Maudit

Ouverture sur le Monde

Albus Dumbledore inspira profondément, ses yeux perçants fixant Tiernan Nott qui, finalement, abaissa sa baguette magique avec une expression de défaite. Eamon, toujours appuyé contre un mur, cracha du sang, sa lèvre fêlée par l'impact d'un sort. Autour d'eux, la tension était palpable. Les jumeaux, Lorcan et Aodhan, bien que jeunes, avaient été assez téméraires pour se joindre à l'affrontement, aidant leur père et leurs frères à repousser les "traîtres", les "Sang-de-Bourbes", mais surtout Faelan, l'un d'entre eux qui avait osé se retourner contre la famille.

Dumbledore, toujours serein malgré la violence du combat qui venait de se dérouler, s'approcha de Faelan, le jeune homme qui avait pris le risque immense de fuir cette maison maudite pour demander de l'aide. « Mr Nott ? Ça va ? » demanda Dumbledore, la voix douce mais empreinte d'inquiétude.

Faelan, encore haletant et visiblement ébranlé par la bataille, tenta de répondre avec un semblant de calme, bien que la douleur soit évidente dans sa voix. « Je crois que... j'ai... j'ai le bras... cassé, » répondit-il en grimaçant. Son visage, marqué par la douleur et la peur, se tourna instinctivement vers la maison, les yeux suppliants. « Kieran...? »

Dumbledore suivit le regard désespéré de Faelan et tourna alors son attention vers Millie, qui se tenait dans un coin, les bras protectivement enroulés autour de Riordan, son fils de seize ans. L'adolescent, le visage blême, leva lentement un doigt tremblant pour désigner l'étage supérieur de la maison, là où Kieran était resté enfermé, isolé de tout, depuis tant d'années.

Un grognement s'éleva soudainement de Lorcan, qui se débattait contre les liens magiques que Kingsley Shacklebolt venait de renforcer. L'adolescent, les yeux flamboyants de haine, lança une injure empoisonnée en direction de l'Auror. « Hé ! Me touche pas, le nègre ! Sale vipère impur ! »

Kingsley, toujours impassible, resserra les liens sans un mot, mais la tension dans l'air se fit plus lourde. Alastor Maugrey, l'œil vif et les nerfs à fleur de peau, serra sa baguette avec une impatience visible. « Je peux les frapper ? » demanda-t-il avec un éclat de malice dans la voix. « Je suis sûr que je les aurais transformés en rat si j'avais enseigné cette année... »

Dumbledore, bien que conscient de la colère justifiée de son vieil ami, secoua la tête doucement, rappelant la raison de leur présence. « Non, Alastor, » dit-il avec une fermeté douce mais indiscutable. « Nous ne sommes pas ici pour eux. Laissez-les. Nous sommes ici pour quelqu'un d'autre. »

Le silence retomba dans la pièce, seulement brisé par les respirations lourdes des Nott capturés et les murmures lointains de la maison, toujours vivante de cette sombre magie. Dumbledore posa une main apaisante sur l'épaule de Faelan, avant de se diriger calmement vers les escaliers qui menaient à l'étage.

Faelan, malgré la douleur, se redressa pour le suivre, ses pas plus lourds à cause de son bras blessé mais son cœur poussant chaque pas avec une détermination farouche.

Ils montèrent ensemble, le vieil escalier en bois craquant sous leurs pieds, les laissant face à la porte qui retenait Kieran prisonnier depuis si longtemps. L'ombre des sorts noirs qui l'enveloppaient semblait presque palpable dans l'air autour d'eux.

Faelan retint son souffle alors que Dumbledore levait sa baguette, ses yeux plongés dans la serrure, évaluant les sorts et protections invisibles qui gardaient cette porte close. « Kieran... » murmura Faelan, sa voix pleine d'espoir et de crainte, alors que Dumbledore, avec un mouvement délicat mais assuré, commença à désamorcer les enchantements.

Le destin de Kieran, celui qui avait été le sacrifice maudit de la famille Nott, était sur le point de changer pour toujours.

Dumbledore entra dans la chambre, son regard d'un bleu perçant balayant rapidement la scène devant lui. La pièce, habituellement plongée dans une obscurité suffocante, était encore imprégnée de l'atmosphère lourde laissée par les sorts noirs et l'oppression d'Athelstan. Le directeur posa ses yeux sur l'adolescent recroquevillé contre un mur, nu et vulnérable, son dos un champ de blessures ouvertes, des traînées de sang marquant la brutalité du châtiment qu'il venait de subir.