Et le voile se lève.

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Satanée porte.

J'ai beau connaître la vérité, l'accès refuse de s'ouvrir. Il doit forcément me manquer des pièces du puzzle, comme Anelise l'a supposé. Je recule de quelques pas et sort le collier. Mes yeux se ferment en ressassant le passé. Qu'est ce qui m'échappe?

Je sens une chaleur émaner de l'objet entre mes mains. En ouvrant les yeux, je constate qu'il brille d'une lumière bleu et semble attirer une nouvelle fois par la porte en face moi. Machinalement, je glisse vers celle-ci et la contemple de plus près. Je remarque alors un détail que je n'avais jamais remarqué avant: une forme de lune est creusée dans le bois. Le collier est bien la clé mais pas de la bonne serrure.

Je place l'objet qui s'emboite parfaitement dans le bois. La lune cesse alors de briller et la serrure émet un clic, signe que c'est ouvert. Enfin!

Alors que je pousse la porte, la pièce obscure où je me retrouve à chaque rêve se fait envahir par une lumière aveuglante. Mes bras se dressent devant mes yeux tandis que la voix de ma mère devient claire et nette. Elle m'appelle.

Lorsque la lumière disparaît, je laisse mes yeux s'ouvrir à ce qu'il se trouve en face de moi. La pièce autour de moi se trouve être celle d'une petite fille, et je suis cette petite fille. Pour autant, cette chambre ne ressemble pas à celle que j'ai toujours eu chez mes parents. La couleur des murs est différente et les meubles aussi.

Un mouvement attire mon attention vers le lit. Je me vois assise sur mon lit en train de jouer avec un chat en fumée. L'animal immatériel saute au-dessus de ma tête, enfin de la jeune moi. Une chaleur envahit ma poitrine quand cette même version rit et court après le chat.

— Revient Maw! prononce mon ancien moi en tendant les bras vers l'animal.

Je lâche aussi un rire mais qui est vite interrompu par des cris et de la casse. Le chat vient se poser sur ma jeune tête pendant qu'elle s'approche à petit pas de sa porte. Je suis ses mouvements au moment où elle ouvre le passage qui mène au salon. Encore une fois, je ne reconnais pas cette pièce. C'est de plus en plus étrange..

Arrivé au salon je revis la même scène que j'ai vu dans le passé.

Une version jeune d'Olyanna est assise sur une chaise en larmes tandis que mon père fait des aller-retour devant elle en tenant sa tête dans ses mains.

— Ce n'est pas ce que tu crois! Il dirait tout pour te faire douter de moi! crit-elle en ayant le visage plein de larmes.

— Pourquoi te croirais-je plutôt que lui? Hein?! Répond moi Olyanna. Dit-le moi par les Dieux! s'énerve-t-il en arpentant la pièce de long en large. Tu es la maîtresse des mensonges Olyanna! Je ne sais même plus si je peux te faire confiance.

Olyanna se lève et fonce sur mon père qui s'immobilise..

— Tu m'aimes et c'est pour ça que tu dois me croire mon amour...

Des bruits de pas se font entendre et bientôt je revois leurs jambes dans mon champ de vision.

— Je ne t'ai jamais déçu qu'importe ce que tu me demandes. J'ai tout accepté. Penses-tu que je serais capable de ça? De te trahir?

Elle prend son visage entre ses mains en lui caressant les joues. Pour autant le visage de mon père reste impassible.

— Dans le but de réussir une mission? Je te crois capable de tout Olyanna.

Il retire les mains de ma mère et l'éloigne de lui avant de lui tourner le dos, croisant le regard de l'enfant que j'ai un jour été. La petite fille tient le chat dans ses bras avant qu'il ne disparaisse lorsque mon père exécute un geste.

— Je ne veux plus de vous deux dans ma demeure. Son ton est dur et sans appel. Si lorsque je reviens, vous êtes encore là, je n'hésiterai pas à vous tuer, toi et ta bâtarde.

Je me retrouve plaqué au mur, choqué par ce que mon père vient de dire. Bâtarde? Pourquoi pensait-il que j'étais une bâtarde? Et quelle preuve ma mère a pu lui apporter pour le faire changer d'avis? Il a l'air si en colère

— Non, non et non! Je ne te laisserai pas envoyer valser tout ce qu'on a construit Keran!

Keran? Pas Kenan.
J'avance rapidement vers l'homme qui vient de me traiter de bâtarde et le regarde de plus près lorsqu'il fixe le mur en serrant les poings. La ressemblance est frapante mais d'ici je remarque que l'un de ses yeux est de couleur blanche. Il ne s'agit pas de mon père mais d'un homme qui lui ressemble énormément mais dont je n'ai jamais entendu parlé. Keran doit être le frère jumeau de mon père.

— Construit sur la base d'un mensonge. Est-elle seulement ma fille?! Ou m'as tu laissé élever l'enfant d'un autre en pensant que c'était la mienne?!

Je reste stupéfaite par la scène qui vient de se dérouler devant mes yeux. Ni mon père ni ma mère n'ont un jour évoqué l'existence de cet homme qui se tient devant moi. J'ignore ce qu'il a dû faire pour mériter un tel traitement. Si je me fie à ce qu'il a dit, il m'a élevé mais pense que je ne suis pas sa fille...

Olyanna fond en larmes lorsque Keran sort de la maison et laisse la porte grande ouverte. Mon cœur se sert de la voir si fragile. Elle qui a toujours été sur la défensive et tranchante... c'est étrange de la voir si démunie.

— Maman?

La petite fille à peine âgée de quatre ans s'approche de sa mère mais celle-ci la repousse d'un geste. Et avec ce geste, toute ma compassion disparaît. Pourquoi la rejette-t-elle? Pourquoi me rejette-t-elle?

— Maman, s'il te plait, rattrape papa. Il va pleuvoir et il ne doit pas être mouillé.

— Il n'a pas besoin que je le rattrape, Nemerys.

Elle relève la tête en ancrant ses yeux à ceux de son enfant avant de lui agripper le bras.

— Et nous n'avons pas besoin de lui.

Et avant que je n'ai le temps de dire ou faire quoi que ce soit, la mère et la fille disparaissent.

Underblood TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant