Chapitre 12

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PDV : Nathanaël - 1 semaine avant le Solstice

Je regardai Gabriel s'entraîner avec sa longue épée, qui ne semblait plus si grande à présent qu'il avait grandi. Bien qu'il ai fait des progrès énormes, il avait tout de même encore besoin de s'entraîner avant d'atteindre un niveau ou il pourrait être capable de rivaliser avec un voleur au combat.

La veille, il m'avait dit, des étoiles brillant dans les yeux, que son rêve à lui c'était de voir les gens heureux, et de sauver ceux qui ne le sont pas. Ses paroles, si pures et si gentilles m'avaient énormément ému. Je lui avait demandé comment il comptait s'y prendre, et il m'avait répondu d'une voix ferme et sûre : "Je deviendrai plus fort". Je n'avais pû que hocher la tête devant tant de détermination.

Je le regardais effectuer rapidement les mouvements que je lui avais donnés. Je voyais la sueur sur son front, mais il ne se plaignait jamais. Pour l'encourager, j'attrapai mon téléphone et cherchai une musique pour nous ambiancer tous les deux.

Depuis que je l'avais recueilli, je lui avais fait découvrir toutes sortes de chansons que j'appréciait particulièrement, depuis, il partageait ma passion irremplaçable qu'était la musique. D'ailleurs à ce stade, ça n'était plus vraiment une passion mais plutôt une obsession, ou une drogue. Je ne pouvais pas vivre sans musique. Si on me l'enlevait, j'étais quasiment sûr de mourir dans les 3 heures suivantes.

[There's a moment

Il y a un moment

In your bones when

Dans tes os, quand

When the fire takes over

Le feu prend le dessus

Blood is running, heart is pumping

Le sang coule, le cœur bat fort

As the battle gets closer

Alors que la bataille se rapproche]

Après avoir lancé la musique, je décidais de m'entrainer un peu avec Gabriel, par solidarité, même si je passais déjà mes nuits à améliorer mes capacités physiques, ayant moins besoin de sommeil que les humains.

[We can be heroes everywhere we go

Nous pouvons être des héros partout où nous allons

We can have all that we ever want

Nous pouvons avoir tout ce que nous avons toujours voulu]

Nous nous entrainâmes ainsi pendant longtemps. A la fin, les muscles endoloris et le souffle court, je m'affalais sur le sol, la langue pendante et regardais Gabriel faire de même.

Il me lança un regard hilare, tout en essayant de reprendre son souffle.

[Keeping us down is impossible

Nous garder à terre est impossible

'Cause we're unstoppable

Car nous sommes inarrêtables]

Je regardais un instant Gabriel dans les yeux avant de lui dire :

- Aller, va te laver et rejoins moi au café près de la bibliothèque, j'ai une surprise pour toi.

Sa réaction fut immédiate, ses yeux se mirent à briller et il se leva vivement pour faire ce que je lui avait demandé.

Quant à moi, je pris aussi une douche rapide avant de me préparer pour aller dans le centre du village. Tout d'abord, je fis disparaître mes longues ailes blanches qui attireraient indubitablement et surtout inutilement l'attention sur nous. Ensuite, je commençai à chercher des habits humains dans mon placard qui n'était pas vraiment un modèle de rangement. J'attrapais un tee-shirt au hasard, qui se révélait être un haut à l'effigie de mon groupe préféré, Nirvana. J'enfilais un jean bleu, troué aux genoux avant de chercher quelque chose pour mettre par-dessus mon tee-shirt. Alors que je ne m'y attendais pas, ma main tomba sur une de mes veste que j'avais énormément porté, celle qui me portait bonheur lorsque j'étudiais encore à l'école des anges. Les anges vivant bien plus longtemps que les humains, il était à ce moment-là, dans l'équivalent du début du lycée pour les habitants de la terre.

Je serrai la veste en cuir dans ma main. M'avait-elle aidée ou m'avait-elle condamnée ? Même maintenant que j'avais échappé à toutes les insultes dont j'avais été la cible, je ne savais pas. Car oui, les anges aussi insultaient les autres, ceux qu'ils pensaient différents, et ceux qui le l'étaient véritablement. Combien de fois m'avait-on traité de tapette lorsque je portais cette veste ? Combien de fois m'avait-on traité de tapette tout court, alors que je n'avais rien fait ? Je ne sais, et rien de tout cela ne m'importait plus maintenant que j'avais fuis l'école et tous les monstres qui s'y trouvaient. Si j'avais été humain, je n'aurais eu qu'une vingtaine d'années, je crois. Que le temps passait vite pour eux...

Je secouais la tête, refusant de me laisser aller à des pensées négatives en ce jour si spécial. Après un infime instant d'hésitation, j'enfilai ma veste en jean avant d'attraper un petit paquet cadeau posé sur une chaise dans le coin de la pièce. Avec un sourire sur les lèvres, je sortis et me dirigeai vers le bar que où j'avais demandé à Gabriel de me rejoindre.

Je marchai dans la rue pavé, chacun de mes pas claquant légèrement sur le sol. Mon regard volait de boutique en boutique, passant par les étalages colorés de quelques magasins aux façades en pierres des maisons qui m'entouraient.

Après quelques minutes de marche, j'arrivai devant la bibliothèque, un petit édifice qui semblait vieux mais qui tenait toujours debout. Dedans, un vieil homme, à qui j'avais déjà beaucoup parlé, malgré le peu de temps que nous avions passé ici, me fit un signe de la main. Je lui rendit son salut et regardai du côté du bar.

Il se nommait "Le café des étoiles". La première chose que l'on remarquait en y arrivant était la grande vitrine en verre qui occupait la majeure partie de la façade, permettant aux passants de jeter un coup d'œil à l'intérieur et les invitant à entrer. Au-dessus de la porte en bois, on pouvait voir l'enseigne en métal, arborant le symbole du café, une simple étoile filante.

En été, la terrasse se transformait en un véritable havre de paix pour tous les habitants du village. Je m'installais toujours à la même table, celle en coin, sous un auvent en toile légère qui me protégeait du soleil tout en laissant passer ses rayons dorés. Je sais que c'est là aussi que Gabriel me trouverait.

Les tables en fer forgé, ornées de motifs délicats, étaient joliment décorées de nappes à rayures bleu clair et blanches. Les chaises, assorties, étaient confortables malgré leur apparence, et tout le monde se sentait toujours bien installé lorsqu'ils s'y asseyaient.

Autour des tables, des plantes en pot fleuries débordaient de leurs jardinières, ajoutant des touches de couleur vive à l'ambiance paisible. Les bougainvilliers aux fleurs pourpres grimpaient le long des murs, et les jasmins embaumaient l'air de leurs parfums subtils. De petites lanternes suspendues aux branches des arbres créaient une atmosphère chaleureuse dès que le soleil commençait à se coucher, répandant une lumière douce et dorée sur les convives.

Les rires et les conversations des clients en cette après-midi se mélangeaient harmonieusement aux bruits du village qui semblaient se faire plus lointains. Les serveurs, vêtus de tenues élégantes mais décontractées, circulaient avec agilité, apportant des cafés aromatiques et des pâtisseries fraîches. Le cliquetis des tasses et des assiettes se mêlait au doux murmure de la musique d'ambiance qui flottait en arrière-plan.

D'un pas sûr, j'entrai dans le café et sourit à l'un des serveurs. Celui-ci me salua et m'indiqua la table que je prenais lorsque je venais.

- Merci. Fis-je avant de me diriger vers la table indiquée.

Je m'assis sur l'une des deux chaises et attendit Gabriel en regardant les fleurs multicolores. Sans résister, je laissais mes pensées s'envoler, mon regard, aussi bleu que le ciel, regardait désormais les choses sans vraiment les voir.

Lorsque les souvenirs plus désagréables commencèrent à émerger, je ne réussi pas à les repousser, ils commencèrent à me submerger lentement.

"Salope" criait la voix de mon souvenir.

The angelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant