Maudit

Liens Fracturés

Dumbledore observait le jeune homme assis contre la fontaine dans la cour. Il tenait quelque chose dans la main, devant son torse.

Dumbledore s'avança vers lui. Kieran ne fit aucun mouvement.

« Kieran ? As-tu... trouvé ce que tu cherchais ? »

L'adolescent baissa la tête.

« J'en suis désolé, » dit Dumbledore. « Si tu veux, je peux t'aider et... »

Kieran grogna, et leva la main, poing serré, qu'il ouvrit vivement.

« Kieran... Ne me rejette pas, s'il te plaît, » supplia Dumbledore.

Dumbledore resta un moment silencieux, observant le jeune homme à ses côtés. La fatigue était évidente dans chaque mouvement du vieux mage, un poids invisible qui semblait l'écraser un peu plus chaque jour. Kieran, bien que plongé dans ses propres tourments, ne put s'empêcher de remarquer cette faiblesse nouvelle. Il ne pouvait voir Dumbledore, mais il le sentait, ressentait cette aura autrefois si puissante, désormais vacillante.

Dumbledore s'assit lentement à côté de Kieran, le poids des années et des responsabilités marquant chaque mouvement. Kieran restait immobile, son visage tourné vers l'avant, ses paupières scellées ne révélant rien de ce qu'il ressentait.

« Je sais que tu n'as aucune raison de me faire confiance, Kieran, » dit doucement Dumbledore, cherchant un lien malgré la barrière des ténèbres qui enveloppait l'adolescent. « Je n'ai pas été là quand tu en avais besoin. Mais je suis ici maintenant, et je veux t'aider.  Tant que j'en ai encore le temps. »

Kieran restait silencieux, son esprit tourmenté par des pensées qu'il ne pouvait exprimer. Le médaillon dans sa main semblait presque brûlant, une chaleur étrange émanant de la magie brute qu'il contenait. Il ne comprenait pas tout ce que ce médaillon représentait, mais il savait que c'était une clé, peut-être même une partie de ce qu'il était.

Dumbledore posa doucement une main sur l'épaule de Kieran, un geste simple mais empreint de toute la compassion et de la gravité que le vieux mage pouvait offrir.

« Je ne te demanderai pas de me faire confiance immédiatement, » murmura-t-il. « Mais je te promets que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour t'aider à trouver ta place, à comprendre ce que tu es et ce que tu peux devenir. »

Kieran ne répondit pas, mais il n'écarta pas Dumbledore cette fois. Au fond de lui, il sentait la sincérité dans les paroles du mage, même si les souvenirs de la douleur et de la trahison étaient encore trop vifs pour être effacés si facilement. Il serrait toujours le médaillon, sentant sa magie se mêler à la sienne, une magie sauvage, indomptée, comme lui. Une force pure. Sa puissance.

Finalement, Kieran soupira, laissant sa main retomber doucement sur son torse, toujours agrippée au médaillon. Peut-être qu'il ne trouverait jamais toutes les réponses qu'il cherchait. Peut-être qu'il fallait l'accepter parfois.

Dumbledore, sentant cette légère ouverture, se redressa un peu, une étincelle d'espoir dans ses yeux fatigués.

« Il y a tant de choses que tu as à découvrir, Kieran, » dit-il. « Mais tu n'as pas besoin de les affronter seul. Tu as des alliés, des amis... et moi, si tu le veux bien. »

Dumbledore observa Kieran, sentant clairement le mur que le jeune homme dressait entre eux. Il pouvait percevoir la détermination, la fierté, mais aussi la solitude qui imprégnait chaque fibre de son être.

« Kieran... » murmura Dumbledore, mais il s'arrêta. Il savait que rien de ce qu'il dirait ne changerait la volonté de l'adolescent de rester seul.

Kieran serra le médaillon dans sa main, une expression ferme et résolue sur son visage. Peu importait ce que Dumbledore pensait. Il avait prouvé qu'il pouvait avancer seul. Il avait navigué à travers le monde moldu, trouvé son chemin jusqu'aux profondeurs de l'Allée des Embrumes, tout ça sans l'aide de personne. Depuis toujours, il avait dû se débrouiller seul, et il n'avait aucune intention de changer cela maintenant.