Chapitre 16

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PDV : Nathanaël

L'atelier était un endroit que j'adorais, un lieu où je pouvais me perdre dans mes expériences et mes recherches, loin du tumulte du monde extérieur. Dès que j'entrais, l'odeur familière des produits chimiques me saisissait, une odeur à la fois piquante et rassurante, celle du travail en cours. Les murs étaient tapissés d'étagères en bois sombre, sur lesquelles reposaient des flacons de verre de toutes tailles, étiquetés avec soin. Chaque flacon contenait une substance différente : poudres, liquides, cristaux, tous rangés avec une précision presque obsessionnelle.

Au centre de la pièce, une grande table de travail en chêne massif était encombrée d'instruments de mesure, de béchers, de tubes à essai et de balances. J'avais passé des heures à ajuster l'emplacement de chaque objet, m'assurant que tout était à portée de main pour éviter la moindre distraction. Des supports métalliques s'élevaient au-dessus de la table, tenant des fioles et des alambics, prêts pour les mélanges les plus complexes.

Un peu plus loin, un petit brûleur à gaz était installé sur un coin de la table, entouré de spatules, de mortiers et de pilons. C'était là que je chauffais mes mixtures, que je testais les réactions des éléments sous l'effet de la chaleur. Les flammes dansaient doucement, projetant des ombres mouvantes sur les murs de pierre brute, donnant à l'atelier une atmosphère presque mystique, comme si des secrets anciens étaient sur le point d'être révélés.

Les fenêtres, hautes et étroites, laissaient entrer une lumière naturelle tamisée, idéale pour travailler sans être ébloui. Parfois, je perdais la notion du temps, absorbé par le jeu subtil des couleurs changeantes, des odeurs se mêlant et des bulles apparaissant à la surface de mes mélanges dangereux. Étant un ange et pouvant rester très longtemps sans dormir, je pouvais passer des jours sans sortir de cette pièce, absorbé par le travail que je voulais à tout prix réussir.

Au fond de la pièce, un vieux bureau couvert de papiers, de notes et de livres anciens était mon espace de réflexion. J'y consignais mes observations, traçant des schémas et des formules avec une plume d'encre noire. Chaque fois que je faisais une découverte, aussi minime soit-elle, je prenais le temps de la noter soigneusement, pour ne rien perdre de mes avancées.

Cette fois, comme les précédentes, je m'assis sur une chaise et commençai à réfléchir. Sur la feuille devant moi, seuls deux mots étaient écrits : "Poison ultime"

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PDV : Thorn

Après ma dernière excursion dans le monde humain, un voyage qui m'avait laissé avec un étrange mélange de souvenirs et de sentiments contradictoires, j'avais décidé de me réfugier dans une forêt sombre, non loin de là. C'était un lieu à mi-chemin entre deux mondes, tout comme moi. Je n'avais aucune envie de retourner dans le monde des démons, où la froideur et l'obscurité régnaient en maîtres, ni de rester parmi les humains, dont les vies brillaient d'une lumière trop éblouissante, trop éphémère. Alors, mi-humain, mi-démon, je restais là, sous les arbres anciens, profitant de la fraîcheur de la nuit, trouvant un semblant de paix dans cet espace intermédiaire.

La forêt, à cette heure avancée de la nuit, était un sanctuaire de ténèbres et de silence. Les arbres, imposants et centenaires, formaient une canopée dense qui occultait presque totalement la lumière de la lune. Leurs troncs, larges et rugueux, se dressaient comme des piliers de pierre, soutenant un plafond de feuillage si épais que seules de rares étoiles parvenaient à percer l'obscurité. Chaque arbre semblait porter en lui des siècles de sagesse et de secrets, des témoins silencieux du passage du temps et des créatures qui avaient foulé le sol avant moi. Le sol de la forêt était tapissé d'une épaisse couche de mousse, douce et légèrement humide sous mes pieds. À chaque pas, mes bottes s'enfonçaient légèrement, produisant un bruit étouffé, comme si la terre elle-même absorbait le son pour préserver la tranquillité du lieu. Le parfum de la terre humide et des feuilles en décomposition flottait dans l'air, mêlé à celui plus subtil des fougères et des champignons qui poussaient en abondance dans cette obscurité bienveillante.

Le silence n'était jamais total ici. Il était habité par les bruits discrets de la vie nocturne : le bruissement des feuilles sous le vent léger, le craquement occasionnel d'une branche, et, par moments, le hululement lointain d'une chouette qui veillait, invisible, quelque part au-dessus de moi. Parfois, le clapotis d'un ruisseau caché se faisait entendre, son eau claire serpentant entre les rochers, ajoutant une note apaisante à la symphonie de la nuit. Ce murmure constant, à peine perceptible, me rappelait que même dans l'obscurité, la vie continuait de battre son rythme, discret mais inexorable.

L'air était frais, presque froid, mais je n'en ressentais que la douceur apaisante. Une brume légère flottait au ras du sol, serpentant entre les troncs, s'accrochant aux racines noueuses qui surgissaient ici et là comme des mains squelettiques. Cette brume ajoutait une touche de mystère, brouillant les contours des arbres et des buissons, rendant la forêt encore plus énigmatique qu'elle ne l'était déjà.

En respirant profondément, je sentais l'odeur âcre et boisée du pin, mélangée à celle plus sucrée des baies sauvages qui poussaient en lisière. Chaque inhalation était un rappel que cet endroit, bien que sombre et isolé, était vivant, pulsant d'une énergie vieille comme le monde lui-même.

Je m'assis sur un vieux tronc d'arbre tombé, usé par le temps et recouvert de mousse, et laissai mes pensées s'échapper, se mêlant aux ombres mouvantes qui dansaient autour de moi. Ici, dans cette forêt silencieuse et immuable, je pouvais oublier, ne serait-ce qu'un instant, la dualité de ma nature. Ni totalement humain, ni complètement démon, j'étais simplement une créature de la nuit, trouvant un fragile équilibre dans ce lieu qui ne m'appartenait ni tout à fait, ni pas du tout.

Et alors que la nuit continuait de s'étirer, profonde et sans fin, je fermai les yeux, écoutant le battement régulier de mon cœur se synchroniser avec le pouls de la forêt, me laissant bercer par cette communion silencieuse avec la nature sauvage, là où ni les démons ni les humains n'avaient leur place.

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Chaque battement de mon cœur résonnait avec une intensité nouvelle, amplifiant une pensée qui refusait de s'effacer. Elle s'imposait à moi, implacable, comme une ombre grandissante au bord de ma conscience. Ce n'était pas une pensée complexe, mais sa simplicité la rendait d'autant plus puissante, inévitable. Elle s'infiltrait dans mes veines, s'accordait avec chaque souffle, chaque mouvement. Elle se répandait en moi comme une flamme alimentée par un souffle constant, brûlant de plus en plus fort à mesure que les secondes s'égrenaient.

Le Solstice. Ce mot, à lui seul, portait un poids immense, un fardeau que je ne pouvais ignorer. Tout en moi vibrait à cette idée, comme si mon être tout entier était à l'unisson avec le passage du temps, avec cette échéance inéluctable. C'était comme si l'univers lui-même murmurait en sourdine, comptant les jours, les heures, les minutes qui nous séparaient de cet événement majeur. Le compte à rebours avait bel et bien commencé, et avec lui, une énergie nouvelle, une tension palpable se propageait dans l'air.

Je pouvais presque entendre le tic-tac invisible du temps, chaque seconde qui passait marquant une étape de plus vers l'inconnu, vers ce moment où tout basculerait. Le Solstice n'était pas seulement une date, un repère dans le calendrier. Non, c'était un point de convergence, un carrefour où les forces en jeu allaient se rencontrer, se heurter, pour décider du cours des événements à venir.

Le Solstice n'était plus une simple échéance, il devenait un point de non-retour, un moment décisif qui déterminerait tout ce qui allait suivre. Il n'y avait plus de marche arrière possible. Le compte à rebours s'accélérait, et avec lui, la certitude que le monde, tel que nous le connaissions, était sur le point de changer à jamais.

Tout simplement, le Solstice allait marquer le déclenchement d'une guerre. Une guerre rapide mais d'une violence inouïe qui allait sans aucun doute mettre à feu et à sang le continent humain.

La guerre qui s'annonçait inévitablement, c'était la guerre entre humain et démon. Une Guerre pour le pouvoir.

En bref, les humains n'avaient aucune chance contre Rukkia, le plus puissant Roi démon que la terre n'ai jamais porté.

The angelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant