Chapitre 13 - Trigger warning /!\

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PDV : Nathanaël - FLASHBACK

Je me tenais près de mon casier, les mains serrées sur les bords pour ne pas montrer combien je tremblais. La journée avait été longue, depuis le matin, mais c'est ce moment qui m'a marqué plus profondément que tout le reste. Les voix rieuses et les éclats de rire de mes camarades résonnaient autour de moi comme une symphonie déformée par le mépris.

- Regardez-le, le petit ange. On dirait qu'il va pleurer, lança Azriel, un des gars populaires de l'école. Ses mots, chargés de sarcasme, faisaient écho dans le couloir bondé.

Les autres élèves se retournaient furtivement, jetant des regards curieux mais timides. Certains murmuraient, d'autres se moquaient ouvertement. Je pouvais sentir les regards insistants sur moi, comme s'ils cherchaient à comprendre pourquoi je restais là, sans réagir.

J'avais choisi de garder le silence, pensant que l'ignorance serait la meilleure réponse. Mais leur cruauté persistante, leur besoin d'afficher leur supériorité, me touchait de plein fouet.

Je tentai de garder mon calme, en faisant de mon mieux pour ignorer les regards de mes camarades, qui semblaient s'amuser de la situation. Ils se tenaient autour de moi, une mer d'ailes blanches et de visages souriants mais malveillants.

- Eh bien, regardez qui a décidé de faire du shopping chez les mortels, lança Ezekiel, qui venait d'arriver derrière son ami avec un sourire moqueur. Tu te prends pour quoi avec tes habits de seconde main ? Un ange ou un clown ?

- Arrête de te comporter comme une tapette, ça me dégoûte. Cracha Azriel. Tu veux faire honte aux anges où quoi ?

Ma gorge se serra, je sentais mon coeur battre à tout allure dans ma poitrine. Ca y-est ils recommençaient. J'avais pourtant tout fait pour les éviter, mais visiblement, ils avaient réussi à me tomber dessus quand même. Les lèvres tremblantes, je n'essayais de ne rien montrer des émotions qui m'habitaient, tandis que je retenais les larmes qui me déchiraient impitoyablement de l'intérieur.

Mes jointures blanchissaient à vue d'œil, mais j'ai réussi à contenir le gros de mon émotion.

Un autre ange, Raphaël, s'approcha de moi et me bouscula violemment.

- Alors, on répond pas ?

Devant mon mutisme, il cracha sur le sol et m'insulta d'un ton cruel :

- Salope va.

Il me bouscula de nouveau, m'envoyant presque contre le mur. Sa force était telle que je perdis l'équilibre, mes ailes se déployant instinctivement pour me stabiliser. Les rires et les murmures de ses amis résonnaient autour de moi, amplifiant mon humiliation cuisante. Tout tournait autour de moi. Je ne voyais que leurs bouches tordues en sourires cruels, leurs yeux moqueurs, les insultes qui me lançaient. Tout m'attaquait, tout me lacerait le cœur, me détruisait petit à petit. Ma douleur, ma peur, ma détresse, tout était mélangé dans une immense tempête que je ne pouvais pas arrêter, même au prix d'efforts considérables.

Raphaël se tourna vers les élèves qui regardaient la scène en riant, une lueur de défi dans le regard.

- Regardez le, fit-il en désignant ma silhouette tremblante, ce n'est qu'une petite tapette qui se prend pour un ange avec ses habits de mortel !

Il fit un geste dédaigneux de la main, comme pour me balayer du regard, puis retourna vers ses amis, visiblement satisfait de sa démonstration de pouvoir. Les éclats de rire redoublèrent, et je me sentis écrasé par le poids de leur mépris. Les insultes étaient comme des poignards invisibles, et chaque coup infligeait une douleur profonde et persistante.

Je levai les yeux, cherchant des visages amicaux parmi la foule. Mais tous les regards étaient tournés vers moi avec une indifférence glaciale ou un amusement cruel. Il n'y avait personne pour m'aider, personne pour atténuer la douleur ou pour m'assurer que j'étais encore digne de quelque chose.

Je voulais hurler, crier ma détresse à la face du monde céleste, mais ma voix se bloqua dans ma gorge. Tout ce que je pouvais faire, c'était rester là, figé dans un tourbillon d'émotions intenses, incapable de trouver un répit.

Le soleil continuait de briller, immuable et indifférent, tandis que je me tenais au centre de leur spectacle cruel. Chaque seconde semblait une éternité, et chaque insulte, une blessure nouvelle. J'étais épuisé, brisé, et je ne savais pas combien de temps je pourrais supporter cette humiliation sans me laisser engloutir par la détresse.

Petit à petit, les élèves commencèrent à se disperser lentement, laissant derrière eux le champ de leur cruauté. Raphaël et ses amis s'éloignèrent, leurs éclats de rire diminuant jusqu'à ce qu'ils se fondent dans le murmure général de l'école. Les visages de ceux qui restaient étaient plus distants, certains manifestant une gêne palpable, d'autres feignant de ne pas remarquer la scène.

Je restai là, les yeux baissés, fixant le sol comme s'il pouvait me donner des réponses ou me cacher de ce monde devenu hostile. Les regards, de plus en plus rares, ne me touchaient plus. Je ne cherchais plus à comprendre ni à obtenir de réconfort ; je m'enfermais dans mon propre désespoir.

Un léger vent se leva, caressant doucement mes ailes repliées, comme une tentative maladroite de me consoler. Je levai les yeux vers le ciel, observant les nuages se déplacer lentement, comme si le temps lui-même essayait de me donner une pause. Est ce que je ne serais pas mieux là-haut ? Loin de tous ces gens qui essayaient de me faire du mal ? Les larmes coulaient maintenant librement, et je n'avais plus la force de les retenir. Elles glissaient le long de mes joues, mélangeant tristesse et fatigue.

Alors que l'école se vidait peu à peu, je me sentais vidé, comme une coquille laissée à l'abandon. La journée continuait de s'étirer, implacable, tandis que je cherchais encore, dans le silence, une évasion à la douleur que je n'avais pas voulu affronter.

J'en voyais plusieurs, certaines demandaient de tacher mes ailes de rouge. Pourquoi pas après tout ?

Pourquoi ne pas mourir, si mon seul crime est d'exister ?

The angelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant