Don't let me Die

Don't let me die ~ Quinze

Je me précipite dehors, Emma me suit mais je lui somme de rester à la maison, d'aller voir Andrew.

- Tout ira bien ne t'en fais pas. Ça se trouve il est pas bien, Emma. Laisse moi aller voir comment il va, s'il te plaît. , la suppliais-je.
- Tu m'appelles. Si dans 1h tu n'es pas rentrée, on part tous à ta recherche et on prévient ton père en prime.
- Promis. À tout à l'heure.

Je cours pour retrouver Aaron dans le noir. Il n'était pas allé bien loin. Mais ma peur reprend le dessus, je reste loin derrière lui, silencieuse. Je n'ose pas m'approcher de lui. Il ne m'a pas entendu arriver. Nous marchons pendant à peu près dix minutes, je ne sais pas où il va comme ça. J'ai du mal à reconnaître le chemin. Il tourne dans une espèce de parc, je reconnais l'endroit. Pourquoi va-t-il tout seul dans un parc à une heure du matin? Il marche comme s'il était vide, comme s'il n'avait aucun but. Peu après, on arrive à une espèce de pont, où un lac se poursuit en dessous. Il est sur le pont, le regard rivé sur l'eau qui s'écoule en dessous de lui.

- Pourquoi tu m'as suivi..? , finit-il par dire.

Je sursaute, je ne pensais pas qu'il m'avait remarqué. Je regarde autour de moi et il pose son regard meurtri sur moi, toujours ruisselant de pluie.

- Tu n'aurais pas dû me suivre..
- Pou-pourquoi tu es là? Qu'est ce que tu vas faire?
- Tout arrêter.. Il est temps..
- Ne dis pas n'importe quoi. Tu ne mérites pas un tel sort Aaron. , répondais-je en prenant un peu plus d'assurance.

Je m'avance et me place à ses côtés. Il ne me fera pas de mal. Je ne sens aucune aura meurtrière à ce moment même. J'ai juste l'impression d'être au côté de quelqu'un d'absent.

- Je t'ai fais mal, Katrina. Je t'ai blessé. Et je t'ai effrayé. Je l'ai vu dans ton regard. Pourquoi j'ai fais ça? Pourquoi à ton avis je n'ai personne dans ma vie? Pourquoi à ton avis ma mère me déteste et voudrait me voir mort? Tu sais , quand je t'ai manipulé pour aller chercher les médocs, je me suis persuadé moi même que j'étais malade. Puis un autre côté de mon cerveau s'est persuadé lui même que non , en fait je ne l'étais pas. Puis quand je suis rentré chez moi , je suis retombé sur mon dossier médical affirmant bien que, oui, je suis schizophrène. Je ne sais même plus ce qui est faux et ce qui est réel.. , dit-il la voix tremblante tout en me regardant dans les yeux.
- S'il te plaît..
- J'ai tué ma petite sœur. Elle n'avait que 4 ans. Ça s'est passé il y'a cinq ans. Elle jouait dans le jardin, toute contente car il y'avait du soleil. Mon père avait monté la balançoire pour elle deux mois avant, juste le jour avant qu'il ne meurt. Bref, Rachelle, ma petite sœur, jouait à la balançoire. Je faisais une crise dans ma chambre, je la regardais avec une envie de la tuer. Ces voix.. elles me disaient de l'étrangler. De la tuer de sang froid.

J'avale ma salive difficilement. J'ignore si j'ai envie de savoir ses révélations. J'ignore totalement. Je sais juste que je suis tétanisée. Je n'arrive plus à bouger, c'est horrible. Il me raconte cela avec une telle douleur dans sa voix.

- Je suis descendu. Je lui ai dis de monter sur la balançoire et j'ai enroulé les cordes, les cordes autour de son cou.. Elle n'arrivait plus à respirer. Elle me suppliait du regard. Elle murmurait mon prénom. Elle agonisait. Et moi j'enroulais encore plus la corde, complètement en transe. Je savais que ce que je faisais était mal. J'avais tellement mal au cœur de ne pas avoir le contrôle sur moi-même à ce moment là. Ma mère est arrivé, elle a hurlé lorsqu'elle a vu son regard ensanglanté, sa bouche ouverte et son corps raide mort pendu par la corde de la balançoire..

Je ne répond rien, la seul chose qui se manifeste sont mes larmes. Je reste toujours autant tétanisée par ses aveux. Pourquoi m'en parle-t-il à moi?

- Ma mère me hait. Elle aimerait que je dégage de sa vie. J'ai 20 ans, je pourrais dégager. Mais je ne veux pas la laisser toute seule.. en fait , non. C'est moi qui ne veut pas rester seul. Car je n'ai déjà rien dans ma vie. J'ai tout perdu ce jour là. Je suis mort ce jour là en tuant ma soeur. Et j'ai envie d'une seule chose, une seule chose.. mourir une seconde fois et pour de bon.. , dit-il en détournant son visage ensanglanté du mien et en se redressant, les mains accrochées à la rambarde du pont.
- Ne fais pas ça Aaron, s'il te plaît..
- Tu ne devrais même pas être là Katrina.
- Je tiens à toi.
- Tu tiens à moi? Toi? Tu tiens à moi? Tu me déteste Katrina. Tu me haïs même. Ce n'est qu'un fantasme que tu as à mon égard. Car je représente la mort, je représente le chaos. Ce qui est finalement tout ce que tu as connu dans ta vie. Donc tu t'accroches à ce que tu connais déjà. Mais je ne te ferais que sombrer encore plus. Je suis néfaste pour tout le monde, pour toi comme pour moi. Tu ne tiens pas à moi. Tu as pitié de moi.
- Écoute, je.. je ne sais pas si je tiens à toi Aaron mais il y'a bien une chose à laquelle je tiens actuellement. C'est à ce que tu restes en vie, je t'en prie. Je ne te laisserai pas faire. , affirmais-je.

Il me fixe avec mépris et dans un élan, saute pour passer par dessus la rambarde. Je hurle et me rue vers lui pour le retenir. Il passe par dessus la rambarde. Il tombe. Je me jette pour lui tendre la main. Je l'attrape. Je chute également. Le bruit sourd de nos deux corps dans l'eau brise le silence de la nuit. Et d'un coup, je sens la mort frôler ma nuque légèrement. Le froid me prend , je ne sais pas nager. J'ai l'impression que mes os se font manger par le froid de l'eau.

- Katrina ! Putain, non ! , crie Aaron.

Il nage vers moi, me prend par la taille, et essaie de nager jusqu'au rivage, tant bien que mal. Mais par manque de force, il me lache. L'eau me submerge, je ne vois que la lune qui illumine le ciel. C'est la mort que je ressens? Je me sens encore une fois prise par Aaron, qui me hisse tant bien que mal sur la rive. Je tousse et l'aide à remonter aussi. Il s'allonge à mes côtés et sa respiration me semble très irrégulière. Je fronce les sourcils, pose ma main sur son torse et son ventre et sens un liquide visqueux sous mes doigts.

- Aaron? Aaron tu t'es blessé? , soufflais-je en me redressant difficilement, complètement essoufflée et faible.
- C'est rien.. ça va aller..

Je ne vois rien, et la substance visqueuse ne me rassure pas du tout. Je tâte un petit peu, ce qui lui vaut des gémissements de douleur. J'arrive jusqu'à quelque chose de dur qui sort de son flanc droit. Un bout de bois. Je panique et jure. Je cherche tout autour de moi dans la pénombre, mon téléphone même si je sais qu'il y'a peu de chance qu'il ai survécu à cette baignade nocturne.

- Aaron, écoute moi, ça va aller. Je.. j'essaie de trouver mon téléphone, je ne le trouve pas. Putain Aaron..
- Katrina.. arrête s'il te plaît.. laisse moi partir.. le monde se portera tellement mieux sans moi..
- Arrête, tu ne peux pas dire ça.. , commençais-je à pleurer.
- Je suis désolée de t'avoir fait du mal..
- Aaron, non.. AU SECOURS !! , hurlais-je dans la nuit noire, en sanglot.

J'enlève ma veste en cuir et le couvre avec. On m'a toujours appris à ne pas enlever les objets qui transpercent un corps sinon il y'a un gros risque d'hémorragie. Je ne peux pas le laisser tout seul, je ne peux pas partir à la recherche de quelqu'un, je ne saurais même pas par où partir et je ne saurais pas comment le retrouver. Et s'il mourrait si je n'étais plus là? Que fais-je là maintenant? Putain je me déteste, je panique je ne devrais pas. Je ne sais pas gérer cette situation.

- Aaron..? Tu es encore là..? , sanglotais-je.
- ...
- Aaron.. je t'en prie , répond..
- Oui.. je suis.. là.. , me répond-t-il faiblement.
- Il faut que je trouve quelqu'un, il faut qu'on vienne t'aider..
- Non.. ça ne sert à rien.. en plus tu vas te perdre.. Tu n'as pas le sens de l'orientation.. tu nous l'as prouvé en sport..

Je lâche un petit rire, tout en essuyant mon nez qui coule et en regardant autour de moi. Il sourit mais pousse un cri de douleur en voulant réajuster sa position au sol. Ma main sur sa plaie , je sens le sang s'écouler encore énormément.

- Ne bouge pas.. AU SECOURS JE VOUS EN PRIE..!!
- KATRINA !! KATRINA OÙ ES-TU ?! , crie une voix au loin.

La voix d'Andrew. Je n'ai jamais été plus heureuse de le voir. Je me redresse et continue de hurler pour qu'il puisse repérer ma position. J'entend du bruit dans les feuillages, puis il apparaît, complètement paniqué.

- Il faut que tu appelles une ambulance Andrew je t'en supplie..!
- Putain qu'est ce qu'il s'est passé..? , dit-il en allumant son flash.

Il découvre le bout de bois planté dans le flanc d'Aaron et jure tout en composant le numéro des ambulanciers.

- Ça va aller Aaron.. ça va aller.. , le rassurais-je.

Andrew enlève sa veste et la met sur mes épaules, pour me couvrir le temps que les ambulances arrivent. Je sens que ses membres se raidissent à cause de la douleur. Je prie pour qu'il s'en sorte, je m'en voudrais énormément de ne pas avoir pu le sauver. Maman , je t'en prie.. fait qu'il s'en sorte.. Maman..