PDV : Nathanaël
Pourquoi ? Pourquoi était-il venu ? Pourquoi ne pouvais-je rien faire ?
Je me tenais à l'écart, caché dans l'ombre, mon cœur battant douloureusement dans ma poitrine. Chaque mot, chaque geste de celui qui se tenait là, au milieu de la foule terrifiée, me transperçait comme une lame glacée.
Je ne pouvais détacher mon regard tandis qu'il s'approchait de Gabriel, chacun de ses pas calculé, délibéré. Je savais ce qui allait se passer, et pourtant, je ne pouvais rien faire pour l'empêcher. J'étais paralysé, cloué sur place par une douleur sourde qui irradiait de mon cœur. Quand il se pencha vers le garçon pour lui murmurer quelque chose, j'eus envie de hurler, de courir, de faire n'importe quoi pour les arrêter. Mais mes jambes refusaient de bouger, et ma voix restait prisonnière dans ma gorge.
Je sentis une larme couler sur ma joue. Je l'essuyai rageusement, refusant de me laisser encore aller à la faiblesse, même si j'étais caché dans l'ombre. Mais le chagrin me submergeait, m'écrasait sous son poids. Comment en étions-nous arrivés là ?
Les souvenirs se bousculaient dans ma tête, des moments que nous avions partagés, des instants volés dans un passé qui semblait désormais appartenir à une autre vie. Je me souvenais de son sourire, un sourire sincère, dénué de cette cruauté qui déformait maintenant son visage. Je me souvenais de ses paroles, de ses promesses... Comment avait-il pu changer à ce point ? Pourquoi n'avais-je pas fait mon devoir ? Je l'avais abandonné, et voilà ce qu'il était devenu...
Je regardai mon apprenti, et une vague de désespoir me submergea. J'avais échoué. J'avais échoué à sauver l'âme de celui dont j'avais la charge, et j'avais échoué aujourd'hui, une fois encore. J'avais laissé ce monstre parler à Gabriel, sans même m'interposer. Ma propre lâcheté me donnait envie de vomir.
Je savais que je ne pouvais pas rester là, à ne rien faire. Je devais agir, trouver un moyen de l'arrêter, de mettre fin à cette folie. Mais une question me hantait : en étais-je seulement capable ? Avais-je encore la force de le confronter, de le combattre, lui qui avait été tant pour moi ?
Et tandis que le démon se reculait, s'éloignant de la foule terrifiée, la voix d'un soldat me parvint, lointaine, comme étouffée par un épais brouillard. Tout semblait irréel, comme dans un cauchemar dont on ne peut s'éveiller. Le monde autour de moi se dérobait, se dissolvait dans une brume indistincte. Je n'entendais plus rien d'autre que le battement sourd de mon propre cœur. Mon regard, malgré moi, restait fixé sur les yeux noirs comme l'encre de Thorn, ces abysses où brûlait une haine profonde, viscérale. Une haine que je savais destinée uniquement à moi.
Thorn recula, lentement, à pas mesurés, son corps imposant projetant des ombres inquiétantes sur les murs du palais. Ses grandes ailes noires, repliées avec une précision presque militaire, faisaient frissonner quiconque les apercevait. Tout chez lui, de sa démarche à son regard, suintait la menace. Chaque mouvement était une démonstration de pouvoir, calculée pour semer la terreur, pour briser la volonté de ceux qui oseraient le défier.
Je distinguais à peine les silhouettes des guerriers qui l'entouraient, leur armure réfléchissant la faible lueur des torches. Ils se tenaient prêts, tendus comme des arcs, essayant désespérément de contenir leur peur. Mais je savais ce qu'ils avaient en tête. Leur plan était aussi prévisible que dangereux. Ils tentaient de l'éloigner de la foule, de le conduire vers l'entrée du palais où ils pourraient l'attaquer sans risquer de mettre les civils en danger. C'était une tentative vaine, désespérée. Ils sous-estimaient Thorn, ou peut-être se surestimaient-ils eux-mêmes. Dans tous les cas, c'était une idée terriblement, terriblement mauvaise.
Je pouvais presque deviner leurs pensées : « Éloignons-le, isolons-le, et nous aurons une chance. » Mais ils ignoraient, ou refusaient de voir, que chaque pas de Thorn était une avancée calculée, chaque battement d'ailes une menace latente. Ils ne faisaient que suivre le jeu de celui qui les dominait par la seule force de sa présence. Ils pensaient l'acculer, le surprendre, mais en réalité, c'était eux qui allaient tomber dans un piège qu'ils n'avaient même pas encore réalisé.
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The angel
FantasyUne histoire comme il en existe tant. L'histoire de deux âmes perdues qui ne rêveraient que de se retrouver. Deux âmes, brisées par la haine, par un passé irréversible, brisées par le destin. Un amour impossible par bien des aspects. ~~~~~~~~~~~~~...