Maudit

Le Danger Ombrage

Kieran avançait dans les couloirs de Poudlard, guidé par ce sens qui lui permettait de se repérer même sans la vue. Ce soir, il n'avait pas rendez-vous avec les professeurs pour un cours particulier ou avec Blaise pour une étude nocturne ou encore pour retrouver Pansy pendant une de ses rondes. Ce soir, il allait à une retenue avec Ombrage. Cette femme qui, dès son arrivée, avait marqué les esprits par son sourire hypocrite et son mépris pour tout ce qui sortait de la norme. Pour Kieran, la retenue était une conséquence inévitable de sa différence, et il était préparé à tout. Du moins, le pensait-il.

Lorsqu'il pénétra dans le bureau d'Ombrage, il sentit immédiatement la froideur du lieu. Pas un froid physique, mais un froid qui s'insinuait dans les os, un mélange de cruauté et de domination que cette femme exsudait à chaque mot, chaque geste.

« Assieds-toi, Nott, » dit-elle avec ce sourire glacé.

Kieran s'exécuta, sa main toujours serrée autour de sa baguette. Il ne pouvait pas voir son expression, mais il devinait son ton satisfait. Ombrage ne dissimulait pas son mépris. Pour elle, Kieran n'était pas un simple élève en retenue ; il était une anomalie, un être qu'elle voulait briser, corriger.

« Tu as causé bien des soucis dans ce château, » commença-t-elle, sa voix sucrée d'un venin subtilement dissimulé. « Mais ce soir, tu vas apprendre la leçon. »

Elle plaça une plume élégante devant lui, sans encre.

« Tu vas écrire, encore et encore, cette phrase : 'Je suis un monstre.' »

Kieran comprit rapidement ce qui l'attendait. Il avait entendu parler de la plume de sang. Il savait ce qu'elle faisait. La douleur, il la connaissait déjà trop bien. Mais ce qu'elle ne savait pas, c'était que la douleur ne brisait plus Kieran. Elle ne faisait que renforcer sa détermination.

Il prit la plume en silence, la main légèrement tremblante. Ses paupières toujours fermées, il sentit le bout effilé de l'objet s'approcher de sa peau, mais cette fois, il n'allait pas rester sans défense. Il murmura un sort qu'il avait trouvé dans un grimoire poussiéreux de la Réserve, un sort qu'il avait baptisé Visus Mentis – la Vision de l'Esprit.

Immédiatement, une brume blanche envahit sa perception. Ce n'était pas une vision claire, mais une vague silhouette du monde qui l'entourait. Il pouvait percevoir les contours de la plume, voir vaguement le parchemin devant lui, et surtout, lire les mots qu'il traçait sur sa peau.

« Je suis un monstre, » inscrivit-il pour la première fois. La douleur se propagea dans sa main, montant jusqu'à son bras, mais Kieran resta impassible. Ces mots, qu'elle pensait être un châtiment, ne le touchaient pas comme elle l'espérait.

Il répéta l'exercice, chaque mot gravé devenant plus distinct dans son esprit grâce à Visus Mentis. Chaque répétition lui donnait un aperçu de la phrase qu'il inscrivait, jusqu'à ce qu'il la voie enfin clairement. « Je suis un monstre. »

Il ressentit alors une colère glaciale monter en lui. Ombrage croyait le réduire à un être soumis, honteux de ce qu'il était, mais en réalité, elle ne faisait qu'attiser sa détermination à ne jamais se plier. Ces mots, qu'elle lui imposait de lire, ne le définissaient pas. Ils étaient le reflet de son ignorance, de sa peur envers ce qu'elle ne comprenait pas.

Alors qu'il continuait à écrire, la colère de Kieran commença à se manifester. Pas par des gestes violents, mais par une aura oppressante qui se dégageait de lui. Ombrage, qui était derrière son bureau, sentit soudain l'atmosphère devenir lourde, étouffante. L'air se raréfiait, comme si la pièce se refermait sur elle.

Elle fronça les sourcils, confuse.

« Qu'est-ce que... ? »

Elle leva les yeux vers Kieran, mais celui-ci continuait à écrire, apparemment impassible. Pourtant, la sensation d'étouffement s'intensifiait. Elle sentit son souffle se couper, comme si quelque chose la serrait, l'étranglait presque.