PDV Thorn :
"Il m'a remplacé" fut ce que je pensais tout d'abord. Puis je me maudis d'avoir pensé cela. Qu'est ce que j'en avais à foutre de ce pigeon à présent ? Rien.
Je volais, haut, toujours plus haut dans le ciel. Je volais en direction d'un endroit où cet idiot d'ange ne mettra jamais la plus petite plume, un endroit sombre où la nuit éternelle est étouffante et seulement éclairé par d'inombrables cascades de feu brulants qui dévorent tout sur leurs passage. Un endroit de désolation pure, de malheur, de peur et de haine.
Je battis des ailes de nouveau, montant encore et encore à travers les nuages. Je fermai lentement les yeux et une sensation désormais familière s'empara de moi, comme si on m'aspirait vers le haut sans que je n'ai à faire le moindre mouvement. Un léger étourdissement me surpris lorsque j'ouvris les yeux.
Mes pieds touchaient le sol, une terre aride et stérile, craquelée et sèche. "On dirait mon coeur" pensai-je stoïquement la tête penchée vers mes bottes noires. Soudain, l'absurdité de mes pensées me frappa de plein fouet et je reculai de quelques pas. "Qu'est-ce que je raconte bordel ?" Je mis cette réflexion sur le compte de la fatigue et me mis à avancer à grands pas, les mains fourrées dans mes poches, le cou enfoncé dans le col de ma cape sombre. A vrai dire, la fatigue n'était pas un prétexte. Je me sentais vide, et complètement crevé.
Je me dirigeai hâtivement vers le grand château ténébreux que l'on pouvait apercevoir au loin, loin dans cette plaine de feu et de pierre. Derrière la forteresse, il y avait d'immenses montagnes qui avaient l'air tout aussi accueillantes que le reste.
On pouvait apercevoir un ou deux vautours planer dans le ciel pesant couleur charbon. A part cela, le paysage était vide et austère, la terre craquelée et cassante s'étendait à perte de vue. On ne voyait ni soleil ni lune, ni aube ni couchant, ni fleur ni arbre, rien qu'une semi-pénombre oppressante qui occupait tout l'espace.
Je ne regardais pas autour de moi, ce paysage, je ne le connaissais que trop bien. Quelques minutes de marche plus tard, j'arrivai devant de grandes portes en bois cloutées, qui s'ouvrirent immédiatement sur mon passage. Depuis le temps, je n'y faisais plus attention. Je traversai couloirs, escaliers et portes jusqu'à enfin arriver devant la chambre qui m'était attribuée. Je tendis la main pour ouvrir la porte. Je ne pu qu'effleurer la poignée, un éclat de voix déchira l'air, me coupant dans mon élan. Avec un soupir provocateur, je posais mon front contre le panneau de bois.
- Shinigami* ! Répéta la femme, une note à la fois musicale et terrifiante dans la voix.
- Qu'est ce que tu veux ? Crachai-je pratiquement, sans détour.
Je ne me retournai pas mais je savais qu'elle avait froncé les sourcils, cette idée me fit sourire.
- Tu veux pas me respecter pour une fois ? Arrête de te moquer ! C'est pas compliqué, merde ! Et enlève cet air moqueur de ton visage, ça me donne envie de te trucider ! Siffla-t-elle en réponse à un petit ricanement que je lui avais adressé.
- Je fais bien ce que je veux. Qu'est-c'tu veux encore ? Fis-je, légèrement agressif.
La fatigue de ces dernières semaines me rattrapaient très rapidement et je commençais à m'impacienter. Elle souffla devant le peu de respect que je lui accordait et ordonna :
- Retourne toi quand je te parle.
Plus par ennui qu'autre chose, je m'executai et fis face à la jeune femme. Je grognait :
- Aller accouche Abariëlle, j'ai pas que ça à faire.
Elle fronça son joli nez. Abariëlle était un prénom d'ange qui évoquait la ténacité, ce qui lui allait bien, dans un sens. Elle avait trahit l'Archange, son ancien maître, pour rejoindre les rang de l'armée du Roi Démon, ce qui expliquait son prénom, qui semblait déplacé dans ce royaume. Elle travaillait pourtant toujours à son service, en tant que secrétaire, pour servir d'agent double. Voilà pourquoi elle avait de gracieuses ailes blanches que je détestais tant au lieu de celles, noires comme la nuit, des démons normaux. Elle possédait de longs cheveux bruns et bouclés qui tombaient en cascade sur ses épaules, ainsi que des yeux bleus océan, comme énormément d'autres anges. Si l'Archange apprenait sa trahison, il la pendrait pour servir d'exemple, après l'avoir renié et ôté tous ses pouvoirs.
Étrangement, dans son pays, elle était extrêmement appréciée, car toutes les âmes qu'elle avait guidées étaient restées sur le chemin de la paix et de la bonté, ce qui expliquait sûrement pourquoi son supérieur ne la soupçonnait pas.
Abariëlle sourit, dévoilant des dents blanches et sans défauts.
- Le Chef à décidé que nous allions faire une mission ensemble ! Il m'a chargé de t'en informer et de te demander de le rejoindre demain matin au Pandémonium.
Je soupirai longuement avant de répondre :
- Je n'ai pas le choix je suppose ? Préviens le que je ne serais pas là demain matin, mais plutôt le soir... Je suis crevé.
Sans plus de cérémonie, j'entrai dans la pièce qui m'avais été attribuée et claquai la porte derrière moi. La pièce était quasiment vide. Elle ne comportait que le minimum vital. Un grand lit aux draps pourpres trônait au centre de la pièce. En quelques pas lourds, je fut à côté de celui-ci. Sans même prendre le temps d'ôter ma tunique noire et mes bottes de cuir, je m'affalais dessus et m'endormi presque instantanément.
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*Dieu de la mort en Japonais
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The angel
FantasiUne histoire comme il en existe tant. L'histoire de deux âmes perdues qui ne rêveraient que de se retrouver. Deux âmes, brisées par la haine, par un passé irréversible, brisées par le destin. Un amour impossible par bien des aspects. ~~~~~~~~~~~~~...