The angel

Chapitre 6

"Le temps passe et parfois ne change rien"

PDV : Nathanaël

Il était là. L'Archange était là, posé sur le toit de ma maison, il était de dos, je pouvais apercevoir ses grandes ailes blanches ruisselantes de lumière. Il ne m'avait pas vu, c'était une évidence. Je m'étais tout d'abord figé d'horreur en l'apercevant, mais j'avais rapidement repris mes esprits. Pour Gabriël. J'avais attrapé celui-ci par le bras et je m'étais précipité à l'abri d'un arbre, étendant mon bouclier de discrétion autour de moi et de l'enfant, que j'avais pris dans mes bras, dans un geste protecteur. J'avais passé ces 5 années à parfaire ma technique, très pratique pour me cacher de tous ceux que je ne souhaitais pas voir, enfin... À quelques exceptions près. Elle m'avait fait défaut, autrefois. Elle était désormais assez puissante pour tenir quelques minutes face à l'Archange, mais celui-ci ne tardera pas à me repérer tout de même.

Gabriël avait enfoui son visage dans mon tee-shirt, je sentais qu'il avait peur. Il me demanda, d'un voix chevrotante :

- C'est lui, maître, c'est lui n'est-ce pas ?

Je le regardais tout d'abord d'un air confus. Il n'était pas censé savoir grand chose du monde des anges.

Il dû sentir mon interrogation car il précisa :

- Je... Vous... Vous en parlez dans votre sommeil quelques fois...

Sa voix était hésitante et légèrement honteuse. Je lui sourit, tentant de le rassurer, malgré ma propre peur, qui faisait battre mon cœur et hésiter ma voix.

- Ne t'en fais pas. Oui c'est lui Gabriël, il me cherche tu vois ? Nous allons devoir...

Je me coupais brutalement, prenant conscience d'une chose. Il me cherchait c'est vrai. Mais pourquoi toucherait-il à mon apprenti ? Il le renverrait peut être dans un village humain quelconque après lui avoir posé quelques questions... Je n'avais aucune raison de partir avec lui... Un village c'est sûr n'est-ce pas ? Et si...

Il l'emmènerait peut-être dans un de ces villages qui se font détruire chaque jour, qui brûlent, dans lesquels l'on entend les cris des victimes le soir et dans lesquels le rire furieux de celui qui se fait appeler simplement "Le dieu de la mort" retentit chaque nuit.

Il pourrait l'abandonner dans l'un de ses villages ou il faut désormais tuer pour survivre, voler l'argent de son voisin à n'importe quel prix. Pour sauver sa propre vie. Ces villages où règne la loi du plus fort.

Je secouais la tête. Non. Je ne le laisserai pas partir, sans compter que l'Archange serait très bien capable de torturer un enfant pour glaner les quelques maigre informations qu'il possédait par hasard.

- Qui a t-il ? Fit la petite voix fluette du garçon contre mon torse.

- Si tu acceptes de me suivre, Gabriël, tu devras fuir, sans doute ta vie entière.

Il leva les yeux vers moi, la mine farouche.

- Je vous suivrai toujours maître, vous le savez bien !

Je soupirai et rétorquer vivement :

- T'arrêteras jamais de me vouvoyer ?

- Non ! Le Monsieur dans le village il m'a dit que c'était une preuve de respect ! Et moi je vous respecte beaucoup beaucoup vous savez !

Je sourit et les larmes me montèrent aux yeux. Je détournai rapidement le regard de ces yeux plein d'espoir et me levai rapidement, tenant Gabriël par la main. Je lui chuchotai rapidement à l'oreille la suite du plan, après l'avoir de nouveau mit en garde sur ce qui l'attendait peut-être.

[Feeling my way through the darkness
Trouvant ma voie à travers l'obscurité
Guided by a beating heart
Guidé par un cœur qui bat
I can't tell where the journey will end
Je ne peux pas dire où le voyage se terminera
But I know where it starts
Mais je sais où il commence

They tell me I'm too young to understand
Ils me disent que je suis trop jeune pour comprendre
They say I'm caught up in a dream
Ils disent que je suis pris dans un rêve
Well life will pass me by if I don't open up my eyes
Eh bien, la vie va me dépasser si je n'ouvre pas les yeux
Well that's fine by me
Eh bien, ça me convient]

J'attrapai vivement la main de Gabriël. Et nous courûmes. Nous courûmes jusqu'au bois, jusqu'au village. Nous courûmes loin, toujours plus loin. Fuyant la réalité, le passé, le présent, l'avenir, la raison. Fuyant l'Archange.

Je su, à cet instant, que nous courrons jusqu'à la mort, jusqu'à ce que le moment vienne ou nous devrons nous retourner. Nous retourner et dire : Stop. Et alors il faudra se battre, se battre ou mourir.

Nous entamions un long exil qui se terminera, je l'espère, sur la liberté.