailloux a dessiné s'estompe lentement tandis que je compte : quatre ricochets ! Pas mal, pour une fille incapable d'en faire un, il y a huit ans de cela...

Un Ange Derrière Les NuagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant