Nolambur

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Ma nuit fut agitée à cause de deux choses.

À plusieurs moments, les mots que le dénommé Albin a prononcés la veille, dans mon oreille, me sont revenus : « Les vampires détestent les sorcières de sang. » Je me suis d'abord demandé comment il avait deviné ma particularité. Rien ne pouvait m'avoir trahi et pourtant il l'avait compris.

Je me suis questionnée sur les raisons qui ont pu le pousser à me dire ça. Cette mise en garde, car c'est ce qu'elle est à mes yeux, résonne dans ma tête.

Malheureusement, elle n'est pas la seule cause de mon mauvais sommeil. J'ai revu la porte une nouvelle fois cette nuit. Identique à ma première vision d'elle et toujours impénétrable. La seule différence, c'est que cette fois, j'ai pu voir quelque chose à travers la serrure. J'ai aperçu une pièce qui me semblait familière. Le mur en face de moi était de couleur verte avec une commode sur laquelle étaient posés plusieurs vases pleins de fleurs. Sur le côté droit du meuble, j'ai vu une ombre se dessiner. On aurait dit qu'elle reculait en mettant les mains en avant, j'eu l'impression qu'elle fuyait quelque chose ou quelqu'un. À cet instant, j'ai entendu une voix implorer une tierce personne pour qu'elle ne lui fasse pas de mal. La voix implorante était celle d'une femme. À force de reculer, l'ombre a cédé sa place à une silhouette dont je ne voyais que la robe blanche. Pour je ne sais quelle raison, je ne me sentais pas à l'aise en tant que spectatrice. J'étais impuissante. Ce n'est qu'en entendant un cri d'enfant que je sentis au fond de moi le besoin d'aider. Malheureusement, je fus réveillée au moment même où je posais ma main sur la poignée. Une nouvelle fois, je n'ai pu franchir la porte. Mais cette fois-ci, je me sentais frustré de ne pas avoir pu porter secours à cette femme. D'ordinaire, je ne m'interposerais pas entre deux personnes, mais au plus profond de mon être, j'ai ressenti sa détresse.

Depuis mon réveil, je n'ai cessé de me poser des interrogations. Qui est la voix féminine que j'ai entendue hier ? Est-ce la même que cette nuit ? Pourquoi ma mère a jeté un sort au collier ? Pourquoi ne pas me l'avoir donné en main propre ou ne pas m'avoir laissé une note explicative ? Comment Albin a su pour mon type de magie ? Pourquoi me mettre en garde ? Les vampires haïssent toutes les autres espèces, alors pourquoi spécifier les sorcières de sang ? Elles m'ont toutes accompagnée jusqu'au réveil de Lara. À la différence de moi, cette dernière a sacrément bien dormi. Je suis convaincu que même un naufrage n'aurait pu la sortir de son sommeil.

Après avoir échangé quelques mots, je m'extirpe du lit pour me laver et pouvoir ensuite m'habiller pendant que mon amie, elle, se lavera. Nous gagnerons ainsi du temps, enfin c'était ce que je pensais avant de me rappeler que nous étions sur un bateau et que l'eau avec laquelle nous devons nous laver n'est pas chauffer. Ce fut donc une toilette rapide que je me fis. J'ai toujours pris l'habitude de me laver à l'eau chaude, presque trop chaude, et de prendre mon temps pour le faire. Hors cette fois, je peux jurer sur Sirona, je n'ai pas trainer pour me nettoyer. Je préviens de ma découverte mon amie. Cette dernière me remercie avant de disparaître dans la petite pièce.

Enroulée dans ma serviette, je sors de ma valise une robe blanche dont le bustier est un corset de couleur rose pâle. Je peux donc tenter de le refermer par moi-même, laissant le temps à Lara de se préparer elle aussi. Pour le fermer je me positionne devant la coiffeuse et essaye, à l'aide du miroir, de serrer correctement mon corset. Lara apparaît de nouveau, elle aussi en serviette, et attrape la robe qu'elle avait déposée sur le lit avant d'aller se laver. Pour serrer son corset, cette dernière utilise la magie. Je garde pour moi ma remarque sur son utilisation inutile de la magie.

— Besoin d'aide ? me demande-t-elle.

— Ça ne serait pas de refus, admettais-je en me rapprochant de mon amie.

Underblood TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant