Maudit

La Traque pour un Cadeau

Kieran était un mystère pour la majorité, un danger pour une partie, et simplement un marginal pour l'autre. Même parmi ses camarades de Serpentard, il suscitait des sentiments partagés. Slughorn, le professeur de potions, le plaçait dans deux catégories distinctes : un prodige inquiétant et un potentiel désastre ambulant. Cette double perception était une source constante d'inquiétude pour l'enseignant, malgré les talents indéniables de Kieran.

Chaque fois que Kieran entrait dans la salle de potions, Slughorn se tendait, attendant presque la catastrophe. Et pourtant, semaine après semaine, Kieran travaillait ses potions avec une précision qui déconcertait Slughorn. Pas une seule fois il n'avait eu un accident, pas un seul chaudron n'avait explosé. C'était comme si Kieran sentait la moindre fluctuation dans la préparation, comme si son instinct le guidait là où ses sens faisaient défaut.

« Nott, faites attention avec ce bézoard, » disait souvent Slughorn, le ton chargé d'angoisse, même s'il savait au fond de lui que Kieran n'avait pas besoin de cet avertissement.

Kieran, silencieux comme à son habitude, ne faisait que hocher la tête. Il avait développé une sorte de sixième sens pour la potion. Même lorsqu'il se tenait au-dessus d'un chaudron, il savait instantanément si quelque chose n'allait pas. C'était une sensation, un pressentiment qui lui murmurait la bonne marche à suivre, le nombre exact de tours à donner à la louche, la température idéale pour le mélange. Ce n'était pas quelque chose qu'il pouvait expliquer, c'était juste là, une part de lui.

Slughorn, bien qu'encore méfiant, commençait à comprendre que Kieran ne se contentait pas d'apprendre les potions, il les vivait. Cette compréhension, bien que fascinante, n'atténuait pas complètement ses craintes. Car un élève aussi énigmatique et puissant que Kieran Nott était toujours une inconnue, et Slughorn savait trop bien que l'inconnu pouvait être dangereux.

Tout comme Slughorn savait que les élèves trop talentueux pouvaient très mal finir. Kieran le surprenait souvent à penser à un certain Tom Jedusor.

Slughorn, malgré ses airs joviaux et ses manières aimables, n'avait jamais complètement oublié ce qu'il avait vu autrefois, dans un autre élève brillant et charismatique. Tom Jedusor avait également été un prodige, un maître des potions en devenir, un sorcier doué d'une intelligence et d'un charme rares. Mais Slughorn avait appris, bien trop tard, que ce talent exceptionnel cachait des ténèbres profondes.

Chaque fois que Kieran se penchait sur un chaudron, ses doigts habiles manipulant les ingrédients avec une précision presque surnaturelle, Slughorn ne pouvait s'empêcher de ressentir un frisson d'inquiétude. Il voyait en Kieran des échos de ce qu'il avait autrefois perçu en Jedusor : ce même calme inquiétant, cette maîtrise instinctive de la magie, et cette capacité troublante à naviguer entre les ombres. Mais Kieran était différent. Là où Jedusor avait cherché le pouvoir, Slughorn se demandait ce que Kieran cherchait vraiment.

Et c'est pourquoi, finalement, Slughorn décida de ne pas inviter le garçon à la dernière soirée du Club de Slug avant les vacances de Yule.

Ce n'était pas une décision prise à la légère. Slughorn avait longuement hésité, se demandant si écarter Kieran ne ferait pas de lui un paria aux yeux de ses camarades, ou pire, s'il n'allait pas attiser cette part de mystère qui entourait déjà le garçon. Mais à chaque fois qu'il envisageait de le convier, une image de Tom Jedusor revenait hanter ses pensées, l'incitant à être prudent.

Le soir de la fête, son bureau, transformé pour l'occasion, vibrait de rires et de conversations animées. Blaise, Pansy, Daphné et les autres élèves triés sur le volet se mêlaient à Slughorn et à ses invités prestigieux. La musique, les éclats de voix, la lumière tamisée... tout contribuait à l'atmosphère feutrée et exclusive de l'événement.