The angel

Chapitre 18

PDV : Thorn

- Bou

Ce mot résonna dans l'espace avec une netteté inquiétante. La réaction fut immédiate et explosive. La terreur, contenue jusqu'à ce point, éclata comme un dam de sécurité, déversant son flot en un chaos tumultueux. Les soldats, figés par l'horreur, se redressèrent précipitamment, leurs armes se braquant vers moi avec une rapidité désespérée. Les villageois, pris de panique, se mirent à hurler, leurs cris se mêlant en une cacophonie de terreur. Les enfants, les yeux grands ouverts, hurlaient à en déchirer la voix, leur peur exacerbée par la présence menaçante que j'incarnais. L'agitation se propagea comme une onde de choc, créant un chaos tumultueux qui saturait l'air de cris et de confusion.

Au cœur de ce tourbillon d'émotions, une seule personne restait figée, immobile au milieu du chaos. Nathanaël. Son nom m'arriva comme une claque dans la gueule, faisant remonter des souvenirs que j'avais enterrés sous des couches de rage et d'amertume. Il se tenait là, au centre du déferlement de terreur et de confusion, détaché de l'agitation environnante.

Ne pouvant m'en empêcher, je plongeai mon regard sombre, torturé par la haine dans les siens. Dans ses yeux bleus, si profondément marqués par le passé, je retrouvai une clarté déroutante qui m'aspira. Ils étaient comme des abysses glaciales, dans lesquels je m'étais jadis noyé, cherchant en vain à comprendre les mystères qu'ils renfermaient. Ce regard, à la fois familier et étrangement étranger, semblait suspendu dans le tumulte, comme un fragment d'autrefois qui refuse de se dissiper.

Tandis que le tumulte autour de nous explosait en une série de cris, de hurlements et de bruits de métal, je me perdis dans mes pensées. Le chaos ambiant s'effaça peu à peu, devenu une toile de fond indistincte à mes réflexions intenses. Les visages apeurés, les mouvements frénétiques des soldats et les cris désespérés des villageois semblaient se dissoudre dans un brouillard lointain.

Mes pensées s'attardèrent sur les souvenirs enfouis, sur les émotions douloureuses que j'avais tentées de refouler. L'oubli de ces visages hurlants, de cette violence omniprésente, se fit presque naturel alors que je me concentrais uniquement sur Nathanaël. Les raisons de ma haine, les moments partagés, les conflits non résolus... tout se mêlait en un tourbillon d'émotions tumultueuses et déchirantes.

Les gens autour de moi, bien que désespérés et en proie à une peur palpable, semblaient devenus des ombres floues dans mon champ de vision. Le désir de survie, les regards accusateurs, et les murmures inquiétants de ceux qui souhaitaient ma fin se perdaient dans le dédale de mes pensées. Le monde extérieur semblait s'effacer, laissant place à une confrontation intérieure, une lutte contre les fantômes du passé que seul Nathanaël pouvait incarner.

Ainsi, dans cet instant suspendu, alors que le chaos continuait de déferler comme une mer déchaînée, je restais là, perdu dans un tourbillon de souvenirs et de haine, absorbé par l'unique présence de Nathanaël, comme si rien d'autre ne comptait plus que le visage de ce putain de pigeon que je détestais plus que tout au monde.

Et puis, soudain, une explosion tonitruante éclata, déchirant l'air comme un coup de tonnerre. L'onde de choc me frappa de plein fouet, faisant vibrer tout mon être. Je su ce que c'était avant même de ressentir la douleur qui déchirait mon aile droite. C'était comme si des milliers d'aiguilles de feu venaient de s'enfoncer dans les plumes et les muscles. Je sentis un choc lancinant qui irradiait de l'endroit où l'impact avait eu lieu, pourtant je n'en montrais rien. Je sortis de mes pensées à la vitesse de l'éclair et, malgré la douleur lancinante, je me redressai, faisant abstraction des vagues de douleurs qui me traversaient. Mes yeux, toujours fixés sur Nathanaël, se détournèrent brièvement pour balayer la foule en panique. Je ressentais chaque souffle, chaque cris, chaque mouvement comme une cacophonie lointaine, atténuée par ma concentration obstinée.