Maudit

Le Silence du Passé

Faelan observait silencieusement Kieran, couché dans un lit de l'infirmerie de Poudlard, entouré par l'odeur apaisante des potions et des herbes médicinales. Son cœur se serrait en voyant son petit frère, encore plus maigre qu'il ne l'avait jamais vu depuis leur enfance. La silhouette frêle de Kieran semblait presque disparaître sous les draps blancs, son visage marqué par les épreuves qu'il avait endurées.

Madame Pomfresh, toujours attentionnée et précise dans ses soins, avait terminé ce que Kieran avait commencé à faire naturellement, guérissant les fractures, apaisant les douleurs les plus vives. Pourtant, il restait encore tant de cicatrices invisibles, enfouies dans l'esprit du jeune sorcier, des blessures que même la magie ne pouvait effacer complètement.

Faelan restait à ses côtés, le cœur lourd, guettant le moindre mouvement, le moindre signe de conscience chez son frère. Il se souvenait de l'époque où il avait tenté de protéger Kieran, où il s'était glissé en cachette jusqu'à sa fenêtre pour lui murmurer des histoires et des promesses de liberté. Mais rien de tout cela n'avait suffi. Kieran avait été emprisonné, torturé, non seulement par leur père, mais aussi par ceux qui auraient dû le protéger, ceux qui avaient prétendu être du bon côté.

« Je suis là, Kieran, » murmura Faelan, sa voix tremblante. « Tu n'es plus seul, maintenant. Je te le promets. »

Il serra doucement la main de son frère, cette main qui avait si souvent cherché la sienne dans le noir, en quête d'un réconfort que Faelan se reprochait de ne pas avoir su donner. Il se souvenait de la colère froide qu'il avait ressentie en apprenant ce que Dumbledore lui avait dit, des jours après que Kieran ait été retrouvé, presque mort, dans les profondeurs du Département des Mystères. Cette colère ne s'était pas dissipée, même maintenant, alors que Kieran reposait enfin en sécurité.

Les heures passèrent, et Faelan ne bougea pas de sa chaise, son regard fixé sur le visage de Kieran. Il se demandait comment il allait réagir en se réveillant, s'il se sentirait enfin en sécurité, ou si les ombres de son passé continueraient à le hanter. Il se demandait aussi ce que Kieran avait découvert pendant sa détention, quelles horreurs il avait endurées, et surtout, ce que tout cela signifiait pour leur avenir.

Un faible gémissement brisa le silence. Faelan se pencha en avant, son cœur battant plus fort.

« Kieran ? »

Il vit les paupières de son frère, scellées par les runes, trembler légèrement. Un frisson parcourut le corps de Kieran, comme s'il essayait de se libérer des chaînes invisibles de ses cauchemars. Faelan serra un peu plus fort sa main, espérant que ce contact familier le ramènerait à la réalité, à cet endroit où, malgré tout, il était en sécurité.

Kieran ne répondit pas tout de suite, mais Faelan sentit un léger mouvement de la main qu'il tenait. Un simple geste, mais c'était suffisant pour lui faire comprendre que son frère était toujours là, qu'il luttait encore.

« Je suis là, » répéta Faelan, sa voix plus ferme cette fois. « Je ne te laisserai plus jamais seul, Kieran. »

Il ne savait pas si Kieran comprenait vraiment sa promesse, mais il voulait y croire. Il voulait croire que, malgré tout ce qu'ils avaient traversé, ils pouvaient encore trouver une forme de paix, ensemble.

Kieran, même dans cet état de semi-conscience, percevait la présence de Faelan à ses côtés. Il sentait cette énergie familière, ces émotions mêlées de culpabilité, de regret, et de désespoir. Faelan était là, comme toujours, mais cette fois, une part de lui semblait se reprocher de ne pas avoir pu faire plus, de ne pas avoir pu empêcher ce qui s'était passé.

Mais comment aurait-il pu ? Kieran savait, même dans son état affaibli, que son frère n'aurait rien pu faire contre les forces qui l'avaient retenu prisonnier au Département des Mystères. Faelan avait toujours été un esprit libre, mais contre ces chaînes invisibles, même la plus farouche des volontés aurait été impuissante.