The angel

Chapitre 5

PDV : Nathanaël

Gabriël tenait une grande épée, peut-être paraissait-elle plus grande car il était plus petit ? La fait est qu'il avait l'air minuscule comparé à cette lame d'argent et de rubis qui miroitaient au soleil. Cet enfant était immédiatement devenu mon protégé, mon apprenti, lorsqu'il m'avait regardé d'un air farouche, un air de guerrier. Je sais qu'il n'oubliera jamais la tête du meurtrier de ses parents, je sais qu'il le traquera encore et encore, jusqu'à sa mort. Je sais aussi que je lui mentais, pour son propre bien... Enfin, je le pensais.

Quand j'avais proposé à l'enfant de devenir mon apprenti, je lui avais décris tous les risques qu'il encourait, tout ce qui pourrait lui pourrir la vie. Enfin... Presque tout.

Malgré cela, il a accepté immédiatement sans même remettre en question l'existence des anges, il avait 6 ans. Lorsque je lui avait offert l'épée, il en avait 10. Et il avait désormais 11 ans. Cela faisait 5 ans que ces parents étaient morts assassinés, 5 ans qu'il avait commencé à s'entraîner, sans savoir que leur meurtrier était encore dans la nature, plus puissant que jamais. 5 ans qu'il vivait seul avec son maître, loin de tout.

Je lui apprenais à manier l'épée, l'arc et les poignard, à concocter des poisons et des antidotes. Il était fort et ne se plaignait jamais, il fera un très bon protecteur, j'en suis sûr.

En l'observant durant cette séance d'entraînement, de désagréables souvenirs, vieux de nombreuses années, remontèrent à la surface de ma mémoire. J'essayai de les chasser, en vain. J'étais trop fatigué pour lutter.

*FLASHBACK*

L'Archange se tenait devant moi, droit et fier, implacable. Je me levais, des larmes de désespoir coulant sur mon visage angélique, j'ouvrit la bouche pour tenter de dire quoi que ce soit, pour me défendre mais tout ce qui sortit fut :

- Pa...Pardon. Pardon... Répétais-je en boucle entre mes sanglots.

- Les excuses ne suffisent pas. La sentence est irrévocable. Martela-t-il impitoyablement, insensible à mon désarroi et à ma douleur immense.

Je n'avais jamais voulu... Non... Ce n'était pas ma faute ! Mais je le savais très bien, et les larmes en étaient la preuve : oui, c'était à cause de moi.

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Le jeune homme me dévisageait.

- T'es revenu. Je croyais qu'on t'avait tué depuis le temps petit pigeon.

Ce ton moqueur, cette moue cruelle, Thorn. Je ne l'avais jamais vu ainsi et, je le savais maintenant, il le sera à jamais.

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Un grand sourire, un beau visage encadré de longs cheveux noirs, de grands yeux noirs d'ébène me dévisageant avec espoir, mon dernier beau souvenir.

- Va jouer ailleurs, Thorn, j'ai autre chose à faire...

Mon ton plein de ressentis. Ma colère. Mon incompréhension. Voilà ce qui à tout gâché.

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La colère me dévorait, je ne comprenais plus rien ! Sa main sur la mienne, Pourquoi ? Mes ailes s'ouvraient en grand, la rage déformant mon visage, elle me regardait d'un air surpris et s'éloignait de moi. Mais je la suivais et lui hurlais des questions auxquelles nul n'avait de réponses, un voile rouge assombrissait ma vue, je connu pour la première fois ce sentiment, cette envie irrépressible de tuer, de frapper.

*

Je sentit la peur du petit avant même d'ouvrir les yeux, surpris, je relevai la tête dans un sursaut.

Je remarquai très vite ce qui inquiétait mon protégé, une immense silhouette se tenait dans l'encadrement de la porte de notre petite maison en bord de village, sur la montagne. De grandes ailes, un air supérieur et fier, royal. Aucun doute, il était là pour moi, il m'avait retrouvé, j'allais être puni pour être revenu.

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PDV : Thorn

5 ans étaient passé, il ne s'était pas passé un jour sans que je ne me salisse les mains du sang de nombreuses personnes, sans qu'un nom ne soit ajouté sur ma liste sanglante d'assassinats, sans qu'une tête ne tombe pour m'avoir provoqué, sans qu'une seule personne ne tente de se débarrasser de moi.

A chaque mort, à chaque victime de mes actions, une partie de ma conscience se détachait à jamais, se brisait en milles morceaux pour ne jamais reparaître.

Le roi démon ne m'avait donné qu'une seule chose à faire, en plus des meurtres qu'il me demandait régulièrement de commettre à sa place. Pour l'instant, je ne l'avais pas exécutée et refusais même de songer accomplir cette tâche dont je devrai pourtant bientôt m'acquitter.

Obéir signifiait enterrer mon passé à tout jamais, et ça, je ne pouvais m'y résoudre.

*FLASHBACK*

Il me regardait avec un grand sourire, ses cheveux blonds flottaient au vent. Il tenait une épée pointée vers le ciel pour célébrer ma victoire. Ses grands yeux bleus pétillaient lorsqu'il croisaient les miens, et cela me ravissait à chaque fois.

Le soleil l'éclairait et la lumière venait l'éclabousser, le faisant rayonner toujours plus.

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Le verdure nous entourait, de longs brins d'herbe flottaient au vent et de jolies fleurs venaient agrémenter le paysage. Nous étions assis derrière une grande pierre, à observer la faune sauvage. Une biche broutait paisiblement au loin, vers l'orée de la forêt, son petit bondissait autour d'elle à la suite d'un beau papillon coloré.

Soudain, elle leva la tête, mais pas vers nous, non. Derrière elle, en direction du village. Ses oreilles se mirent à pivoter à toute vitesse et, affolée, elle s'enfuit en bondissant, le faon à sa suite.

Je cherchais ce qui avait fait fuir la bête. Tout excité, je pensais pouvoir trouver un loup, ou un tigre ! Je n'en avais jamais vu. Mais je me calmait immédiatement lorsque je vis qu'il s'était levé. Il était livide, ses yeux s'étaient assombris comme un soir d'été avant un orage. Ses sourcils étaient froncés, et même s'il cherchait à le cacher, sa main tremblait légèrement.

Enfin, je le vis.

Pas pour la première fois en fait, mais cette fois-ci, j'avais la conviction qu'il était là pour nous. Je n'étais plus un enfant, je devais avoir plus d'une quinzaine d'années. Je compris tout de suite ce que je n'avais pas eu la capacité de voir et de comprendre précédemment.

Lui.

L'ombre sur le tableau. La tache de sang.

Le Chef, le Fier, le Roi.

Lui. L'Archange.