Chapitre 22

0 0 0
                                    

PDV : Nathanaël

Je m'effondrai sur le sol froid, mes genoux frappant le marbre avec un bruit sourd qui résonna dans le silence du hall. Une vague de désespoir s'abattit sur moi, écrasant, étouffante. Je n'avais pas pu sauver le roi. J'étais faible. Faible. Faible. Le mot se répétait en boucle dans mon esprit, un écho cruel qui se moquait de moi.

Je me pris la tête entre les mains, sentant mes ongles s'enfoncer dans ma peau, comme si la douleur physique pouvait étouffer celle qui déchirait mon âme. Certes, les soldats étaient toujours en vie, ils avaient réussi à s'échapper, à survivre, mais à quel prix ? Le roi, dirigeant du pays que je voulais protéger, avait payé de sa vie mon incompétence, ma faiblesse. Ses derniers instants me hantaient déjà, son regard résigné, son souffle qui s'éteignait... Tout cela était gravé en moi, brûlant comme une marque indélébile. Je levai les yeux, cherchant désespérément une explication, une quelconque justification à ce désastre. Mais il n'y avait rien, juste ce vide immense, ce gouffre sans fin dans lequel je semblais chuter sans espoir de me relever. Thorn avait gagné, une fois de plus. Il avait arraché la vie du roi avec une telle facilité, comme s'il ne s'agissait que d'un vulgaire insecte à écraser. Et moi, j'étais là, impuissant, figé par ma propre incapacité à agir.

La haine que j'éprouvais pour lui me brûlait de l'intérieur, mais elle était désormais accompagnée d'un dégoût profond pour moi-même. Comment avais-je pu croire que j'avais la force de l'arrêter ? Que je pouvais sauver qui que ce soit ? La réalité était claire : je n'étais qu'un échec, un obstacle sur son chemin, rien de plus. Et maintenant, le royaume allait sombrer dans le chaos, sans roi pour le guider, sans espoir pour le sauver. Les larmes que je refusais de verser brouillaient ma vue, mais je ne pouvais pas me permettre de pleurer, pas maintenant. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de me demander : à quoi bon lutter encore ? Qu'est-ce qu'il me restait à défendre, à espérer ? Je n'avais plus rien, rien sauf cette haine brûlante et ce désespoir glacial.

Je sentis mes forces me quitter, mon corps s'affaissant davantage sur le sol. Le monde autour de moi semblait se rétrécir, devenir flou et lointain. Peut-être que je devrais juste me laisser aller, abandonner cette lutte qui n'avait plus de sens.

Mais une petite voix, quelque part au fond de moi, refusait d'abandonner. Une part de moi, aussi infime soit-elle, voulait encore croire qu'il restait quelque chose à sauver, qu'il restait encore une chance, aussi mince soit-elle. Avec une lenteur presque douloureuse, je forçai mon corps à se redresser. Mes jambes tremblaient sous moi, mon souffle était saccadé, mais je me levai, refusant de céder totalement à la défaite. Thorn était peut-être plus fort que moi, mais tant que je serais en vie, je ne le laisserais pas détruire ce qui restait de ce royaume. Pas sans me battre, pas sans essayer encore.

Le roi était mort, et sa perte pesait sur moi comme un fardeau insupportable. Mais il y avait encore des vies à sauver, des personnes à protéger.

Pas à pas, j'avançai difficilement vers un immense escalier en colimaçon qui donnait sur le balcon pour faire des discours. Je devais au moins annoncer la triste nouvelle au peuple et essayer de leur insuffler un semblant d'espoir, bien que cela puisse sembler inutile.

Les murs du hall semblaient se resserrer autour de moi, leur froideur accentuée par le désespoir qui m'envahissait. Chaque marche que je gravissais était un défi contre ma propre lassitude, mais l'idée de rester là, de laisser les citoyens dans l'ignorance et la panique, était impensable. Ils méritaient de savoir la vérité, aussi dure soit-elle, et il me revenait de leur donner cette vérité avec dignité.

Lorsque j'atteignis enfin le balcon, je pris un moment pour observer la ville en contrebas. La lumière vacillante des torches illuminait les rues, mais la panique qui se répandait à nouveau était palpable même à distance. Les cris, les pleurs, et les murmures anxieux formaient un chœur désordonné que l'air chargé d'émotion semblait absorber sans fin.

The angelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant