Il marchait dans une plaine, ses cheveux voltigeaient au rythme du vent, très fort pour la saison. A chacun de ses pas, de nombreux oiseaux s'envolaient, partant pour un meilleur avenir. Ses cheveux noirs et son attitude sombre contrastaient avec l'immense étendue de verdure qui s'étendait jusqu'à l'orée d'une forêt que l'on pouvait apercevoir à l'horizon. Les bêtes comme les hommes fuyaient sur son passage, peut être à cause du sang qui coulait le long de ses bras, peut être à cause de ses deux longs sabres attachés sur son dos, ou peut être à cause de son regard froid, ce regard de tueur né.
Une expression de rage infinie se lisait sur son visage, on pouvait déceler dans son regard cette lueur sauvage de ceux qui n'ont plus rien à perdre. Ses pas étaient décidés, ses yeux glaciaux fixés devant lui, mais pourtant encore en arrière, vers son passé, endroit de tant de non-dits, de tant de souffrances. Son cœur était enfermé dans un étau de pierre, qui avait été scellé il y a des années de cela, étau qui ne s'ouvrira plus jamais.
Il s'arrêta. Ses sens en alerte.
Il. Y. Avait. Quelqu'un.
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Je regardais cet homme, si fort en apparence mais si fragile à l'intérieur, cet homme qu'une seule petite brise suffirait à ébranler, il semblait porter le poids du monde sur ses épaules, en réalité, il ne portait que le poids de ses propres pensées. J'étais triste et extrêmement déçu que la personne que j'étais sensé protéger se soit perdue ainsi sur le chemin de la mort et de la haine. La vérité me frappa de plein fouet, j'étais son ange-gardien, cela devrait être à moi de l'aider. Évidemment tout n'était pas si simple : comment raisonner un monstre déjà enfoncé jusqu'au cou dans la violence et le sang ? C'était la mission que l'on m'avait donnée. J'avais échoué. Le regret m'assaillit violemment. Je secouais la tête pour reprendre mes esprits, je ne devais pas me lamenter sur mon sort et plutôt trouver une solution à mon problème.
Soudain, il s'arrêta. Un frisson parcouru ma peau, m'avait-il vu ? Impossible, grâce à l'un de mes Dons, je pouvais me rendre imperceptible aux humains !
Malgré cela, je constatais avec effroi qu'il tournait la tête vers moi. Je me trouvais accroupi dans l'herbe, la surprise me fit trébucher, et lorsque je tentai de me relever, je tombai sur le dos.
Avec une grimace de douleur, je me relevai sur les coudes, mais soudain, un mauvais pressentiment me heurta brutalement. Je retint mon souffle presque inconsciemment et levai lentement la tête. Mon regard tomba d'abord sur de grandes bottes noires, en cuir et cloutées, il glissa ensuite sur de grandes jambes, puis sur un torse musclé pour enfin arriver sur un visage brillant de haine.
"Je suis mort"
Fut ma première pensée. Je déglutit difficilement et secoua la tête, maudissant mon imprudence. Je détournai le regard de ces yeux si sombres et fixai le sol, sans même tenter de me relever, sachant très bien que c'eut été une tentative vaine et douloureuse.
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Je regardait à mes pieds, mes yeux étaient remplis d'une rage à peine contenue, n'avais-je pas prévenu cet incapable du sort qui l'attendait s'il osait à nouveau se présenter devant moi ? Je lui lançai un regard de mépris profond.
- Qu'est ce que tu fous ici ? Fis-je sans aucun effort de civilité et d'une voix agressive.
Il me regardait d'un air très méfiant et assez craintif, il y avait de quoi, pensais-je. Soudain, un changement s'opéra sur son visage, un entêtement obstiné remplaça la prudence et il me défia du regard. Il ne répondit pas, comme pour tester ma patience. Malheureusement pour lui, aujourd'hui elle était extrêmement basse, à cause d'un affrontement féroce qui avait eu lieu le matin même. Alors, sans aucune pitié, je lui balançai mon pied dans les côtes, il gémit et me regarda de nouveau, se tenant le flanc de sa main. Je soufflai, tentant de me raisonner, me répétant encore et encore qu'il n'en valait pas la peine. Mais la rage prit le dessus et je le frappai de nouveau, plus fort que la première fois. Il ne fit que serrer les dents, je vis dans son regard qu'il cherchait quelque chose à dire, il ouvrit la bouche, puis la referma. J'esquissai un sourire cruellement dédaigneux et m'abaissai à sa hauteur.
- Pourquoi ? Sifflai-je. Pourquoi est-ce que tu me suis ?
Sans attendre sa réponse, je le cognai une nouvelle fois, avec mon poing. Son nez craqua sous mes phalanges impitoyables, et le sang se mit à jaillir, salissant son beau visage. Ses boucles blondes rougissaient, et je dois l'avouer, cela me procura une satisfaction immense.
- Thorn... Haleta-t-il, une main devant son visage pour se protéger de la grêle de coup qui s'abattait impitoyablement sur lui.
Je m'arrêtai, le poing au-dessus de son visage, mes phalanges blanchissaient à mesure que la colère montait en moi, visiblement, elle n'était toujours pas à son paroxysme. Je la sentais, cette haine, comme une coulée de lave à l'intérieur de mes veines, je la sentais qui battait à mes tempes. Je la sentait, et elle menaçait de déborder. J'inspirai longuement, tentant de reprendre mes esprits... En vain.
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- Ne. M'appelle. Pas. Comme. Ça ! Cracha-t-il brutalement.
La douleur m'assaillait, je haletais et tentais vainement de reprendre mon souffle. A chaque respiration, j'avais l'impression que mon corps se déchirait de toutes parts. J'essayais de me protéger de mes bras, sans succès, chacun de ses coups m'atteignait.
Soudain, je compris qu'il avait besoin de se défouler, et que je lui servais de punching-ball. Pendant le court répit qu'il m'accordait, je passais la main sur mon visage, ce qui ne servit qu'à étaler le sang sur mon nez et mes yeux. Moi qui voulais habituellement toujours être présentable, cela m'importait peu désormais. Malgré ma respiration saccadée, je parvins à parler.
- Tu t'appelles comme ça, et ce sera toujours ainsi...
A la fin de ma courte phrase, je toussai, crachant une gerbe de sang. Je regardai sa main fermée, en suspens, toujours au-dessus de mon visage, près, trop près. Je fermai les yeux et posai ma tête sur le sol, toute crainte m'avait abandonnée. Si il me tuait maintenant, tout rentrerait dans l'ordre des choses mais sa conscience sera perdue à jamais. Le calme se propagea dans tout mon corps et j'attendis le coup, qui ne vint pas, du moins, pas tout de suite. A la place, une main puissante m'attrapa par le col et me souleva de plusieurs centimètres, ce qui était un exploit étant donné que la personne qui me soulevait se trouvait à quelques centimètres de moi à peine. J'ouvris lentement les yeux et mon regard fut happé par un océan de noirceur. Étrangement, je n'avais pas peur de ce regard cruel, j'y trouvai même un réconfort singulier.
- Ne revient plus jamais me voir. Ordonna-t-il d'une voix étrangement rauque.
Je tentai à nouveau d'attraper son regard mais il me repoussa et je retombai lourdement sur le sol. Lui se releva et s'éloigna à grands pas. L'incompréhension m'envahit, pourquoi ne m'avait-il pas tué ? Je secouais la tête et m'efforçais de me lever. Sur les genoux, je repris mon souffle et réussi à me mettre sur mes pieds. Avec un sursaut de douleur, je fermai les yeux et tentai de me transformer.
Enfin, dans un éclair de lumière blanche, de longues ailes couleur de la neige, désormais tachées de sang apparurent dans mon dos. Je les remuai doucement, essayant de quantifier la douleur qui m'assaillait, ce qui était quasiment impossible. Dans un éclat de souffrance, je m'envolai enfin vers le ciel bleu.
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The angel
FantasiUne histoire comme il en existe tant. L'histoire de deux âmes perdues qui ne rêveraient que de se retrouver. Deux âmes, brisées par la haine, par un passé irréversible, brisées par le destin. Un amour impossible par bien des aspects. ~~~~~~~~~~~~~...