The angel

Chapitre 23

PDV : Nathanaël - FLASHBACK

Je me tenais là, encore sous le choc du baiser que je venais d'échanger avec l'ange. Ses lèvres avaient été douces, ses mains délicates sur mes joues. Mais alors que je tentais de me laisser emporter par ce moment, une réalité déchirante m'envahit : je ne pouvais pas oublier Thorn. Pourquoi ? Pourquoi ces pensées-là m'envahissaient elles tout d'un coup ? Pourquoi est-ce que je ne pouvais pas être comme tout le monde ? Pourquoi moi ?

Chaque effleurement, chaque frôlement de la peau de l'ange semblait intensifier la douleur lancinante dans ma poitrine. La chaleur du baiser ne me réconfortait pas, elle me rappelait seulement combien il me manquait. C'était comme une illusion brisée ; cette étreinte n'était rien de plus qu'une distraction qui me ramenait à la froide vérité : je n'étais pas libre de mes sentiments.

Je ne comprenais pas pourquoi Thorn continuait à hanter mes pensées, même maintenant. L'ange était belle, pleine de grâce et d'émotion, mais tout cela me paraissait vide, insuffisant. Mon cœur, loin d'être apaisé, se serrait douloureusement. Chaque geste, chaque douceur était comme une critique silencieuse du manque de Thorn, de ce que je pouvais et ne pourrai jamais avoir.

Je reculais lentement, essayant de cacher ma détresse. Le regard surpris de l'ange, plein de questionnements et de confusion, me fit encore plus mal. Je n'avais pas le droit de ressentir cela, pas de cette manière. Je n'étais pas censé aimer Thorn, et pourtant, chaque pensée de lui rendait ce baiser insupportable. Il n'était même pas censé me connaître !

Je fis un mouvement brusque, détachant nos corps, et je détournai les yeux, incapable de supporter la honte et la douleur. La panique monta en moi, une marée de confusion que je ne pouvais plus ignorer. Sans dire un mot, je me retournai et me dirigeai vers la sortie, le cœur lourd et la tête tourmentée.

Chaque pas me semblait plus lourd que le précédent. Les couloirs semblaient se tordre autour de moi, et la seule chose dont j'avais besoin était de fuir. Je m'éloignai du lieu, de l'ange, de ce baiser qui me rappelait ma propre incapacité à avancer. Je me réfugiai dans un endroit où je pourrais être seul, loin des regards inquisitifs et des attentes non exprimées. Mon esprit était en ébullition, incapable de trouver un semblant de clarté dans ce chaos émotionnel.

Je commençai à éviter Thorn, évitant ses regards et ses tentatives de conversation. Je m'enfermais dans mes tâches, dans des distractions, tout pour échapper à la vérité que je ne voulais pas voir. Je fuyais non seulement sa présence, mais aussi la réalité de mes propres sentiments, la réalité d'une situation que je ne pouvais pas changer.

Chaque tentative d'évasion me ramenait inexorablement vers Thorn, vers cette vérité que je ne pouvais pas affronter. Et je savais, au fond de moi, que cette fuite ne ferait qu'intensifier la douleur, me perdant davantage dans le labyrinthe de mes émotions.

C'est là que je fis mes plus grandes erreurs. Un ou deux mois après, Thorn célébrait ses 18 ans, et je n'avais même pas pris la peine de traverser le royaume humain pour lui souhaiter un joyeux anniversaire. Il était resté seul, comme un orphelin abandonné, et je n'étais même pas venu pour lui offrir un peu de réconfort.

Ce n'était pas faute d'avoir eu des choses à faire, loin de là. Non, je n'y étais pas allé, non pas à cause d'un emploi du temps chargé ou de circonstances imprévues, mais par pure lâcheté. La vérité, c'est que j'avais été paralysé par la peur, la peur de devoir faire face à ces sentiments incontrôlables qui se déchaînaient en moi.

Chaque jour qui passait, la distance entre nous se creusait, creusant un gouffre que je ne savais pas comment combler. Et chaque jour, je me détestais un peu plus pour ne pas avoir eu le courage de me confronter à cette réalité, pour avoir laissé Thorn vivre ce moment important de sa vie dans l'ombre de mon absence.