018 : Entre Deux Mondes

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Maintenant, J-1 à Cannes

- Promets de nous appeler dès ta nomination par le futur gérant de ton cabinet, me dit Papa, un sourire fier éclairant son visage.

Je hoche la tête, un sourire esquissé sur mes lèvres.

- Bien sûr, Papa. Vous serez les premiers au courant.

Judith me serre la main, son regard empreint de tendresse mais aussi d'une légère inquiétude.

- Laisse-la tranquille, intervient Judith en me prenant dans ses bras. J'espère de tout cœur que tu deviendras associée comme prévu et que tu seras heureuse, me murmure-t-elle.

Aujourd'hui marque mon grand retour à Paris, après ces quelques jours de repos bien mérités passés ici, dans le sud. J'avais besoin de cette pause, de m'éloigner de mon rôle d'avocate, de cette vie à cent à l'heure, et de retrouver un peu de sérénité auprès de ma famille. Ces moments, aussi simples qu'ils puissent paraître, m'ont fait un bien fou.

- Merci, Judith. C'est ce que je veux aussi, murmuré-je en retour.

Alors que je m'éloigne, valise en main, je l'aperçois. Léa se tient près de ma voiture, les bras croisés, avec ce petit sourire malicieux qu'elle réserve aux moments où elle veut se montrer forte.

- Viens ici, grande sœur, dit-elle en riant, sa voix trahissant une pointe d'émotion.

Je m'approche d'elle et la prends dans mes bras. Elle me serre fort, trop fort même, et je devine qu'elle retient ses larmes ou s'apprête à me demander quelque chose. Son étreinte me réchauffe le cœur, mais je sens aussi qu'elle a quelque chose sur le bout des lèvres. Après quelques secondes de silence, elle finit par chuchoter :

- Tu sais, ce n'est pas grave si tu n'as pas vu Julien... Je ne dirai rien à personne. Je garderai le secret, promis.

Je reste un moment interdite, surprise par ses paroles. Léa a toujours eu ce don pour lire en moi comme dans un livre ouvert. Je la serre un peu plus fort, reconnaissante pour sa compréhension sans jugement.

- Merci, Léa... Mais tu sais, ça va. C'est mieux comme ça, dis-je en essayant de garder ma voix stable.

Elle recule légèrement, son regard planté dans le mien, cherchant à s'assurer que je vais vraiment bien. Puis, avec une légèreté feinte, elle essuie discrètement une larme au coin de son œil.

- Allez, file ! me lance-t-elle avec un sourire qui se veut encourageant.

Je lui rends son sourire, reconnaissant tout le soutien que ma petite sœur m'offre à sa manière. Alors que je monte dans la voiture, je me dis que parfois, les liens familiaux sont les seuls à pouvoir apporter ce réconfort silencieux dont on a besoin. Léa me fait un dernier signe de la main, et je démarre en sachant que, malgré la distance, elle sera toujours là pour moi, gardant mes secrets et veillant sur moi, à sa manière.

Quelques heures plus tard sur la route,

J'avais complètement oublié à quel point rentrer en voiture sur Paris pouvait être une galère, surtout quand il s'agit de traverser l'autoroute pour rejoindre la région parisienne. Entre les bouchons interminables et les conducteurs impatients, c'est un vrai défi. À peine deux heures sur la route, et déjà, je suis épuisée. Deux fois, j'ai failli avoir un accident à cause de chauffards qui pensaient qu'ils pouvaient me couper la route sans prévenir. Sérieusement, qui fait ça ? Ces moments me rappellent pourquoi j'évite autant que possible de prendre la voiture pour de longs trajets.

Actuellement, je suis garée sur le parking d'une aire de repos. J'ai besoin de souffler, de reprendre mes esprits avant de repartir. Assise dans ma voiture, je savoure un petit plat que Judith m'a préparé avant mon départ : un gratin de courgettes avec du riz, suivi d'un délicieux fraisier en dessert. Je m'étais presque habituée à ses talents culinaires en grandissant, mais après avoir vécu seule à Paris, j'avais oublié à quel point elle excelle en cuisine. Chaque bouchée est un vrai réconfort, comme un petit morceau de chez moi qui m'accompagne dans ce trajet éprouvant.

Hidden loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant