Les Habitudes Changées

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Kieran se sentait piégé, immergé dans un océan de ténèbres et de douleur. Les contours de son esprit étaient flous, indistincts, mais la terreur était bien réelle, envahissante, implacable.

Il se retrouvait à nouveau allongé sur ce menhir glacé, sa peau nue exposée à l'air glacial. Il ne voyait rien, n'entendait rien, mais il ressentait tout. Il sentait des présences autour de lui, des auras menaçantes et avides, les mêmes qui l'avaient entouré pendant des années. Il était à nouveau captif, immobilisé, livré à un destin qu'il ne pouvait éviter.

Puis vinrent les sensations. D'abord, c'était un simple picotement, une gêne. Mais cette gêne se transforma en douleur, une douleur vive et déchirante. Il sentit les dents mordre sa chair, arrachant des morceaux de son être avec une précision cruelle. Les coups de dents étaient nets, implacables, chaque morsure s'enfonçant plus profondément dans sa chair, dans son âme.

Kieran voulut crier, hurler sa terreur, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Sa langue, marquée par le sceau, refusait de bouger, l'empêchant d'exprimer sa souffrance. Il était condamné à souffrir en silence, à endurer chaque morsure, chaque coup de dents, comme si c'était son châtiment, son destin inévitable.

Il se débattait, ou du moins il essayait. Son corps ne répondait plus, alourdi par une peur paralysante. C'était comme si tout son être était enchaîné, incapable de se libérer, condamné à être dévoré lentement, morceau par morceau. L'idée qu'il ne s'était jamais vraiment échappé, qu'il était toujours à la merci de ses bourreaux, s'insinuait dans son esprit, le plongeant encore plus profondément dans le désespoir.

Chaque sensation était amplifiée, chaque morsure plus déchirante que la précédente. Les auras autour de lui semblaient se délecter de sa douleur, se repaître de sa souffrance, et il sentait leur satisfaction malsaine, leur plaisir cruel. Il était leur festin, leur offrande, et il ne pouvait rien faire pour l'empêcher.

Le cauchemar était si intense, si réel, que Kieran se sentait à nouveau prisonnier de son propre corps, piégé dans un cycle de douleur sans fin. La terreur qui l'envahissait lui donnait l'impression de sombrer dans un abîme sans fond, où il serait à jamais dévoré, à jamais condamné à revivre cette horreur.

Et alors qu'il pensait toucher le fond, que la dernière once de son être allait être arrachée, quelque chose changea. Une présence, douce, apaisante, se fit sentir au milieu de ce chaos. Une aura qu'il reconnaissait vaguement, comme un fil ténu dans l'obscurité. Mais avant qu'il ne puisse s'y accrocher, le cauchemar l'engloutit de nouveau, le tirant encore plus profondément dans ses ténèbres, ne laissant qu'une douleur vive et un cri silencieux de désespoir.

Faelan se redressa brusquement sur son matelas, le cœur battant à tout rompre, réveillé par une sensation qui le glaça jusqu'aux os. Une peur soudaine, viscérale, s'était emparée de lui, comme si une ombre glaciale avait traversé la pièce, le laissant paralysé par une terreur sans nom. Il était secoué, comme si le cauchemar qui l'avait tiré de son sommeil n'était pas le sien, mais celui de quelqu'un d'autre, un rêve étranger qui avait pénétré son esprit.

Sur le deuxième lit de la chambre, Ron Weasley se réveilla en sursaut, poussant un cri étouffé, les dents claquant de peur. Le garçon roux avait les yeux écarquillés, le souffle court, comme s'il avait été arraché d'un cauchemar effroyable. Faelan tourna la tête vers Ron, les deux garçons se jetant un regard rempli d'incompréhension et de frayeur.

C'est alors que Faelan réalisa d'où venait cette terreur. Son regard se posa sur Kieran, qui s'agitait frénétiquement sur son lit, le corps secoué par des tremblements. Kieran était en proie à un cauchemar d'une intensité telle que Faelan pouvait presque sentir la douleur et la terreur qui envahissaient son frère. Les draps étaient en désordre, froissés par ses mouvements désordonnés, et des grognements étouffés s'échappaient de ses lèvres closes, comme si Kieran luttait pour échapper à une horreur invisible.

MauditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant